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Jeter son smartphone, une pratique qui appartient au passé

L'Union européenne fait pression sur les fabricants pour améliorer la réparabilité des téléphones portables. KEYSTONE/PETER SCHNEIDER sda-ats

(Keystone-ATS) Un nombre croissant de consommateurs préfèrent désormais utiliser plus longtemps ou réutiliser leurs appareils électroniques plutôt que de les mettre au rebut. La pression politique augmente sur les fabricants pour améliorer la réparabilité des produits.

Dans un contexte de ressources coûteuses et de montée en puissance de l’écologie politique, la thématique est marquée aujourd’hui par plusieurs journées internationales: le 14 octobre dernier marquait celle des déchets électroniques. Deux jours plus tard, le 16 octobre, les alternatives à la mise au rebut ont été célébrées lors de la “Journée internationale de la réparation”.

Selon le rapport des Nations-Unies, “E-Waste Monitor”(http://ewastemonitor.info/), publié en 2020, chaque habitant d’Europe occidentale a généré plus de 16 kilos de déchets électroniques en 2019. La Journée des déchets électroniques invite à en collecter la plus grand quantité possible, à les déchiqueter et à en recycler une partie.

Bonne élève en la matière, la Suisse a traité en 2020 130’000 tonnes de déchets électriques, dont plus de 40’000 tonnes d’électronique. Pas moins de 900’000 téléphones portables ont pour la plupart fini leur vie dans des déchiqueteurs.

Nouvelles règles dès 2023

À l’occasion de la Journée des déchets électroniques de cette année, le forum européen de la filière du traitement des déchets électriques et électroniques (https://weee-forum.org) et des organisations regroupant des fabricants de téléphones portables ont démontré dans une étude qu’il est possible de passer à un système d’économie circulaire. Toutefois, les produits doivent être conçus dès le départ pour être réutilisables. Ceux présentant des défauts doivent pouvoir être réparés, alors que ceux devenus obsolètes doivent pouvoir être réutilisés.

L’Union européenne (UE) fait également pression sur les fabricants. Une nouvelle réglementation sur la conception des téléphones portables doit ainsi entrer en vigueur dès 2023. Celle-ci comporte principalement des dispositions relatives à la durabilité et à la réparabilité.

Les fabricants seront alors tenus de fournir des mises à jour logicielles pour leurs téléphones pendant cinq ans. Aujourd’hui, des smartphones sont parfois jetés au bout de trois ans seulement parce que leurs fabricants refusent de combler les nouvelles failles de sécurité.

L’explosion des “repair cafés”

Les fabricants devront aussi fournir des pièces de rechange pour leurs smartphones pendant cinq ans ainsi que les instructions de réparation. Une nouvelle réglementation réjouissante pour les quelque 170 “repair cafés” (repair-cafe.ch) que compte la Suisse.

Lors de la Journée la réparation du 16 octobre dernier, ces centres à but non lucratif ont remis en état plus de 700 appareils et évité deux bonnes tonnes de déchets électriques.

La décision finale incombe aux consommateurs, lesquels peuvent favoriser des produits durables lors de leurs décisions d’achat. Mais dans la pratique, il leur est difficile de trouver des informations sur l’écologie dans les brochures publicitaires des fabricants.

Pression aussi en Suisse

La France a mis en place un “indice de réparabilité” pour les appareils électroniques (www.indicereparabilite.fr). Sur la base d’une évaluation approfondie, des notes de 1 à 10 sont attribuées. Alors que le Fairphone 4, connu pour son écologie, obtient un score de 9,3, l’iPhone 13, plus cher, doit se contenter d’un score de 6,2. Le concurrent Samsung obtient un score de 8,6 avec son Galaxy A52 à bas prix.

Une pression politique en ce sens existe également en Suisse. Une motion déposée au Conseil national a ainsi demandé la prolongation de la période de garantie des appareils de deux à cinq ans.

Les opérateurs téléphoniques mais aussi les magasins vendant des téléphones mobiles s’engagent également de plus en plus en faveur d’une durée de vie plus longue de ces appareils. Il est ainsi possible d’acheter des téléphones mobiles d’occasion avec garantie de différentes marques sur le site www.get-jusit.ch.

Même les téléphones portables invendables en Suisse peuvent encore apporter quelque utilité. Dans le cadre de son action “Mobile Aid” (https://www.swisscom.ch/fr/about/nachhaltigkeit/mobile-aid.html), Swisscom collecte d’anciens appareils pour en faire don à des organisations d’entraide.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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