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Kenya: la justice annule la fermeture du camp de réfugiés de Dadaab

Complexe tentaculaire, Dadaab est situé près de la frontière avec la Somalie. Il abrite actuellement quelque 256'000 réfugiés, en très grande majorité des Somaliens ayant fui depuis 1991 la guerre civile, les exactions des islamistes radicaux et des sécheresses à répétition (archives). KEYSTONE/AP MoMA/BRENDAN BANNON sda-ats

(Keystone-ATS) La Haute Cour du Kenya a déclaré jeudi “nulle et non avenue” la décision du gouvernement de fermer le camp de réfugiés de Dadaab et de renvoyer dans leur pays les réfugiés somaliens. Il s’agit du plus grand camp de réfugiés au monde.

“La décision du gouvernement de viser spécifiquement les réfugiés somaliens constitue un acte de persécution d’un groupe, est illégale, discriminatoire et donc anticonstitutionnelle”, a déclaré le juge John Mativo. Selon lui, le gouvernement viole ses obligations au regard du droit international, en ordonnant le rapatriement de réfugiés somaliens.

Le juge se prononçait sur une plainte déposée par la Commission nationale kényane des droits de l’Homme (KNCHR) et l’ONG kényane Kituo Cha Sheria. Nairobi peut faire appel de cette décision.

Humanitaires pris de court

Le Kenya avait pris de court les réfugiés, les agences humanitaires, l’ONU et les partenaires occidentaux du Kenya en annonçant le 6 mai 2016 sa décision de fermer Dadaab.

Il avait initialement annoncé vouloir fermer le camp fin novembre 2016, mais avait repoussé cette fermeture au 21 mai 2017 à la suite d’une requête du Haut-Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés (HCR) et sur fond d’accusations de retours forcés de réfugiés somaliens. Ces derniers veulent, dans leur grande majorité, rester au Kenya.

Complexe tentaculaire, Dadaab est situé près de la frontière avec la Somalie. Il abrite actuellement quelque 256’000 réfugiés, en très grande majorité des Somaliens ayant fui depuis 1991 la guerre civile, les exactions des islamistes radicaux et des sécheresses à répétition.

Pour justifier sa décision, le gouvernement kényan avait mis en avant la sécurité nationale. Il avait assuré, sans en fournir la preuve, que c’est là qu’avaient été planifiées les attaques des islamistes somaliens shebab contre le centre commercial Westgate à Nairobi en 2013 et l’université de Garissa (nord-est) en 2015.

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