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L’étranger et le vivant: deux mots pour guider la saison 2016-2017

Etranger et vivant, deux mots pour guider la troisième saison de Vincent Baudriller, directeur du Théâtre de Vidy à Lausanne (archives). KEYSTONE/CHRISTIAN BRUN sda-ats

(Keystone-ATS) “Heureux d’être ici”, Vincent Baudriller a présenté mardi la première partie de la saison 2016-2017 du Théâtre de Vidy. Vingt-deux spectacles, dont dix créés et répétés au bord du lac, sont au programme.

Avec 79-80% de taux de fréquentation durant la saison qui s’achève, le directeur du Théâtre de Vidy ne cache pas sa satisfaction: il y a “une dynamique positive alors que le comportement des spectateurs change beaucoup. Ils deviennent de plus en plus réactifs.”

La part des cartes d’adhérent à Vidy a baissé au fil du temps, passant de 50 à 35%. Le public se décide autrement. Le spectacle sur Fassbinder a commencé par exemple très bas, avec une fréquentation de 35% pour terminer à 90% au moins.

Changements d’habitude

Pour un artiste très présent sur les réseaux sociaux comme Vincent Macaigne, cela signifie l’affluence d’un public inhabituel au théâtre, plus jeune, a raconté le directeur de Vidy lors de la conférence de presse. “Des gens qu’on ne voit pas” en général: aujourd’hui ça va très vite. Le théâtre doit prendre en compte ces changements. Faut-il inventer autre chose que la carte d’adhérent, s’est demandé Vincent Baudriller.

Pour sa troisième saison, le directeur des lieux a mis en exergue deux mots: étranger et vivant. Deux mots qui signifient “l’ouverture” du théâtre, l’écho aux bouleversements du monde comme les flux migratoires, “l’ADN de l’humanité”, selon Vincent Baudriller. L’affiche en témoigne déjà, avec cette photographie de Christian Lutz montrant un réfugié sri-lankais, un bras plâtré, sous un drapeau suisse dans le val Verzasca.

Ce qui est enfoui

Illustration de cet entrelacement des thématiques et des époques, “Nathan le Sage” de Lessing mis en scène par Nicolas Stemann. L’idéal de tolérance et de fraternité prôné par l’auteur est contrebalancé par “Crassier”, drame secondaire d’Elfriede Jelinek qui montre “ce qui est enfoui, ce que l’on cache”, a expliqué Vincent Baudriller, en se référant notamment aux attentats contre Charlie Hebdo et aux polémiques qui ont suivi.

Réflexion et interrogation sur le vivant suivront avec “Nachlass” de Stefan Kaegi et Dominic Huber, un théâtre documentaire qui se penche cette fois sur la mort. Il n’y aura pas d’acteur, mais un dispositif immersif, où chaque spectateur va “projeter beaucoup” quand il entrera dans une pièce vide pour découvrir et écouter des témoignages, des récits. “C’est assez bouleversant”, lâche Vincent Baudriller.

Crise des réfugiés

Milo Rau, “grand artiste suisse d’aujourd’hui”, présentera “Empire” qui conclut sa trilogie sur l’Europe. Avec des acteurs grecs, kurdes, roumains, l’attention se portera cette fois sur les migrants, vers le Moyen-Orient et l’Afrique, et la crise en Grèce.

Autre localisation, autre auteur, mais thématique proche. Massimo Furlan a conçu “Hospitalités” avec Kristof Hiriart. Un village du Pays basque voit le prix de l’immobilier grimper à cause de l’achat des maisons comme résidences secondaires, au grand dam de ses propres habitants. Et si l’on invitait des réfugiés dans ce village, ce qui ferait baisser les prix ? La fiction va rejoindre la réalité.

Nus sur scène

A signaler encore “69 positions” et “7 pleasures” de la chorégraphe danoise Mette Ingvartsen qui s’interroge sur le corps et la nudité, “Celui qui tombe” de Yoann Bourgeois, “Rouge décanté” du Flamand Guy Cassiers (spectacle en français), “Yoshtoyoshto” projet “un peu halluciné” de Franz Treichler, Peter Mettler et Jeremy Narby ou encore “En manque” de Vincent Macaigne.

programme complet sur www.vidy.ch

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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