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L’alpiniste Erhard Loretan devant ses juges

La mort du fils d'un homme aussi connu a sensibilisé le public. Keystone Archive

Le Fribourgeois est jugé mardi à Bulle pour homicide par négligence. En décembre 2001, il avait provoqué le décès de son bébé de sept mois en le secouant.

Ce tragique accident avait mis en évidence le syndrome, encore mal connu, du bébé secoué (SES).

Erhard Loretan s’occupait seul de son enfant, le 24 décembre 2001. Selon ses propres déclarations, excédé par les pleurs prolongés de son bébé, il a perdu patience.

Après l’avoir secoué, il a remis l’enfant au lit. Puis, il est sorti de la chambre.

Constatant que son bébé ne pleurait plus, il est revenu sur ses pas. Et l’a alors secoué une seconde fois pour tenter de le réanimer.

L’enfant ne réagissant pas, Erhard Loretan a fait appel aux urgences. Le bébé a été héliporté à l’Hôpital de l’Ile à Berne, où il est décédé moins de vingt-quatre heures plus tard.

«Il faut faire de la prévention»

La mort du nourrisson a tout de suite été fortement médiatisée. Début janvier 2002, l’alpiniste a donné son accord au juge d’instruction pour la communication de son identité à la presse.

«Il faut faire de la prévention sur les risques du ‘babyshake’, avait-t-il alors lancé. Les médecins m’ont expliqué les dangers de mon geste. Si j’en avais été conscient avant, je n’aurais jamais agi ainsi.»

D’après l’ordonnance renvoyant Erhard Loretan devant un tribunal pénal, quelques semaines avant l’incident fatal, l’alpiniste avait déjà secoué son bébé une première fois.

Une prise de conscience

«L’affaire Loretan a eu une influence positive pour la prise de conscience de la gravité du syndrome de l’enfant secoué», explique Silvia Krebs, responsable de la fondation Enfance et violence.

La mort du fils d’un homme aussi connu qu’Erhard Loretan a incontestablement sensibilisé le public à la gravité du sujet. A la suite du drame, différents efforts ont été faits pour informer la population.

La vidéo et la brochure réalisées par la fondation Enfance et violence ont suscité un grand intérêt. La brochure vient d’ailleurs d’être traduite en serbo-croate et en albanais.

Un syndrome mal connu

Les pédiatres sont confrontés depuis longtemps au syndrome de l’enfant secoué. Mais il s’agit d’une forme encore mal connue de maltraitance infantile.

Selon une étude de la Clinique universitaire de Zurich, on recenserait une trentaine de cas de bébés secoués par an, en Suisse.

«Un bébé qui pleure – pendant des heures parfois – est une source de stress énorme pour les parents, spécialement pour les jeunes parents», commente le médecin-chef de la Clinique de Zurich.

Selon Ulrich Lips, le plus souvent, les parents ne sont pas conscients des conséquences de leur acte.

Des conséquences dramatiques pourtant: 10% à 20% des enfants en meurent. Et 75% en gardent des séquelles.

A noter enfin que, selon les dernières études sur la question, dans les trois quarts des cas, les coupables sont des hommes. Et, pour des raisons inconnues, les garçons sont plus touchés par le syndrome que les filles.

swissinfo et les agences

En Suisse, on recense environ 30 cas de SES par an
10% à 20% des bébés concernés en meurent
75% en gardent des séquelles

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