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L’improbable union Vaud-Genève

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Les citoyens des cantons de Vaud et de Genève se prononcent dimanche sur une double initiative qui vise la fusion des deux cantons. Une première suisse.

L’heure de vérité a sonné pour le projet de fusion des deux cantons lémaniques. Déposées en 1999, les deux initiatives jumelles affrontent en effet le verdict des urnes.

Ce scrutin porte précisément sur la création d’une assemblée constituante de 100 membres, à raison de 50 par cantons. Avec comme objectif de rédiger en moins de quatre ans le projet de constitution d’un canton commun.

Le risque d’un arrêt de mort

Le vote de dimanche n’est donc que la première étape d’un long processus d’unification. Mais il risque surtout d’en signer l’arrêt de mort.

Personne, en effet, ne croit réellement aux chances de succès de cette double initiative qui ne jouit d’aucun soutien institutionnel. Les Parlements et les gouvernements des deux cantons ont en effet voté contre le projet.

Quant aux partis, seuls les radicaux à Genève et les démocrates-chrétiens dans le canton de Vaud appellent à voter oui ce dimanche. Les autres formations recommandent le non ou laissent la liberté de vote.

Un long chemin parcouru

Prudent, le mouvement «Union Vaud-Genève» considère, lui, que plus de 20% de votes favorables à son projet serait déjà un succès. Le mouvement souligne également que la tenue même de ce scrutin est une première victoire.

«L’idée de l’union a fait un chemin considérable», souligne son principal promoteur, François Cherix. Et de rappeler les sarcasmes et les rires qui se sont abattus sur l’ancien conseiller d’Etat vaudois Philippe Pidoux lorsqu’il a lancé en 1997 l’idée de la fusion.

Quoi qu’il en soit, les auteurs de la double initiative estiment aller dans le sens de l’Histoire. Leur horizon est une Suisse divisée en six grandes régions qui prendrait la place des 26 cantons actuels. Une nouvelle répartition qui permettrait de mieux répondre aux défis nés de la mondialisation et de rationaliser le travail de l’administration.

Pourtant, force est de constater que les autres projets de fusion intercantonale sont tous au point mort ou ont été abandonnés. C’est le cas du regroupement des cantons de Suisse centrale. Des petits cantons qui ont pourtant de nombreux points communs.

Rallumer des clivages disparus

Un temps envisagé, la réunification des demi-cantons de Bâle-Ville et Bâle-Campagne a également été abandonnée.

Pour Nicolas Schmitt, juriste à l’Institut du fédéralisme, le remodelage des frontières confédérales se heurte en effet à quantités d’obstacles. Ils sont de nature politique, juridique ou identitaire.

Nicolas Schmitt estime même que la création d’une Suisse des régions serait grosse de danger: «Cela risquerait de rallumer des clivages que l’on croyait disparus entre romands et alémaniques ou entre catholiques et protestants».

Les partisans de l’union Vaud-Genève ne peuvent pas non plus se réclamer d’un exemple européen. «Les deux Etats fédéraux de l’Union européenne – l’Allemagne et l’Autriche – n’ont jamais modifié leur länder. En Allemagne, cet objectif est pourtant inscrit dans la constitution».

swissinfo/Frédéric Burnand à Genève

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