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L’USS réclame des hausses de salaires, malgré le franc fort

(Keystone-ATS) Au vu de la bonne marche des affaires dans la plupart des entreprises malgré le franc fort, les travailleurs de Suisse méritent une augmentation de salaire l’an prochain, selon l’USS. La hausse doit aller jusqu’à 1,5% et revenir à l’ensemble des employés.

Pas question de minimiser l’impact négatif du franc fort sur certaines entreprises, s’est défendu Paul Rechsteiner, président de l’Union syndicale suisse (USS), mercredi devant les médias à Berne. “Le franc fort est, certes, un casse-tête pour certaines branches”, concède de son côté Vania Alleva, présidente du syndicat Unia. “Mais des hausses décentes sont nécessaires et possibles”.

Hormis les branches exportatrices, plus exposées aux effets de change, les récentes enquêtes conjoncturelles du KOF auprès des entreprises témoignent d’une “évolution robuste de l’économie intérieure”, ajoute Daniel Lampart, premier secrétaire de l’USS. Et la tendance globale est à la reprise au niveau mondial.

Et le président de Syndicom, Alain Carrupt, d’ajouter que “grâce au renchérissement négatif et au niveau bas des taux d’intérêt, toutes les entreprises bénéficient d’une marge de manoeuvre suffisante pour augmenter les salaires”.

“Pour les prochaines négociations salariales, ce sont a priori là des signaux positifs”, relève Paul Rechsteiner. “Vu l’évolution économique et les gains de productivité, pareille hausse est, toutes différences entre branches et entreprises confondues, clairement justifiée”.

Ancienneté pas récompensée

Les revenus n’ont pourtant pas suivi la progression de la productivité. Celle-ci a augmenté de 11% ces dix dernières années, alors que les salaires n’ont crû en moyenne que de 8%, compte tenu du renchérissement. Un écart plus visible chez les employés qui ont plus de vingt ans d’ancienneté dans une entreprise, avec une hausse médiane de 2,7% du salaire réel durant cette période.

Les salariés dont le diplôme le plus élevé est le CFC d’apprentissage ont aussi connu une évolution plus faible de leurs revenus (+3%), relève Daniel Lampart, chiffres de l’Office fédéral de la statistique (OFS) à l’appui. Alors que dans le même temps, les salaires des cadres supérieurs ont augmenté de 12%.

Dans ce contexte, l’organisation syndicale demande que la hausse jusqu’à 1,5% soit généralisée. “Si tel n’est pas le cas, les bas et moyens revenus ne bougeront pas”, avec le risque de péjorer le pouvoir d’achat de ceux qui “portent l’économie”, insiste Paul Rechsteiner.

Hausse des primes maladie et des loyers

D’autant plus que les primes d’assurance maladie devraient encore augmenter en 2016. Quant aux loyers, la tendance est aussi à la hausse. Deux postes qui représentent une part très importante des dépenses d’un ménage à faible revenu, rappelle Vania Alleva.

Les hausses réclamées varient “en fonction des possibilités financières et du besoin d’agir dans la branche”, précise Daniel Lampart. La construction est ainsi particulièrement visée, affichant “un exercice record” l’an dernier, alors que les salaires ont stagné voire diminué sur les chantiers. Les syndicats réclament une hausse générale de 1,5% dans ce secteur et de 1% dans le second-oeuvre.

Récompenser les caissières

A l’inverse, les revendications sont plus ciblées dans le commerce de détail, mis à mal par le contexte de change actuel, en raison du tourisme d’achat. Unia demande que les hausses de 1% reviennent en priorité aux employés – souvent des femmes – dont les salaires restent bas “malgré une vaste expérience professionnelle”, relève Vania Alleva.

Dans la chimie-pharmaceutique, des hausses de 120 francs par mois sont exigées. Dans les machines, les équipements électriques et les métaux (MEM), ce sont 80 francs mensuels supplémentaires qui sont requis. Enfin, l’industrie dans son ensemble devrait réexaminer les salaires féminins et encourager la relève avec des salaires de référence et un 13e salaire pour les apprentis.

Dans le domaine de la sécurité privée, Unia demande une hausse de 1% des salaires minimums des employés à temps partiel et des auxiliaires avec au moins trois ans d’expérience.

“Dividendes” des médias

Même revendication pour le secteur des transports. A ce propos, Alain Carrupt rappelle que les CFF ont déjà fixé des augmentations individuelles de 0,8% jusqu’en 2020. Idem pour La Poste avec une hausse de 0,6% et un versement unique de 400 francs. Dans les télécommunications, l’augmentation doit être de 1% chez Swisscom, le reste de la branche emboîtant généralement le pas au géant bleu.

Le président de Syndicom demande en outre une augmentation d’au moins 100 francs mensuels dans les grandes entreprises de médias. “Elles enregistrent des gains exceptionnels qui devraient être reversés aux salariés sous forme d’authentique dividende”.

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