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La course Sierre-Zinal et les autres

Des conditions que les coureurs et marcheurs n'ont pas connu cette année. www.sierre-zinal.com (Adriana Claude)

A pied, à ski ou à vélo, les courses de montagne font recette. Mais toutes ne suscitent pas le même engouement.

C’est une petite révolution qu’a connu ce dimanche la course Sierre-Zinal. Pour la première fois depuis 28 ans, son parcours a dû être raccourci de moitié en raison de la météo.

Le retour inattendu de la neige en altitude rend le chemin trop dangereux, selon les organisateurs. La deuxième partie du parcours, située entre 2300 et 2450 mètres d’altitude, est recouverte de 25 à 30 cm de neige.

Selon l’organisateur de la course Jean-Claude Pont, «il aurait été irresponsable d’envoyer les coureurs sur le tracé initial», long de 31 km et empruntant des sentiers caillouteux et étroits.

La course s’arrête donc exceptionnellement cette année à Chandolin (2000 m). Mais malgré ce contre-coup, les organisateurs de la manifestation gardent la même passion qu’il y a 29 ans.

Multiplication des compétitions

«Notre budget ne dépasse pas les 250 000 francs, explique Jean-Claude Pont. «Mais nous bénéficions d’une équipe de bénévoles qui accomplit environ 7000 heures de travail par année.»

Et d’ajouter, «il nous arrive même de refuser encore l’aide de personnes qui souhaiteraient travailler avec nous».

Globalement, la réputation de Sierre-Zinal est toujours intacte. Mais, si elle reste une référence, la grande classique des courses populaires ne connaît plus l’engouement d’antan.

«Il est vrai que nous avons enregistré jusqu’à 3’500 participants dans les années 1990, explique Jean-Claude Pont. Mais les épreuves de montagnes se sont multipliées. Et les nouvelles disciplines comme le VTT ont également glané de nombreux adeptes.»

L’embarras du choix

En d’autres termes, les amateurs de courses de montagne ont désormais l’embarras du choix. Pour preuve, cette année encore, plusieurs nouvelles épreuves se sont inscrites au calendrier déjà chargé: le marathon de Zermatt, le «Gigathlon» ou encore la course internationale de Gondo, pour ne citer que quelques exemples.

Bref, jamais la montagne et les épreuves d’endurance ne se sont mieux portées. «Les gens ont besoin d’aventure pour échapper au stress quotidien», souligne Claude Défago, organisateur du Tour des Dents du Midi.

«A défaut de pouvoir s’offrir un tour du monde, ils se payent un vélo ou une paire de baskets et se lancent dans les marathons.» La montagne, dit-il, «c’est notre «transat» à nous».

Le désir de repousser ses limites personnelles, le plaisir de partager une expérience exceptionnelle avec d’autres adeptes de l’effort, sans oublier l’espoir de croiser une poignée de sportifs d’élite. Autant d’élément qui font le succès des courses populaires, qu’elles se pratiquent à pied, à vélo ou sur lattes.

Le vent en poupe

Reste que toutes les compétitions ne suscitent plus le même engouement. A l’instar de Sierre-Zinal, certaines courses perdent du terrain. Alors que d’autres ont visiblement le vent en poupe. Parmi elles, la patrouille des Glaciers. Les dernières éditions de cette épreuve de ski-alpinisme ont en effet laissé plusieurs centaines d’équipes sur le carreau.

Idem pour le Grand-Raid VTT qui a dû limiter le nombre de ses candidats depuis 1995. Pour sa 13e édition, le 25 août, ce sont donc les habituels 4000 concurrents qui rouleront une nouvelle fois entre Verbier et Grimentz.

Le Marathon de la Jungfrau est lui aussi littéralement submergé. Pour sa 10ème édition cet automne, les organisateurs ont d’ailleurs prévu deux et non pas une course comme à l’accoutumé. L’occasion pour quelque7000 participants de se lancer sur les pentes des Alpes bernoises.

Le succès du Marathon de la Jungfrau

Mais quelle est donc la recette de ce succès? «Nous avons l’avantage de proposer un marathon classique, soit 42 km, dans une région touristique mondialement connue, explique Heinz Schild, fondateur du Marathon de la Jungfrau. D’ailleurs, 50% des participants sont des coureurs étranger.»

Une situation qui n’a pas manqué d’attirer les sponsors. Aujourd’hui, le budget du Marathon de la Jungfrau avoisine le million de francs. Et cette épreuve d’endurance est l’une des rares à offrir 50’000 francs de prix dont 10’000 pour le seul gagnant.

Le Grand-Raid VTT bénéficie lui-aussi de sponsors de choix et d’un budget conséquent. Moins prodigue en matière de prix, les organisateurs misent avant tout sur la communication.

«Nous n’adressons pas moins de 5 mailings par année à nos concurrents», explique Pierre Colson, membre de l’organisation du Grand-Raid. «Et, faute de pouvoir changer le parcours, chaque année, nous faisons la promotion de l’un ou de l’autre des aspects de la course.»

Les vertus du sponsoring

Et ça paye. 60% des compétiteurs sont suisses. Les autres viennent de 24 pays différents. En clair, promotion, marketing et sponsoring sont autant d’éléments porteurs même lorsqu’il s’agit d’organiser une course populaire.

«Dans un contexte où la concurrence est toujours plus rude, seules les courses qui ne nécessitent pas beaucoup de moyens et les grandes compétitions parfaitement organisées ont de bonnes chances de survivre», affirme Heinz Schild.

Et de conclure, «les épreuves de moyennes importances, elles, n’attirent plus les sponsors. Alors qu’il faut toujours plus d’argent pour assurer l’organisation et la sécurité des courses».

swissinfo/Vanda Janka

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