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La culture n’est pas otage de la politique

Pascal Couchepin regrette que le PRD ait perdu le contact avec les créateurs. Keystone Archive

Pascal Couchepin, ministre de la Culture, a estimé que l’Etat doit être mécène et non sponsor lors d'un séminaire organisé par le Parti radical.

A la veille d’un débat aux Chambres sur la loi sur l’encouragement à la culture, ce séminaire a permis aux radicaux d’adopter une résolution.

La culture ne doit pas être mise au service de visées politiciennes. Alors que la polémique autour de l’exposition Hirschhorn à Paris est encore dans tous les esprits, le Parti radical (PRD) et le Parti libéral ont rappelé que l’Etat doit se contenter de garantir la liberté artistique.

Samedi à Zurich, un séminaire intitulé «Culture d’Etat versus liberté artistique», à réuni une centaine de participants, dont l’écrivain Adolf Muschg.

Radicaux et libéraux ont souligné qu’une culture libre constituait un élément central de toute société éclairée. L’Etat ne doit pas définir ce qu’est l’art ou ce qu’il n’est pas. Il doit se borner à créer des conditions-cadre pour que la culture puisse se développer en toute liberté.

L’affaire Hirschhorn en filigranne

Le communiqué précise que «les récents débats engagés autour de la politique culturelle heurtent de front les idéaux radicaux-libéraux. Que ce soit dans le cadre de la discussion budgétaire ou par le biais de polémiques médiatiques orchestrées à grand renfort de communication, les velléités de prendre la culture en otage sont inadmissibles.»

Pour mémoire, les remous suscités en décembre dernier par l’exposition de l’artiste suisse Thomas Hirschhorn au Centre culturel suisse de Paris avait entraîné une coupe d’un million de francs au budget 2005 de Pro Helvetia, la fondation pour la culture.

A la veille d’un débat aux Chambres fédérales consacré à la loi sur l’encouragement à la culture, les radicaux et les libéraux ont adopté une résolution à l’attention de leurs comités directeurs respectifs.

Tout en réaffirmant le rôle subsidiaire de la Confédération, la résolution plaide pour «une politique plus franche de soutien à la demande», afin d’améliorer la fréquentation des espaces culturels.

Si l’indépendance de Pro Helvetia doit être préservée, les missions des institutions chargées de promouvoir la culture doivent être clarifiées.

Mécène et non sponsor

Parallèlement, dans un entretien publié samedi par le quotidien bernois Der Bund, le ministre de la culture Pascal Couchepin, qui participait également au séminaire, a plaidé pour que l’Etat soutienne la culture à titre de mécène et non de sponsor.

«La culture doit exister pour elle-même et non être au service de la politique ou de l’économie», estime-t-il.

Pascal Couchepin a réaffirmé la nécessité d’agir plus sur la demande culturelle que sur la production: «un bon citoyen est celui qui s’intéresse aux questions culturelles», a-t-il déclaré.

Il souhaite donc intéresser davantage de Suisses à la culture. L’offre a explosé ces dernières années, or seule la moitié de la population en profite. «Si cette proportion augmentait de cinq ou dix pour cent, il y aurait plus d’argent pour la culture.»

Regrettant de même que le PRD ait perdu le contact avec les créateurs, le ministre de la culture a relevé que son parti était pourtant le partenaire naturel de la culture.

swissinfo et les agences

«Culture d’Etat versus liberté artistique?», tel est le titre du séminaire organisé par le Parti radical samedi à Zurich.

A la veille d’un débat aux Chambres fédérales sur la loi sur l’encouragement à la culture, radicaux et libéraux ont adopté une résolution à l’attention de leurs comités directeurs.

– Au cœur du débat, l’exposition de Thomas Hirschhorn au Centre culturel Suisse de Paris. L’artiste bernois y a attaqué le ministre Christoph Blocher et son part de la droite dure, l’Union démocratique du centre.

– L’expo montrant un comédien urinant sur une photo ressemblant à celle de Christoph Blocher a mis le monde politique en émoi.

– Les députés ont raboté 180’000 au budget de Pro Helvetia, la fondation pour la culture organisatrice de l’exposition.

– Puis les sénateurs ont maintenu leur coupe de un million sur les 34 millions prévus pour 2005.

– L’exposition Swiss-Swiss Democracy a eu une affluence record de près de 30’000 visiteurs, trois fois plus que les expositions précédentes.

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