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La dépouille de l’ex-roi de Burundi retrouve la paix à Meyrin (GE)

La Princesse Esther Kamatari rend hommage à son oncle, l'ex-roi du Burundi Mwambutsa IV, ce vendredi 30 juin 2017 au Cimetiere de Feuillasse à Meyrin (GE). KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) Après cinq ans de bataille juridique, la dépouille de l’ex-roi du Burundi Mwambutsa IV a été réinhumée vendredi au cimetière de Meyrin (GE). La cérémonie s’est déroulée dans l’intimité et sous surveillance.

Des mesures de sécurité ont été prises, car jusqu’au dernier moment une partie de la famille du monarque a tenté d’annuler cette réinhumation. Cet ultime épisode montre à quel point le combat mené par la nièce du roi, la princesse Esther Kamatari, pour que la dépouille reste à Meyrin a été acharné.

Très émue vendredi au moment de déposer une rose blanche sur le cercueil de son oncle, la princesse lui a souhaité “une paix éternelle”. Esther Kamatari, qui a vécu au palais pendant son enfance, a rappelé la générosité du roi qui invitait les enfants du quartier au cinéma.

L’avocat Pacelli Ndikumana a souligné le profond attachement de Mwambutsa IV pour la culture et la foi burundaises. C’était un homme tourné vers la modernité qui n’a jamais aliéné sa culture, a-t-il relevé. L’avocat a insisté sur “la vérité historique” à rétablir pour réhabiliter la mémoire du roi qui a oeuvré pour l’indépendance du Burundi proclamée en 1962.

Exil en Suisse

Renversé en 1966 après 50 ans de règne, Mwambutsa IV a obtenu l’asile en Suisse, où il est mort en 1977. Dans son testament, il demandait à ne jamais être transporté au Burundi. Il voulait reposer au cimetière de Meyrin, la commune où il a vécu avec sa compagne. Cette dernière, qui réside encore à Genève, avait fait déposer une couronne. Souffrante, elle n’a pas pu assister à la cérémonie.

En 2012, la fille du défunt, soutenue par le gouvernement du Burundi, a fait exhumer la dépouille pour la rapatrier au Burundi afin d’organiser des funérailles nationales. Le pays étant soumis à de fortes tensions, les funérailles auraient permis de mettre en oeuvre un processus d’apaisement et de réconciliation au sein de la population, selon les autorités burundaises.

Emplacement initial

Mais la nièce, qui réside à Paris, s’y est opposée au nom des dernières volontés de son oncle. Le différend a fini devant la justice genevoise. Après cinq ans de saga juridique, pendant lesquels la dépouille a reposé à la morgue sous scellés, c’est finalement le Tribunal fédéral qui a tranché en mai: la dépouille doit rester au cimetière de Meyrin.

Vendredi, le cercueil a retrouvé son emplacement initial. La concession est désormais au nom de la nièce évitant ainsi tout risque d’exhumation. Une association a été créée pour protéger la mémoire du roi et récolter des fonds. Il est prévu que la dépouille soit transférée dans le tombeau de famille de sa compagne, toujours à Meyrin.

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