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La droite et la gauche s’affronteront lors d’un second tour en Colombie

"Vous pouvez avoir la certitude que nous allons gagner, que l'histoire de la Colombie peut être changée", a lancé Gustavo Petro. Devant ses partisans euphoriques après les résultats, il a estimé que "maintenant oui, le pluralisme peut être un des axes de la démocratie". KEYSTONE/AP/JUAN MANUEL BARRERO sda-ats

(Keystone-ATS) Le champion de la droite dure, opposée à l’accord de paix avec l’ex-guérilla Farc, est arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle dimanche en Colombie. Il devra en affronter un second face au candidat d’une gauche anti-système.

Dans un pays émergeant de plus d’un demi-siècle de conflit armé et où la droite règne depuis toujours, son candidat Ivan Duque, 41 ans, novice en politique, a été talonné par Gustavo Petro, 58 ans, ancien maire de Bogota, détaché des partis traditionnels. Tous deux se retrouveront le 17 juin pour un face-à-face inédit en Colombie où la gauche minoritaire souffrait jusque-là de la violente lutte des guérillas pour le pouvoir.

Dans ce nouveau panorama, Ivan Duque n’a pas réussi à répéter les prouesses de son mentor, l’ex-président Alvaro Uribe (2002-2010) élu deux fois dès le premier tour. Le jeune champion de la droite a remporté 39,14% des voix, devançant Gustavo Petro, ex-militant de la rébellion du M-19 dissoute, à 25,08%. Dans un pays où habituellement plus d’un électeur sur deux ne vote pas, l’abstention n’a été que de 47%.

“Vous pouvez avoir la certitude que nous allons gagner, que l’histoire de la Colombie peut être changée”, a lancé le premier candidat de gauche à parvenir aussi loin dans une course présidentielle. Devant ses partisans euphoriques après les résultats, Gustavo Petro a estimé que “maintenant oui, le pluralisme peut être un des axes de la démocratie”.

L’accord de paix en jeu

S’exprimant ensuite, Ivan Duque a appelé de ses voeux “une Colombie où la paix coïncide avec la justice”, en réitérant sa volonté de réviser – sans le “déchiqueter” – le pacte avec la Farc, qu’il juge laxiste envers les ex-guérilleros exemptés de prison s’ils admettent leurs crimes.

Le premier tour “montre l’importance qu’a encore l’uribisme”, a déclaré à l’AFP l’analyste Andrés Macias, de l’Université Externado. “La polarisation va être évidente au second tour”, a-t-il ajouté, jugeant “difficile de savoir où iront les voix” des autres candidats, en particulier du centriste Sergio Fajardo, troisième avec 23,76%.

Le président sortant Juan Manuel Santos, 66 ans, s’était réjoui dans la journée de ces “élections les plus sûres” depuis des décennies, pour lesquelles quelque 36 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes. Selon l’autorité électorale, le scrutin a été “totalement normal”.

Après deux mandats depuis 2010, le chef d’Etat de centre droit ne peut se représenter. La consolidation de la paix, fragilisée par des retards dans l’application de l’accord, dépendra donc de son successeur.

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