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La plupart des détenus étrangers sont gardés à l’ombre

La plupart des détenus étrangers n'ont pas de permis de séjour. Keystone

Selon une étude réalisée par des chercheurs bernois, les prisonniers étrangers représentent environ les quatre cinquièmes de la population carcérale helvétique.

Le fait que les Suisses et les étrangers qui résident légalement dans le pays purgent de plus en plus souvent leurs peines en milieu ouvert explique cette situation.

Selon l’étude réalisée par des chercheurs de l’Université de Berne, les étrangers sont en effet généralement gardés en milieux fermé.

D’abord, parce qu’ils présentent un plus grand danger de fuite. Ensuite, parce que la plupart sont de toutes façons renvoyés dans leur pays d’origine après l’exécution de leurs peines.

L’étude a été réalisée dans le cadre du Programme national de recherche 51, «Intégration et exclusion».

Elle se base sur des enquêtes menées de 2003 à 2005 dans deux des sept établissements pénitentiaires fermés de Suisse, en l’occurrence ceux de Thorberg et d’Hindelbank .

La composition très variée de la population carcérale et les problèmes qui en découlent ont aussi intéressé les chercheurs de l’Université de Berne.

Ainsi, il apparaît que les détenus étrangers ne sont que rarement originaires des pays voisins de la Suisse. Les femmes proviennent surtout d’Amérique latine et les hommes d’Europe du sud-est.

Par ailleurs, la plupart de ces prisonniers-là ne disposaient pas de permis de séjour ou d’établissement avant leur incarcération.

Réinsertion quasiment impossible

Autre conclusion de l’étude: le fait de rester enfermés prétérite la réinsertion des étrangers, un droit pourtant inscrit dans la loi.

«D’une part, expliquent les chercheurs, il n’y a pas de une réinsertion progressive possible par le biais de sorties ou d’un travail à l’extérieur de la prison. D’autre part, ajoutent-ils, il est pratiquement impossible de soutenir une réinsertion dans le pays d’origine.»

Par conséquent, note l’étude, on privilégie généralement l’intégration à la vie pénitentiaire.

Certes, les condamnés se voient offrir du travail, ou des formations scolaire ou professionnelle. Mais ces efforts se heurtent très souvent à des problèmes de communication.

Pour améliorer la situation, les chercheurs proposent différentes solutions, dont l’intervention d’interprètes et l’implication des établissements pénitentiaires dans des programmes de retour.

L’étude préconise enfin une planification de l’exécution de la peine de chaque détenu afin de préparer «judicieusement» son retour à la liberté.

swissinfo et les agences

– La proportion d’étrangers dans les prisons tend à augmenter dans la plupart des pays européens.

– La Suisse, avec une proportion nettement au-dessus de la moitié, est un des pays ayant le plus d’étrangers dans ses geôles.

– La part des étrangers varie beaucoup selon le type d’incarcération.

– En raison d’un risque de fuite jugé élevé, les étrangers qui n’avaient pas de permis de séjour au moment de leur arrestation sont en général gardés en milieu fermé.

– C’est la raison principale qui explique cette surreprésentation des étrangers dans le prisons suisses.

Entre 2002 et 2005, le nombre des détenus dans les prisons suisses est passé de 5000 à 6111.
La part des étrangers est de 65%, plus 6% de détenus en vue d’extradition ou d’expulsion.
La proportion des femmes est stable, à 5%.
Le taux de détenus par rapport à la population a augmenté de 12% depuis 2003.
La Suisse compte 83 détenus pour 100’000 habitants, soit moins que la moyenne européenne.

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