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La politique d’asile autrichienne montrée du doigt par le HCR

La longue file des migrants en direction de l'Autriche il y a un an (archives) KEYSTONE/APA/ROLAND SCHLAGER sda-ats

(Keystone-ATS) Le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés s’est alarmé mercredi de la possible suspension du droit d’asile en Autriche. Il réagissait après la présentation par le gouvernement d’un projet de “décret d’urgence” permettant de bloquer les migrants aux frontières.

“Le décret d’urgence prévu briserait un tabou”, s’est alarmé le HCR dans un communiqué publié à Vienne. L’organisation souligne craindre que “d’autres pays européens ne suivent l’exemple de l’Autriche” avec pour conséquence un accès “toujours plus difficile” à l’asile sur le continent.

Le projet de décret autrichien prévoit la possibilité de refouler les migrants aux frontières sans leur offrir la possibilité de déposer une demande d’asile. Cette disposition pourrait s’appliquer pendant une durée de jusqu’à 2 ans.

Après avoir accueilli 90’000 demandeurs d’asile en 2015, soit plus de 1% de sa population, l’un des taux les plus élevés d’Europe, l’Autriche a plafonné à 37’500 le nombre de nouveaux migrants qu’elle est prête à accueillir cette année.

Le projet de décret d’urgence relève que ce plafond sera bientôt atteint et que le pays arrive à ses limites en termes d’accueil. Le texte souligne en outre que “l’arrivée d’un nombre inhabituellement élevé de demandeurs d’asile représente un énorme défi pour la sécurité publique”.

Classe politique divisée

Fruit de laborieuses tractations sur fond de poussée du parti d’extrême droite FPÖ, dont le candidat Norbert Hofer aspire à être élu à la présidence de l’Autriche le 2 octobre prochain, le texte divise toutefois encore la grande coalition gauche-droite au pouvoir.

Le chancelier social-démocrate Christian Kern souhaite que le décret ne soit activé qu’une fois le plafond de migrants atteint. Le parti chrétien-démocrate (ÖVP) exige, lui, qu’il le soit à titre préventif.

Fervent partisan de ce texte, le ministre de l’Intérieur Wolfgang Sobotka (ÖVP) est resté évasif mercredi sur les modalités concrètes de sa mise en pratique, a fortiori si les pays voisins de l’Autriche, notamment la Hongrie, refusaient de réadmettre les migrants refoulés. “On verra”, a-t-il déclaré à la radio publique.

L’Autriche a enregistré quelque 25’000 demandes d’asile depuis début 2016 et en comptabilise de 100 à 150 nouvelles par jour, selon le ministère de l’Intérieur. A ce rythme, le plafond pourrait être atteint en novembre ou décembre. La loi prévoit cependant l’accueil de jusqu’à 30’000 demandeurs d’asile supplémentaires en 2017.

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