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La Suisse veut être prête pour faire face à la menace

Le ministre de la défense Guy Parmelin doit défendre le nouveau rapport sur la politique de sécurité (archives). KEYSTONE/PETER KLAUNZER sda-ats

(Keystone-ATS) Les menaces sécuritaires qui guettent la Suisse sont plus complexes, plus fortement interconnectées et plus opaques qu’auparavant. Dans un rapport adopté mercredi, le Conseil fédéral expose comment y répondre. Le défi est grand mais aucune révolution n’est prévue.

Le rapport sur la politique de sécurité, qui est soumis au Parlement, se veut une “base solide” pour la discussion et la prise de décision. De nombreuses critiques avaient été formulées lors de la consultation. Pour y répondre, plusieurs passages, comme celui traitant des migrations, ont été adaptés.

Sans remettre en cause le fond du document, il s’est agi d’être plus complet, plus long et plus détaillé. Le but du rapport est de fixer des grandes lignes, a souligné le ministre de la défense Guy Parmelin devant la presse. On ne peut pas surréagir après un attentat et changer complètement le système, selon lui.

Le Vaudois s’est toutefois demandé s’il ne fallait pas abandonner la pratique d’un rapport tous les 5 à 6 ans au profit de documents à plus court terme, plus concis et plus prospectifs. Mais il y aura aussi un risque plus grand de se tromper dans les prévisions, a-t-il noté.

Détérioration

Par rapport au dernier rapport de 2010, la situation s’est clairement détériorée, a constaté le conseiller fédéral. Les relations entre la Russie et l’Occident se sont durablement refroidies. Le terrorisme a pris de nouvelles dimensions avec l’entrée en scène de Daech.

La cybermenace dépasse de loin tout ce qui pouvait être prévisible. Latente, elle peut avoir des conséquences potentiellement graves pour la Suisse. La combinaison et l’enchaînement des menaces représente en outre un nouveau défi.

Trois piliers

La stratégie du Conseil fédéral passe par trois concepts clé: coopération, indépendance et engagement. “Il n’y a rien de révolutionnaire”, a reconnu Guy Parmelin.

Le rapport souligne que les instruments de la politique de sécurité doivent être adaptés périodiquement. Les principales décisions ont été prises.

Rayon service de renseignement, le Conseil fédéral mise sur la nouvelle loi en votation le 25 septembre qui offrira davantage de moyens d’agir. Il rappelle que les effectifs ont été renforcés et vont encore l’être. “À l’heure actuelle, il n’est pas nécessaire d’envisager des réformes juridiques dépassant ce cadre”.

Côté militaire, le gouvernement met en avant la toute récente réforme qui doit encore être mise en oeuvre. L’armée doit rester polyvalente pour affronter toutes les menaces: attaque armée, terrorisme, catastrophes naturelles, pénurie, a commenté le ministre de la défense.

Armement

Des décisions devront encore être prises ces prochaines années sur un renouvellement des principaux systèmes d’armes (avions de combat, défense aérienne sol-air, artillerie) et de certains pans de la télématique. “Si ce plan peut se concrétiser comme prévu, l’armée sera prête pour le futur”.

Une coopération accrue avec d’autres États ou dans un cadre multilatéral est incontournable mais, en parallèle, des efforts sont consentis pour disposer d’une base technologique et industrielle nationale compétitive.

La protection civile doit notamment être optimisée et son profil étendu dans les domaines de la logistique et de la protection ABC. Sa disponibilité opérationnelle, son autonomie et sa mobilité doivent aussi être augmentées.

Police

Côté police, une participation à des instruments disponibles au niveau international est essentielle. Le cas échéant, il s’agira d’utiliser les données des passagers des compagnies aériennes pour lutter contre le terrorisme et d’autres formes de la grande criminalité. Des mesures sont aussi à l’étude pour endiguer et reconnaître les voyages à motivation terroriste.

Il est en outre prévu de renforcer la coopération entre les autorités policières de tous les niveaux par une nouvelle convention administrative. Un nouvel état-major de conduite, dirigé par des professionnels, devrait être créé pour coordonner les travaux lors de grands événements intercantonaux et servir d’interlocuteur central aux autorités policières.

Rayon exportations d’armes, il faudra continuer à prendre en compte des obligations internationales de la Suisse, les principes de sa politique étrangère et des exigences de la défense nationale.

Enfin, il s’agira d’optimiser l’engagement de moyens au sein des douanes et des gardes-frontières, dont le rôle a gagné en importance. Une harmonisation des formes de coopération avec les cantons s’impose.

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