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La vente de chars pour l’Irak sur le balan

L'avenir des 180 M113 helvétiques demeure incertain. Keystone

Le gouvernement suspend la décision prise en juin qui permettait la livraison de 180 chars de transport de troupes M 113 à l'Irak, via les Emirats arabes unis.

Cette vente controversée demeure donc incertaine, dans l’attente de garanties sur l’usage strictement civil de ces véhicules.

Le Conseil fédéral (gouvernement) a revu sa position à la demande du Département de l’économie (DFE), en charge du dossier, qui veut éclaircir les questions encore ouvertes concernant la nécessité de cette vente et l’utilisation des chars, indique Oswald Sigg, porte-parole du gouvernement.

Le 16 août dernier, Joseph Deiss, patron dudit DFE, avait fait savoir que la livraison n’aurait pas lieu sans garantie sur leur utilisation en Irak.

Le conseiller fédéral avait demandé au Secrétariat d’Etat à l’économie (seco) de s’assurer que ces engins «serviront exclusivement à la mise en place de véritables services de police, de protection des frontières et de transport de matériel».

Ces vérifications doivent encore se poursuivre, indique Othmar Wyss, responsable pour le seco du contrôle des exportations d’armes et des sanctions. Le seco va également examiner des «informations selon lesquelles l’Irak ne serait plus vraiment intéressé» par les chars, ajoute Othmar Wyss.

Satisfaction socialiste

Mercredi, le Parti socialiste (PS) s’est félicité de la suspension de la vente. Son président Hans-Jürg Fehr a même estimé dans un communiqué qu’elle n’aura «sans aucun doute» pas lieu.

Le PS a par ailleurs annoncé qu’il allait évoquer dès jeudi la question des ventes d’armes à la Corée du Sud, au Pakistan et à l’Inde, lors de la séance de la commission de gestion (CdG) du Conseil national (chambre basse).

La commission de politique de sécurité du Conseil national s’était pour sa part penchée sur le dossier de la vente des chars aux Emirats arabes Unis la semaine dernière.

Cette commission avait renoncé, par 13 contre 10 et 2 abstentions, à adopter une déclaration demandant au gouvernement de revenir sur son aval. Le PS avait alors fait savoir qu’il pourrait déposer une plainte devant la commission de gestion.

Aval donné à fin juin

Les 180 chars M113 provenant des surplus de l’armée suisse, d’une valeur de douze millions de francs, doivent être achetés par les Emirats arabes unis. Ces derniers ont déjà indiqué qu’ils les offriront à l’Irak.

Le gouvernement suisse avait donné son aval à cette livraison fin juin. Selon lui, il n’y avait pas de problème éthique, puisque les chars serviraient à protéger les forces de sécurité irakiennes, cible quotidienne de la guérilla.

De plus, cette exportation ne contrevient pas aux mesures d’embargo international. Le gouvernement estimait aussi qu’il est dans l’intérêt de la Suisse que la situation en Irak se stabilise.

Cela n’a pas suffi. Le fait que la Suisse, pays neutre, puisse livrer des chars en Irak a suscité de gros remous dans l’opinion suisse et au sein du Parlement fédéral.

Polémique politique

Le Parti socialiste a interprété ce feu vert comme un virage à 180 degrés de la politique menée jusqu’ici par la Suisse en matière d’exportation de matériel de guerre.

L’Union démocratique du centre (UDC / droite dure) a estimé pour sa part que la neutralité du pays était menacée. Les partis radicaux (PRD / centre droit) et démocrates-chrétiens (PDC / centre) ont en revanche soutenu la décision du Conseil fédéral.

Après les attentats de Londres en juillet dernier, la polémique au sein de la population achoppait principalement sur la crainte que la livraison de matériel militaire à l’Irak ne fasse de la Suisse une cible du terrorisme islamiste.

swissinfo et les agences

– En juin, sur demande du ministre de l’Economie Joseph Deiss, le gouvernement a donné son aval à la vente de 180 blindés de transport de troupes aux Emirats Arabes Unis qui les destinent à l’Irak.

– La décision a suscité des remous dans l’opinion. Un journal a découvert que le futur usage des blindés n’était pas clair.

– Selon la loi sur le matériel de guerre, le destinataire devra d’abord fournir des garanties pour que la livraison soit autorisée.

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