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La vente en ligne pour sauver les librairies

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Les librairies indépendantes de Suisse misent de plus en plus sur la vente en ligne de leurs produits pour redynamiser leur commerce.

Etablie à Genève, Ellipse a récemment lancé son nouveau site internet appelé à marcher sur les traces d’Amazon France en Suisse romande.

«Le marché du livre en Suisse n’est pas moribond», fait remarquer Gabriel Audemars, directeur d’Interforum Editis Suisse, sis à Fribourg et diffuseur de plus de 50 marques prestigieuses d’éditeurs francophones. «Mais il souffre.»

En Romandie, 32 librairies ont déjà fermé leurs portes ces deux dernières années. Dans la partie alémanique du pays, épargnée jusqu’à ce jour, la vague des faillites devrait couler prochainement un tiers des commerces de la branche, selon l’association des libraires et éditeurs suisses. Concernées: les petites librairies indépendantes.

En effet, la décision de la Commission de la concurrence (Comco) de proscrire fin mars l’accord de 1993 fixant le prix de revente des produits d’édition germanophones en Suisse (prix unique) servira vraisemblablement les intérêts des grandes chaînes, via une politique des prix cassés.

Le Fribourgeois approuve pourtant cette sentence. «L’accord profitait uniquement aux cartels, accuse-t-il. Maintenant, il s’agit d’édicter une loi qui protège les acheteurs et les acteurs de la branche du livre de toute la Suisse et non seulement d’une partie.»

Ellipse sur le champ de bataille virtuel

Optimiste, Gabriel Audemars l’est assurément. «L’intérêt manifesté par les Suisses lors des salons du livre est manifeste, se réjouit-il. La hausse des commandes d’ouvrages via le web l’est aussi.» De plus en plus de libraires proposent ainsi à leurs lecteurs un portail électronique avec possibilité de vente en ligne.

A l’exemple de la librairie indépendante genevoise Ellipse, spécialisée dans les domaines de l’informatique et des sciences et techniques, et qui n’hésite pas depuis le 31 mars 2005 à jouer dans la cour de ses grandes consoeurs en proposant un site généraliste comparable à celui d’Amazon France.

«Plus de 250 000 titres, tous domaines confondus, et 13 000 DVD en français sont disponibles, annonce fièrement son patron Philippe Merz. Par ce biais, nous espérons concurrencer les grands que sont Payot et la Fnac en Suisse romande.»

Sur le terrain, les 400 mètres carrés des locaux d’Ellipse à Genève ne permettent pas à ses six employés de rivaliser avec les onze succursales Payot et les quatre Fnac réparties sur l’ensemble du territoire romand.

La spécialisation pour survivre

Responsable de la librairie indépendante Les Yeux Fertiles à Lausanne, appréciée des milieux médicaux, Josiane Perret ne peut imaginer, elle non plus, un avenir sans vente en ligne. Ce d’autant plus que son commerce a justement pour voisins Payot et la Fnac.

«Une librairie moderne se doit de proposer cet outil à ses lecteurs pour survivre, affirme-t-elle. Cette librairie virtuelle, outre l’avantage de ne pas être soumise à un loyer, permet de toucher un nouveau public.»

Aujourd’hui, un peu moins de 10% des commandes des Yeux Fertiles – le même chiffre est articulé chez Ellipse – sont passées en ligne. «Nos clients online proviennent de tous les horizons, des milieux institutionnels aux privés, en passant par un public des régions périphériques du Jura, Valais et Tessin», reprend Josiane Perret.

A l’instar de son confrère genevois, la libraire lausannoise souhaite profiter de la vente en ligne pour diversifier son offre. «La hantise des librairies traditionnelles est le manque de place à disposition, explique Josiane Perret. Internet supprime cette restriction et nous permet d’être plus généraliste.»

Une profession en pleine mutation

Grandes chaînes d’un côté, proposant un large éventail de produits prisés du grand public (livres, DVD…), librairies indépendantes de l’autre, fortement spécialisées et/ou virtuelles, le panorama du livre en Suisse pourrait dans un proche avenir se restreindre à cette dichotomie.

Seule certitude, la profession a dû se plier aux nouvelles règles édictées par internet. Le libraire n’est plus le seul dépositaire de ce savoir livresque.

«Tout le monde a aujourd’hui accès aux banques de données, signale Philippe Merz. Notre rôle n’est plus le même qu’il y a dix ans. La majorité des personnes viennent nous voir uniquement pour demander conseil.»

swissinfo, Raphael Donzel

– La librairie indépendante genevoise Ellipse, fondée en 1984 et spécialisée dans les domaines de l’informatique et des sciences et techniques a été l’une des premières à ouvrir un site internet en 1995 avec possibilité d’acheter en ligne.

– Le 31 mars 2005, Ellipse a lancé sa nouvelle librairie virtuelle, la plus grande de Suisse romande, avec la ferme intention d’égaler Amazon France.

– Outre ses sections informatiques, logiciels et DVD qu’elle avait déjà développées, Ellipse propose dorénavant un répertoire généraliste (environ 250 000 livres en français).

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