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Lancement d’une banque asiatique pour “doper les investissements”

(Keystone-ATS) La Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (BAII) “dopera” les financements dans la région, a assuré samedi le président chinois lors de son lancement. La Suisse en est un des membres fondateurs.

“La BAII va doper efficacement les investissements pour développer des infrastructures en Asie. Elle contribuera aussi à orienter des ressources, en particulier des capitaux privés, dans ces projets”, a déclaré Xi Jinping lors de la fastueuse cérémonie de lancement à Pékin de cette nouvelle banque de développement.

La BAII, dont les statuts fondateurs ont été signés en juin, vise à financer des projets d’infrastructures en Asie, où les investissements font cruellement défaut. Sur ses 57 membres fondateurs, une vingtaine sont des pays occidentaux, dont la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni.

Participation suisse

La Suisse fait également partie des membres fondateurs, une décision approuvée par le Parlement lors de sa session de décembre. La part de capital de la Suisse dans cette banque atteindra 706,4 millions de dollars (690 millions de francs), versés en cinq tranches. Afin d’avoir plus de poids, la Confédération cherche également à être représentée au sein du conseil d’administration.

Le soutien helvétique s’inscrit dans le cadre de la politique de développement et de la politique économique extérieure, souligne le Conseil fédéral. La BAII devrait permettre de répondre aux importants besoins d’infrastructures en Asie.

De plus, le soutien précoce de la Suisse à la fondation de cette institution renforce les relations avec la Chine et les pays environnants. Il offre aussi de nouvelles opportunités aux entreprises suisses.

Contrepoids

Bien que Pékin s’en défende, la BAII –avec des pouvoirs de décision considérables accordés à la Chine– constitue de facto un contrepoids au contrôle exercé par les Etats-Unis sur la Banque mondiale et par le Japon sur la Banque asiatique de développement (BAD). Les trois organisations affichent cependant leur volonté de coopérer.

“Nous avons déjà commencé à identifier des projets de cofinancement possibles, dans des domaines comme les transports, les énergies renouvelables, l’urbanisme et les réseaux d’eau”, a indiqué la BAD samedi. “En raison d’idées différentes (sur la manière de mener des opérations), nous pouvons nous compléter l’un l’autre”, avait précédemment commenté son président, le Japonais Takehiko Nakao.

Refus de Washington et Tokyo

En revanche, Washington et Tokyo ont refusé ostensiblement de s’associer à la BAII. Elles ont dit s’inquiéter de possibles critères de gouvernance au rabais. Il y a également un risque que Pékin utilise cette nouvelle structure pour favoriser ses entreprises et servir ses propres intérêts géopolitiques.

La Chine cherche déjà activement à renforcer son influence diplomatique à travers l’Asie, et jusqu’en Europe, à coups d’investissements massifs dans le cadre de ce qu’elle appelle “de nouvelles routes de la Soie”.

“La BAII appartient à ses membres”, a cependant insisté M. Xi Jinping samedi. Il a vanté les efforts accomplis pour “s’assurer qu’elle devienne une institution dotée de critères élevés à tous égards, dans sa structure, ses opérations, sa politique d’attribution de marchés”.

Gouvernance économique mondiale

Alors que les pays émergents, Chine en tête, réclament un rôle accru dans les organisations financières multilatérales, la BAII “représente beaucoup pour la réforme du système de gouvernance économique mondiale (…) et contribuera à le rendre plus juste, équitable, efficace”, a lancé M. Xi.

Pékin avait déjà participé à la création d’une banque de développement propre aux Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) tout en lançant son propre “Fonds d’investissement des routes de la Soie” pour financer des projets en Asie centrale.

10 à 15 milliards

La BAII accordera entre 10 et 15 milliards de dollars de prêts par an durant ses premières années d’existence, avait annoncé en décembre son président élu Jin Liqun, un Chinois ayant travaillé auparavant pour la BAD et la Banque mondiale.

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