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Le candidat brésilien de gauche promet de réduire la violence

Le candidat Fernando Haddad (au centre) a été adoubé en début de semaine par l'ex-président incarcéré Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) pour le remplacer après l'invalidation de sa candidature. Il espère maintenant engranger les voix des partisans de son mentor. KEYSTONE/EPA EFE/MARCELO SAYAO sda-ats

(Keystone-ATS) Fernando Haddad, candidat de gauche à la présidentielle brésilienne, a fait campagne vendredi dans la favela de la Rocinha, la plus grande de Rio de Janeiro. Il a promis des mesures pour réduire la violence et le chômage.

“Nous allons renforcer certains effectifs policiers pour aider chaque Etat à remplir des objectifs concrets de diminution de la violence”, a expliqué le candidat adoubé en début de semaine par l’ex-président incarcéré Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) pour le remplacer après l’invalidation de sa candidature.

En déambulant dans les ruelles étroites aux fils électriques enchevêtrés, Fernando Haddad a notamment promis de coordonner la lutte contre les grandes factions de narcotrafiquants au niveau national pour permettre aux forces de l’ordre locales de se concentrer sur des missions de police de proximité.

À la Rocinha, une guerre entre gangs a semé la terreur des semaines durant il y a un an et les fusillades continuent à éclater régulièrement.

Projet-phare de Lula

Fernando Haddad, 55 ans, a également promis de reprendre une série de travaux d’infrastructure visant notamment à amener le tout-à-l’égout dans les favelas, où s’entassent environ un quart des habitants de Rio, dans des conditions de grande précarité.

Il s’agit du Programme d’accélération de la croissance (PAC), projet-phare du gouvernement Lula lancé en 2007, mais dont de nombreux chantiers ont dû être abandonnés par la suite par manque de moyens.

“La reprise de ces travaux va améliorer la qualité de vie (des habitants des favelas) et créer de l’emploi pour une jeunesse sans perspective”, a déclaré le candidat du Parti des Travailleurs (PT).

Des voix à convaincre

Mardi, Fernando Haddad, qui figurait sur le ticket de Lula en tant que candidat à la vice-présidence, a été désigné pour remplacer son mentor, déclaré inéligible en vertu de la condamnation en deuxième instance à 12 ans et un mois de corruption.

À trois semaines du premier tour du 7 octobre, il lui reste peu de temps pour faire campagne et puiser dans l’immense réservoir de voix de Lula, crédité de près de 40% des intentions de vote avant l’invalidation de sa candidature, le 1er septembre.

“Si c’était Lula, je n’hésiterais pas un instant. Mais avec Haddad, je ne sais pas encore”, a affirmé à Rocinha Diane Ildefonso, vendeuse de 27 ans. Un dernier sondage publié vendredi soir montre toutefois que le remplaçant de Lula est parvenu à engranger de nouvelles voix.

Battus au deuxième tour

Le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro consolide son avance au 1er tour avec 26% des intentions de vote (contre 24% en début de semaine). M. Haddad (13% contre 9%), se retrouve à la 2e place ex aequo avec le candidat de centre gauche Ciro Gomes (PDT)(13%, stable). Jair Bolsonaro souffre toutefois d’un taux de rejet très élevé, 44% des personnes interrogées assurant qu’elles ne voteraient jamais pour lui, contre 26% pour M. Haddad.

Toutefois, dans quasiment tous les cas de figure étudiés par l’institut Datafolha, MM. Bolsonaro et Haddad seraient battus au 2e tour par les autres grands candidats. Sauf dans une configuration Bolsonaro-Haddad où le premier battrait le second dans un duel très serré.

Le sondage confirme que l’ex-gouverneur de Sao Paulo, Geraldo Alckmin (PSDB, centre droit), est en difficulté (9%) en dépit d’un temps de campagne à la télévison très supérieur à tous ses concurrents. De même l’écologiste Marina Silva, en 5e position, n’obtient que 8%.

Présidentielle incertaine

Le sondage a une marge d’erreur de 2 points de pourcentage et a été réalisé auprès de 2820 personnes. Le Brésil organise les 7 et 28 octobre son élection présidentielle la plus incertaine depuis des décennies. Les marchés sont fébriles et la devise, le réal, a perdu plus de 20% depuis le début de l’année, baissant particulièrement ces derniers jours.

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