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Le CEO de Falcon Bank se mure dans le silence

Le procès de la Falcon Private Bank et de son ancien CEO a débuté ce lundi devant le Tribunal pénal fédéral (archives). KEYSTONE/TI-PRESS/PABLO GIANINAZZI sda-ats

(Keystone-ATS) Au premier jour de son procès devant le Tribunal pénal fédéral, l’ancien CEO de Falcon Private Bank a refusé de s’exprimer. Le dirigeant et l’établissement, en tant que personne morale, répondent de blanchiment aggravé.

“Pas de déclaration”, a répété l’ancien directeur face aux questions de la juge fédérale Sylvia Frei, qui préside la Cour des affaires pénale. Sur la recommandation de son avocat, il a fait usage de son droit à garder le silence. Comparaissant comme personne appelée à donner des renseignements, un représentant de Falcon Private Bank a répété le même mantra: “Pas de prise de position”.

Le Ministère public de la Confédération (MPC) reproche à l’accusé, qui aura 65 ans en octobre, d’avoir transféré des fonds totalisant 133 millions d’euros vers des sociétés en Suisse et à l’étranger entre janvier 2012 et février 2016. En outre, 61 millions auraient été versés au profit de Khadem Al Qubaisi, qui présidait la banque. Ces montants proviendraient du fonds souverain malaisien 1MDB.

Contrôle déficient

La banque zurichoise Falcon Private AG, qui s’appelait alors Falcon Private Bank AG, répond des mêmes faits que son CEO. Le MPC lui reproche en particulier d’avoir violé son devoir d’établir un système efficace de contrôle interne. Cette omission, qui a facilité les malversations de son directeur, lui vaut d’être aussi accusée de blanchiment aggravé. La comparution d’une banque est une première devant le Tribunal pénal fédéral.

A l’ouverture du procès, l’avocat du dirigeant a sévèrement critiqué l’acte d’accusation du MPC. Il a affirmé que le principe d’accusation était violé, en raison déjà des 244 notes de bas de page figurant au fil de ce document d’une cinquantaine de feuillets. Son client “doit être acquitté du seul fait de cette violation grossière”.

Le défenseur a aussi martelé que les droits de la défense et le principe inquisitoire avaient été piétinés dans cette procédure. Ces reproches ont été balayés d’entrée de cause par la cour.

Un absent de marque

Les débats reprendront mardi avec des auditions de témoins. Khadem Al Qubaisi aurait dû figurer parmi eux, mais un fax reçu par la cour laisse entendre qu’il sera absent. L’homme d’affaires émirati est accusé d’avoir utilisé l’argent détourné pour acheter des voitures de luxe et des immeubles.

La saisie de sa flotte de bolides à Genève en 2018 avait fait grand bruit. Al Quabaisi est considéré par le MPC comme coauteur des malversations et fait l’objet d’une procédure séparée.

Pour mener son enquête, le MPC s’est fondé notamment sur la procédure “d’enforcement” menée par l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) en 2016. Cette dernière a établi qu’un total de 3,8 milliards de dollars, en lien avec 1MDB, ont transité sur des comptes de la banque privée, souvent pour peu de temps.

Dans le cadre de l’affaire 1MDB, la FINMA a procédé à des clarifications auprès de plusieurs banques suisses. Outre Falcon, cinq autres établissements ont fait l’objet de procédures.

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