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Le Congrès américain échoue à trouver un compromis budgétaire

Pas de compromis au Congrès: un "shutdown", synonyme de chômage technique sans paie pour plus de 850'000 fonctionnaires, devrait débuter samedi à minuit. KEYSTONE/EPA/SHAWN THEW sda-ats

(Keystone-ATS) Le gouvernement fédéral se retrouve officiellement à court d’argent samedi après l’échec des négociations entre républicains et démocrates pour prolonger les financements nécessaires. Les Etats-Unis sont dans une situation de “shutdown”, la première fois depuis 2013.

Alors que la Chambre des représentants avait adopté jeudi une proposition de loi visant à prolonger le financement du gouvernement fédéral jusqu’au 16 février, le Sénat a voté à 50 voix pour et 49 contre, manquant de 10 voix la majorité qualifée de 60 pour que le texte passe.

A la suite de ce vote, Mitch McConnell, chef de file de la majorité républicaine au Sénat, et son homologue de la minorité démocrate Chuck Schumer se sont efforcés, en vain, de trouver une solution avant l’échéance de vendredi minuit sur la côte Est américaine (samedi à 06h00 en Suisse).

De ce fait, pour la première fois depuis 2013, le gouvernement fédéral va devoir fermer des dizaines d’agences à travers le pays et suspendre le versement des salaires de centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux dits “non-essentiels”.

Nouvelle réunion au Sénat

Les premiers effets du “shutdown” devraient surtout se faire sentir lundi. Les activités de nombreuses agences fédérales, comme les services fiscaux, seront réduites mais les services de sécurité seront globalement épargnés. Les 1,4 million de militaires américains poursuivront leurs opérations mais sans être payés.

Il était impossible de savoir combien de temps durerait cette nouvelle fermeture, les tractations entre les deux partis devant reprendre. Une nouvelle réunion du Sénat, destinée à adopter une extension du budget jusqu’au 8 février, était prévue samedi. Par ailleurs, le chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer a demandé au président de convoquer d’urgence une réunion à la Maison-Blanche avec les leaders des deux partis pour trouver un compromis.

Démocrates “responsables”

Dans un communiqué, la Maison Blanche a rendu les démocrates responsables de la situation, ajoutant qu’elle n’avait pas l’intention de négocier la réforme de l’immigration, qui était pourtant une condition sine qua non posée par les démocrates pour voter le prolongement des financements fédéraux.

“Nous ne négocierons pas le statut des immigrants illégaux tant que les démocrates tiennent en otage les citoyens avec leurs exigences irresponsables”, a ajouté la présidence.

“Ce soir, (les démocrates du Sénat) ont placé la politique au-dessus de notre sécurité nationale”, a indiqué Sarah Sanders, porte-parole du président Donald Trump.

Bien avant le vote, les démocrates, qui comptent 49 sièges au Sénat sur un total de 100, avaient annoncé vouloir trouver un accord sur l’immigration sous peine de ne pas voter pour cette loi de financement.

En septembre, l’administration Trump a annoncé l’abrogation du programme Daca (Deferred Action for Childhood Arrivals), qui protège des jeunes migrants clandestins, une suppression programmée pour début mars mais qui est à ce stade bloquée par la décision d’un juge de San Francisco.

“Trumpshutdown”

Grâce au programme Daca, instauré par l’ancien président Barack Obama en 2012, près de 700’000 jeunes gens, connus sous le nom de “Dreamers”, entrés illégalement sur le territoire américain avec leurs parents, sont protégés de toute expulsion des Etats-Unis et autorisés à travailler légalement.

Chuck Schumer a estimé que la responsabilité du “shutdown” incombait entièrement à Donald Trump, rappelant que ce dernier avait fermé la porte à une proposition bi-partisane au cours de la semaine. “Cela s’appellera le Trumpshutdown car personne ne mérite autant que le président Trump d’être jugé responsable de la situation dans laquelle nous nous trouvons”, a ajouté Chuck Schumer.

La situation identique en 2013, sous la présidence de Barack Obama, avait duré 16 jours. Même si, par le passé, les paralysies du gouvernement fédéral n’ont pas eu d’impact négatif durable sur l’économie, les intervenants de marchés financiers pourraient s’inquiéter si aucune perspective de solution n’était trouvée d’ici lundi.

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