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Le Conseil de sécurité égratigné par l’ONU sur la situation à Alep

Zeid Raad al-Hussein espère qu'Antonio Guterres affirmera le rôle de l'ONU face à un Conseil de sécurité divisé. KEYSTONE/EPA KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) Le Conseil de sécurité de l’ONU n’agit pas en faveur des “gens d’Alep-Est”. Le Haut Commissaire aux droits de l’homme a dit espérer mercredi à Genève que le prochain secrétaire général de l’ONU affirmera le rôle des Nations unies quand ses membres sont divisés.

Le prochain secrétaire général de l’ONU est véritablement “un champion des droits de l’homme”, a affirmé devant la presse Zeid Raad al-Hussein. Il veut oeuvrer avec lui face à l’absence d'”action collective qui pourrait sauver” les habitants de la partie orientale d’Alep assiégée. Surtout dans les situations où “les conséquences en matière de droits de l’homme sont assez considérables”.

Le Haut Commissaire souhaite toujours que les membres permanents du Conseil de sécurité suspendent d’eux-mêmes leur droit de veto lorsque de possibles crimes contre l’humanité sont observés. Selon lui, la France et la Grande-Bretagne sont favorables à ce scénario. Il attend des Etats-Unis, de la Chine et de la Russie un ralliement, tout en étant conscient “d’évidentes possibilités de revers” sur cette question.

Mais sa “préférence” est acquise à cette proposition plutôt qu’à celle de l’opposition syrienne de contourner le veto russe, même si des précédents avaient été appliqués lors de la Guerre de Corée ou dans certains cas contre Israël. Sur la première, l’Assemblée générale avait voté une résolution qui avait constaté le manquement du Conseil de sécurité à s’acquitter de ses responsabilités.

Yémen ou encore Burundi

M. Zeid avait ciblé récemment de manière accentuée des responsables politiques accusés de xénophobie ou de populisme et d'”exploiter” les craintes, évoquant notamment le candidat républicain à la présidence américaine Donald Trump. Des déclarations qui ont valu une plainte de la Russie auprès du secrétaire général Ban Ki-moon.

Des critiques désincarnées n’auraient été que de “peu d’utilité” et le Haut Commissaire souhaite continuer à s’exprimer lorsque de telles pratiques visent des groupes “vulnérables” comme les migrants. A propos de M. Trump, il répète avoir trouvé certaines de ses déclarations sur le recours à des violations des droits de l’homme “profondément inquiétantes”.

Le Haut Commissaire regrette également que le Conseil des droits de l’homme n’ait pas suivi son appel à un mécanisme d’investigations internationales au Yémen. Il demande à la coalition de “rendre publiques dès que possible” les conclusions de son enquête sur le bombardement de samedi dernier à Sanaa (plus de 140 morts).

Mais il reste persuadé du besoin d’une Commission internationale. M. Zeid a également évoqué près de 9300 arrestations au Burundi depuis le début des violences liées au processus électoral de 2015. Plus de 5000 personnes ont été libérées grâce à l’action du Haut Commissariat, a-t-il affirmé.

Appel à Bogota

Il appelle à nouveau le gouvernement burundais à collaborer avec son bureau. Cette situation constitue une “intense frustration pour tous les acteurs de l’ONU”. De même, M. Zeid met en garde contre une détérioration de la situation en République démocratique du Congo (RDC), également en lien avec le scrutin présidentiel qui a été reporté. “La population a assez souffert”, selon lui.

En Ethiopie, son bureau avait appelé à des investigations indépendantes sur les violences contre des manifestants dans la région d’Oromia. Il souhaite que ces meurtres soient clarifiés. M. Zeid se dit aussi inquiet de la situation dans plusieurs régions en Birmanie.

En Colombie, le Haut Commissaire estime enfin “qu’il y avait de la place pour davantage de discussions” pour garantir un soutien à l’accord de paix rejeté récemment par référendum. Désormais, il appelle l’Etat à assurer son rôle en matière d’infrastructures dans certaines régions qui en sont totalement privées.

Plus généralement, le Haut Commissariat souhaite une contribution plus large des Etats membres. Leur engagement dans les droits de l’homme “doit se refléter” dans un soutien financier.

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