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Le design des sites olympiques commence à Zermatt

Le Parc de Whistler a été conçu pour offrir aux spectateurs la meilleure vue possible sur l’action. Courtesy of Ecosign

Paul Mathews, concepteur du parc olympique de Whistler, où auront lieu les épreuves de ski des Jeux de Vancouver, a participé à la création de 320 domaines skiables dans 34 pays différents, y compris en Suisse. Et sa passion est née sur les pistes de Zermatt.

Cet Américano-canadien de 62 ans, fondateur d’Ecosign, une société de planification de projets écologiques, à été mandaté pour concevoir le centre olympique de ski nordique et de saut – où le Suisse Simon Ammann pourrait bien remporter une médaille.

Même les skieurs occasionnels ont de bonne chances de connaître (sans le savoir forcément) une partie de l’«œuvre» de Paul Mathews. Sa société a en effet laissé son emprunte dans une douzaine de domaine skiables de Suisse. Il a ainsi rationalisé la station de Zermatt, ou reconfiguré complètement celle d’Andermatt. Et tous ses projets reprennent des éléments qu’il a auparavant rencontré dans les Alpes.

«Toute ma carrière est basée sur les choses que j’ai observées en Suisse pendant la période où je vadrouillais sur les pistes de Zermatt, dit-il, de son bureau de Whistler, rempli de dossiers sur les endroits où il a travaillé: Japon, Kazakhstan, Russie, Amérique du Sud, Chine, Norvège, Etats-Unis, et bien évidemment Canada. Parmi tant d’autres.

«J’adore la manière dont la Suisse construit et aménage de manière compacte et attractive pour les piétons. La Suisse traite la nature avec un haut niveau de professionnalisme et l’aspect écologique est plus poussé que dans la plupart des autres pays du monde. Tout le pays ressemble à un parc national.»

Territoire vierge

Ecosign a été l’artisan principal de la conception du tout nouveau parc olympique de Whistler. La société de Paul Mathews a développé un réseau de presque 100 km de pistes de ski de fond qui serpente à travers une forêt d’épicéa et passe sous deux spectaculaires tremplins de saut.

Ces installations, d’une valeur de 115 millions de dollars canadiens (113.67 million de francs suisses) ont été conçues afin que le spectateur puisse voir plus et mieux que lors de n’importe quelles autres épreuves olympiques similaires de ski de fond ou de saut à ski.

«Normalement, si tu vas voir une course de ski de fond, tu vois tout le monde sur la ligne de départ puis ensuite tu vas au bar et tu attends une heure pour voir les skieurs revenir, explique Paul Mathews. Ici tu peux voir les skieurs en découdre sur les hauteurs et dans les creux. Je dirais qu’on peut voir entre 40 et 50 pour cent de l’action.»

Situé dans la vallée de Callaghan à environ 20 km au sud de Whistler, le domaine comprend aussi les installations de tir pour le biathlon et permet de monter un grand nombre de tentes pour les medias, les officiels et les techniciens. Une fois les Jeux terminés une grande partie des parkings seront détruits et le tout sera rendu à la forêt.

«En Suisse les tracas administratifs nécessaires pour abattre un seul arbre sont à peu près les mêmes que ceux requis pour couper une forêt entière en Colombie Britannique, commente Paul Mathews. Le site du parc olympique était un territoire vierge. Il n’y avait rien. Nous sommes venus ici nous-mêmes pour marquer les arbres que nous voulions garder.»

Ainsi, explique Paul Mathews, l’impact écologique du parc a pu être réduit de plus d’un tiers par rapport aux autres projets.

Colombie Britannique, Suisse

Paul Mathews a fondé Ecosign en 1975, quelques années après avoir passé un hiver entier à Zermatt, à skier autant que possible. L’expérience a laissé des traces. Aujourd’hui encore, il utilise l’image du Cervin pour son matériel promotionnel.

«J’ai été très surpris en quittant la région, raconte-t-il. Sans voitures à Zermatt, je n’avais pas senti l’odeur des gaz d’échappement durant des mois. Ça m’a frappé, comme notre air est pollué, donc j’ai naturellement voulu apporter ce principe respectueux de l’homme dans d’autres stations de ski, ailleurs.»

Ses efforts ont été récompensés. C’est la troisième fois que la société de Paul Mathews travaille sur un évènement olympique. Et il y en aura certainement une quatrième. Récemment il a survolé Sochi en Russie en hélicoptère, en compagnie du premier ministre Vladimir Poutine pour trouver des idées sur la façon de concevoir les Jeux Olympiques de 2014.

En octobre 2009, Paul Mathews a aussi décroché un contrat avec des promoteurs de la région de la Jungfrau afin de rentabiliser les installations, les services et les moyens de transport dans les stations de Grindelwald et de Wengen, et créer ainsi en douceur une région de loisirs.

Il se réjouit de se mettre au travail, spécialement parce que ça le ramènera tout près de l’endroit où tout a commencé. Mais pour le moment Paul Mathews observe depuis la fenêtre de son bureau la neige qui tombe. On peut lui pardonner de rêver, pour un instant qu’il est quelque part dans les Alpes.

«La Colombie Britannique, c’est la Suisse sans les gens, dit-il. J’ai appris beaucoup des Suisses.»

Tim Neville à Whistler, swissinfo.ch
(Traduction de l’anglais: Philippe Varin)

Paul Mathews a commencé à travailler en Suisse en 1989 à Laax, dans les Grisons. A cette époque Laax et le village voisin de Flims se disputaient les skieurs, histoire courante pour les petites stations suisses, dit Mathews. Il leur a suggéré de mettre leurs forces en commun et Ecosign a travaillé sur l’amélioration et la modernisation des installations. «Après bien des années d’une collaboration fructueuse et amicale, Ecosign fait partie de l’équipe,» raconte Reto Gurtner, directeur de Weisse Arena Group à Laax.

Depuis, Ecosign a participé à bien des projets en Suisse, à Davos, Meiringen, Verbier, Crans-Montana, Zermatt, Arosa et Andermatt entre autres.

Situé à une altitude relativement basse (entre 840 et 930 mètres), le Whistler Olympic Park peut accueillir 12’000 spectateurs pour chacune des trois disciplines qui auront lieu ici: ski de fond, biathlon et saut à skis. En tout 28 épreuves.

Situé au Cœur du village de Whistler, l’auberge suisse «Chalet Bambi» a été transformée pour devenir le centre névralgique de l’équipe suisse de ski de fond pour toute la durée des jeux.

Andi Mettler, propriétaire de Nordic-Tuning GmbH dans le canton d’Appenzell Rhodes Extérieures, a envoyé plus de 1000 kg de matériel, que lui et son collègue vont utiliser pour tester la glisse des skis sur différentes neiges à différentes températures et humidités. Le but étant de trouver la formule magique pour les skieurs suisses.

Le chalet Bambi a des chambres de réserve au cas où un athlète suisse se blesserait ou aurait besoin de repos. Le propriétaire Abraham Inniger, originaire d’Adelboden, a déménagé à Whistler au début des années 80.

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