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Le FNS recommande de nouvelles approches économiques

Les lacs de retenue en aval des glaciers pourraient contribuer à augmenter la production hydrauélectrique (archives). KEYSTONE/MARTIN RUETSCHI sda-ats

(Keystone-ATS) Le potentiel d’énergie hydraulique peut encore être valorisé. Mais le secteur est tiraillé entre les objectifs de la Stratégie énergétique 2050 et les obligations liées à la protection de la nature. Les chercheurs du Fonds national suisse (FNS) proposent des pistes.

L’énergie hydraulique est actuellement la source la plus importante d’énergie renouvelable en Suisse, rappellent les auteurs du Programme national de recherche “Energie” (PNR 70) dans leur rapport “Force hydraulique et marché” publié lundi. Mais le secteur fait face à un conflit d’objectifs entre intérêts économiques et écologiques.

Après examen d’une douzaine de projets pour l’énergie hydraulique, les chercheurs ont identifié trois défis pour le développement du secteur. Le premier, technique, concerne le maintien et l’expansion de l’hydroélectricité. Le deuxième, économique, touche aux coûts, aux prix et à la redevance hydraulique. Le troisième est écologique et axé sur la conservation de la biodiversité.

Nouveaux lacs de retenue

Les lacs de retenue situés en aval de glaciers qui se retirent pourraient accroître la production d’électricité de la Suisse d’environ 3%. Environ la moitié d’entre eux pourrait contribuer au stockage saisonnier et à la production d’électricité en hiver, selon une étude de l’Ecole polytechnique de Zurich.

Sept lieux ont été sélectionnés parmi l’ensemble des sites potentiellement envisageables. Leur capacité de stockage théorique atteint 1,3 TWh, ce qui équivaut à 14% de la capacité de stockage des lacs de retenue actuels. Cependant, les bassins glaciaires non fondus sont aussi des lieux de nature intacte. Des compromis avec la protection de la nature et des paysages devraient être envisagés.

La protection de la biodiversité est un autre exemple qui concerne l’hydroélectricité. Pour les chercheurs, les débits d’eau en aval des barrages sont réglés de manière trop laxiste pour préserver la biodiversité.

Cela provient du fait que la loi sur la protection des eaux de 1992 laisse aux cantons une certaine latitude dans l’évaluation des intérêts économiques. Or pour préserver la biodiversité, les exploitants de barrages devraient respecter la dynamique d’écoulement naturel.

Prix bas, taxes élevées

Malgré les contraintes écologiques, les chercheurs considèrent la viabilité économique de l’hydroélectricité comme centrale. Ces dernières années, les producteurs ont souffert d’une baisse des rendements accompagnés de pertes importantes. Cela concerne surtout des exploitants de petites centrales électriques qui n’ont pas la possibilité de reporter les ventes à des périodes de prix élevés.

Pour les chercheurs il y a deux facteurs à considérer: d’une part, le marché européen de l’électricité déterminant pour la rentabilité de l’hydroélectricité en Suisse. D’autre part, les aspects politiques, sociaux et juridiques en Suisse.

La redevance hydraulique mérite à ce titre d’être révisée. Cette indemnité versée par les producteurs d’électricité aux cantons et aux communes en contrepartie de l’utilisation de leurs ressources en eau donne régulièrement lieu à des débats.

Une étude récente de l’Association suisse des entreprises électriques suisses (AES) a montré que les compagnies suisses paient des redevances excessives par rapport aux compagnies étrangères et sont donc désavantagées sur le marché. Les cantons de montagne démentent.

Redevance flexible

Pour les chercheurs du FNS, une redevance hydraulique flexible serait plus conforme au marché que des montants maximum fixes. Elle devrait être basée sur le rendement et répondre au principe de la répartition des gains et des pertes (“revenue sharing”) entre les propriétaires des ressources – c’est-à-dire les communes – et les exploitants des centrales.

Cela nécessite une transparence totale quant aux recettes. Des aspects politiques et économiques régionaux doivent également être pris en compte.

Pour tous ces projets, qu’il s’agisse de la construction ou la rénovation d’une centrale, ou d’une nouvelle réglementation de la redevance hydraulique ou de l’attribution des concessions, la planification doit être menée avec l’ensemble des parties prenantes. Il s’agit de concilier les intérêts de chacun, soulignent les chercheurs.

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