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Le gel a ravagé les abricotiers valaisans, vignes aussi touchées

Malgré l’important engagement des arboriculteurs qui ont lutté d’arrache-pied durant plusieurs nuits contre le gel, des dégâts très importants ont été constatés (archives). KEYSTONE/VALENTIN FLAURAUD sda-ats

(Keystone-ATS) Le gel a frappé lourdement le verger valaisan ces quatre dernières semaines. Il a presque entièrement ravagé le coteau, soit 350 hectares d’abricotiers, et fortement affecté la plaine. La perte des abricots pourrait atteindre 70%, soit près de 5,5 millions de kilos.

En trente ans, cette perte, qui représente plus de 25 millions de francs pour l’ensemble de la filière, n’a jamais été aussi élevée, écrit mardi l’Etat du Valais dans un communiqué.

“C’est un gros coup dur pour le Valais, dont l’abricot est le fleuron”, réagit auprès de Keystone-ATS Olivier Borgeat, secrétaire général de l’Interprofession des fruits et des légumes du Valais. Sans compter que 96% de la production nationale provient du canton.

En plaine, le moyen de lutte principal est l’aspersion des arbres avec de l’eau tirée de la nappe phréatique. La transformation de l’eau en glace libère de la chaleur qui va protéger le fruit.

Sur les coteaux, les arboriculteurs privilégient les bougies de paraffine, car l’irrigation par aspersion risque notamment de provoquer des ravinements. Mais dans la nuit du 6 au 7 avril, le froid, la neige et le vent ont affecté l’efficacité des bougies.

Pour les abricotiers plantés principalement sur les coteaux de la rive gauche, la situation est donc “catastrophique avec une destruction de quasi 100% des fruits”, relève Olivier Borgeat. Pour les autres cultures qui se trouvent en plaine, et si les prochains épisodes de gel ne sont pas trop importants, “on devrait pouvoir limiter les dégâts”, ajoute-t-il.

Les vignes aussi touchées

Sur les coteaux de la rive droite, les vignes ont également été touchées. “L’utilisation des bougies n’est pas idéale: les flammes chauffent souvent en-dessus de la chaufferette et donc du plant”, explique à Keystone-ATS Pierre-Antoine Héritier, président de la Fédération des vignerons valaisans (FVV). Sans compter que leur utilisation a grande échelle est “très chère”.

L’ampleur des dégâts n’est pas encore quantifiable: les vignerons doivent attendre le débourrement du solde des bourgeons pour effectuer une évaluation, note le service de l’agriculture. Pour l’heure, la branche a constaté que les plants dont les bourgeons se développent de manière précoce ainsi que ceux encore dans le coton ont été touchés. Et la période de gel n’est pas terminée, rappelle Pierre-Antoine Héritier.

Discussions ouvertes

Les fleurs des arbres fruitiers sont très sensibles au gel dès -0,5 degré. En cas de gros dégâts, arboriculteurs et viticulteurs ne peuvent pas compter sur des assurances, trop chères à contracter, mais bénéficient parfois d’une aide cantonale.

Cela avait été le cas en 2017, lorsque le gel avait durement frappé le canton, entraînant une perte de récolte de 35% dans l’arboriculture (50% des abricotiers) et 30% dans la viticulture. La perte financière s’était montée au total à 70 millions de francs. Canton et Confédération avaient octroyé une aide de 7,6 millions de francs.

Cette année aussi, les discussions avec le canton ont été ouvertes, note Olivier Borgeat, afin de voir de quelle manière il sera possible de soutenir les producteurs. La suite dépendra du bilan final des dégâts qui sera possible dans les prochaines semaines, en fonction des espèces fruitières, de l’évolution végétative des arbres, ainsi que des conditions climatiques.

De plus en plus tôt

Le gel n’est pas exceptionnel dans le canton, mais changement climatique oblige, la saison débute de plus en plus tôt et les arboriculteurs craignent d’être soumis à des épisodes de plus en plus intempestifs et violents à l’avenir, souligne le secrétaire général de l’Interprofession des fruits et des légumes du Valais.

Ce dossier “va devenir une priorité, estime Olivier Borgeat, soit via une recherche variétale capable de résister au froid, soit via celle de méthodes de protection plus efficaces”. Pour Pierre-Antoine Héritier, la solution pourrait aussi passer par une participation de l’Etat fédéral au paiement des primes assurant les risques naturels. Une solution en cours de discussion en Suisse mais qui est “déjà en place dans les pays européens”.

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