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Le gouvernement pousse à célébrer Pâques dans la rue

Malgré le coronavirus, le gouvernement nicaraguayen a poussé les gens à célébrer la procession de "Judea de Masatepe". KEYSTONE/AP/Alfredo Zuniga sda-ats

(Keystone-ATS) Des centaines de Nicaraguayens traînent des “Judas” enchaînés dans les rues de Masatepe, tradition de la Semaine Sainte encouragée par le gouvernement de Daniel Ortega malgré la décision de l’église de suspendre les célébrations à cause du Covid-19.

“Cette pandémie est dangereuse mais nous faisons ça par tradition”, malgré le refus de l’église de participer, déclare à l’AFP Pedro Moraga durant la procession connue sous le nom de “Judea de Masatepe”, ville située au sud de la capitale Managua.

Chaque Vendredi Saint, des centaines de Nicaraguayens défilent dans des costumes colorés, certains capturant des “Judas” pour les traîner ensuite enchaînés dans les rues.

D’autres habitants préfèrent rester confinés chez eux et observent de loin la célébration par crainte du nouveau coronavirus, qui a fait à ce jour plus de 107’000 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles.

Ils se méfient également des chiffres officiels du gouvernement nicaraguayen, qui ne fait état que de neuf cas dont un mort.

Défi

Pour le père Edwin Roman de l’église de San Miguel de Masaya, le gouvernement encourage ces activités “pour faire savoir que tout est normal” dans le pays, déclare-t-il à l’AFP.

Outre la procession, les autorités nicaraguayennes défient la crise sanitaire mondiale et les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé pour limiter la propagation du nouveau coronavirus en soutenant la tenue, ces dernières semaines, de concours de beauté, de gastronomie, de concerts et autres foires.

Tensions Eglise-Etat

Ces positions radicalement opposées sur le Covid-19 soulignent les tensions entre le gouvernement de Daniel Ortega, à la tête du pays depuis 2007, et l’église catholique dans la foulée de la vague de manifestations antigouvernementales de 2018. Le Nicaragua connaît depuis une grave crise politique.

Les opposants accusent l’ex-guérillero sandiniste d’avoir instauré une dictature, réclamant son départ et celui de son épouse. Le chef de l’Etat dénonce de son côté une tentative de putsch de l’opposition avec le soutien de l’Eglise et de Washington. La crise a fait plus de 328 morts et des centaines d’opposants ont été emprisonnés.

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