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Le paysage religieux suisse sous la loupe

Les églises se vident, mais la religion se porte bien. imagepoint

Pour étudier le paysage religieux suisse, devenu plus confus ces dernières années, le Fonds national suisse a lancé un programme de recherche. Il devra aussi aboutir à des recommandations concrètes.

Dans la Suisse traditionnellement chrétienne, deux tendances se renforcent: l’affaiblissement de l’attachement aux églises et l’importance croissante des religions non-chrétiennes.

Pluralisation et laïcisation sont deux phénomènes qui ont modifié le paysage religieux helvétique ces dernières années. C’est pour mieux les comprendre que le Fonds national suisse (FNS) a démarré, sur mandat du Conseil fédéral (gouvernement), les travaux du Programme national de recherche «Religions en Suisse» (PNR 58).

Doté de 10 millions de francs, le PNR 58 comprend 28 projets de recherche. En l’espace de trois ans, ce programme a pour but de «mettre en place des bases scientifiques pour une politique religieuse d’avenir», précise mardi le communiqué du FNS.

Il sera mené en parallèle dans certaines universités et hautes écoles spécialisées, ainsi que dans des bureaux privés. Il en résultera des étude sur les attitudes et les pratiques religieuses en Suisse, ceci dans une perspective sociologique, historique, théologique, comme du point de vue des sciences des religions et des sciences des médias.

Religion et migration

Le FNS constate en effet que le paysage religieux suisse est «en plein bouleversement» et qu’il est marqué par deux tendances: d’un côté, la population se montre moins attachée aux églises et de l’autre, certaines religions non-chrétiennes et collectivités chrétiennes alternatives prennent de plus en plus d’importance.

Cette pluralisation, liée à l’augmentation de la migration, mais aussi au besoin grandissant des Suisses de vivre leur religiosité d’une manière non-traditionnelle, contribue à brouiller les cartes.

Et le FNS de mettre en évidence le rôle que joue la religion dans la construction de l’identité des migrants, tout en soulignant les difficultés de ces nouvelles collectivités.

«Il leur manque l’adhésion de la population suisse, des locaux appropriés et des érudits religieux formés pour constituer la collectivité à laquelle ils aspirent», note le FNS, qui met en garde contre le danger de radicalisation représenté par la ghettoïsation des collectivités religieuses.

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Montée des religions alternatives

Autre aspect de la problématique étudiée par le PNR 58, la laïcisation du paysage de la foi en Suisse depuis les années 1970.

Affectant toutes les religions et en particulier celles qui restent majoritaires en Suisse, à savoir les églises catholique-romaine et réformées, ce phénomène s’accompagne d’une montée des communautés évangéliques et des courants spirituels alternatifs.

Avec le PNR 58, le FNS va donc formuler des recommandations destinées au gouvernement. Il s’agira notamment de savoir comment l’Etat peut garantir l’égalité de traitement des différentes confessions et servir d’intermédiaire entre croyants et non-croyants.

Objectiver le débat

Dans un climat «où les problèmes liés à certaines difficultés d’intégration ou à la discrimination des migrants sont débattus en termes religieux», les scientifiques tenteront de clarifier cette situation confuse et de rendre plus objectifs le débat public sur les sujets religieux.

Les résultats de leurs recherches devraient être utiles aux instances politiques, mais aussi aux autorités et aux écoles puisque le PNR 58 s’interrogera également sur la façon dont l’enseignement public aborde les différentes religions.

swissinfo et les agences

A la campagne, 85% de la population suisse se dit croyante. Cette proportion tombe à 78% dans les villes. 77% des Suisses prient régulièrement, 34% tous les jours.

En 1970, 95% de la population suisse appartenait aux églises nationales.

En 2000, cette proportion est encore de 75%.

Le nombre de personnes sans confession a augmenté de manière significative ces dernières années, tout comme le nombre de collectivités non-chrétiennes.

Appartenance religieuse en Suisse:
Catholiques romains: 42%
Catholiques chrétiens: 0,2%
Protestants (avec les églises libres): 33%
Orthodoxes (serbe, russe, macédonien, grec): 1,8%
Anglicans: 0,1%
Musulmans: 4,3%
Juifs: 0,2%
Bouddhistes: 0,3%
Hindous: 0,4%
Autres communautés religieuses: 0,1%
Sans appartenance religieuse: 11%
(Base: Recensement fédéral 2000)

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