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Le PBD veut devenir une force nationale

Keystone

A l'été 2008, le courant libéral de l'Union démocratique du centre (UDC, droite nationaliste) apparaissait isolé et marginalisé. Le Parti bourgeois-démocratique, né de la scission avec l'UDC, a bien passé l'hiver et veut désormais s'installer au niveau national. Impressions de la première assemblée des délégués.

Bien qu’il n’a pas encore fêté ses 5 mois d’existence, le PBD est déjà bien ancré dans les institutions. Une part extraordinairement élevée de ses membres est au bénéfice d’un mandat politique. Ainsi, dans les cantons des Grisons, Berne et de Glaris, le PBD compte 4 ministres et 58 parlementaires.

Le parti a des politiciens placés dans les assemblées législatives et dans les exécutifs de tous les étages du pouvoir suisse, des communes à la Confédération. La conseillère fédérale (ministre) Eveline Widmer-Schlumpf en est bien sûr la figure de proue.

Samedi à Thoune, lors de la première assemblée des délégués du parti, la ministre de la Justice a tenu à adresser son message d’accueil en français, preuve de la volonté du PBD de s’imposer à l’échelon national dans les années à venir.

Bientôt en français

Devant le restaurant «Bären» de Thoune, où se tient l’assemblée, deux délégués venus du Valais et qui ne comprennent pas l’allemand, prennent une pause bienvenue. «Un jour, le parti pourra se permettre de mettre en place une traduction simultanée. Nous pourrions demander à Christoph Blocher d’en être le mécène», plaisantent-ils.

Jusqu’il y a peu de temps, les deux Valaisans étaient membres de l’UDC valaisanne, fondée il y a 10 ans. «A l’époque, je suis entré dans la politique car je voulais participer activement à un projet et pas simplement suivre comme un mouton», affirme l’un des deux hommes. Mais il a remarqué que dans le parti, «il aurait exactement dû obéir comme un mouton».

Assez des papes

«Au sein de l’UDC valaisanne, c’est le règne du ‘pape Oskar’. Nous aurions dû jouer les apôtres», affirme le deuxième délégué valaisan. La figure de proue de l’UDC valaisanne, le conseiller national (député) Oskar Freysinger, se comportait comme la direction du parti et le conseiller fédéral déchu Christoph Blocher: de manière «autoritaire et centralisatrice».

Or sans centralisme et sans désobéissance, le PBD n’existerait pas. En juin 2008, la direction nationale de l’UDC a en effet exclu la section grisonne de l’UDC car cette dernière avait refusé de bannir Eveline Widmer-Schlumpf, membre de la section et élue au gouvernement à l’automne 2007 à la place de Christoph Blocher.

Les membres exclus ont alors fondé un nouveau parti, le PBD grison. Les libéraux des sections bernoise et grisonne – ils étaient également depuis des mois en conflit avec la direction nationale de l’UDC – se sont solidarisés avec les Grisons. C’est ainsi que le Parti bourgeois-démocratique suisse a vu le jour le 1er novembre 2008.

Bourgeois et conservateurs

Le président du PBD, Hans Grunder, relativise l’affirmation selon laquelle son parti serait la variante convenable de l’UDC. «Bien sûr, beaucoup de sympathisants de l’UDC sont venus chez nous, mais 40% de nos membres n’ont jamais été membres d’un parti politique par le passé. Il y a un créneau laissé vide que nous tentons de combler. Nos membres sont issus de la classe moyenne. Ils sont bourgeois et conservateurs».

Hans Grunder ne connaît pas exactement la proportion de femmes au sein de son parti. «Nous n’avons pas encore de statistiques précises». Il l’estime dans une fourchette allant de 20 à 30%. Une proportion plus élevée qu’au sein de l’UDC. «C’est frappant de voir que beaucoup de sections sont dirigées par des femmes», affirme Hans Grunder. «En ce qui concerne l’âge, nous sommes en moyenne plus jeunes qu’à l’UDC».

En sandwich entre l’UDC et les radicaux

A l’automne 2011 auront lieu les prochaines élections fédérales. Le PBD vise dix sièges au Parlement, contre six aujourd’hui, et veut être présent au minimum dans la moitié des cantons avec des sections cantonales.

Les objectifs paraissent réalistes. Ces derniers mois, le PBD a enregistré ses premiers succès en votation au niveau des cantons et des communes. Aux 7 sections cantonales actuelles, s’en ajouteront d’autres dans les années à venir.

En ce qui concerne le positionnement politique, le parti se situe «exactement entre la gauche de l’UDC et la droite des radicaux». En d’autres mots: le parti est capable de se profiler clairement.

Le PBD est un cas à part parmi les nouveaux partis qui ont été fondés en Suisse ces trente dernières années. Contrairement par exemple aux Verts ou au Parti des automobilistes, devenu Parti de la liberté, il «ne s’est pas construit autour d’un thème unique», ajoute le président du parti. Et de conclure: «Avec le temps, nous devrons encore nous profiler de manière plus pointue».

swissinfo, Andreas Keiser, Thoune
(traduction de l’allemand: Samuel Jaberg)

Une première. Né l’année dernière de la scission de l’aile modérée de l’Union démocratique du centre (UDC / droite nationaliste), le Parti bourgeois-démocratique (PBD) suisse a tenu samedi 21 mars 2009 sa première assemblée des délégués à Thoune, dans le canton de Berne.

Objectifs. Le PBD vise au moins dix sièges au Parlement lors des législatives de 2011, contre six aujourd’hui. Son président Hans Grunder est convaincu que le PBD peut dépasser les 4% d’intentions de vote récemment pronostiquées pour les fédérales de 2011.

Cantons. Le PBD, qui compte 4500 membres, s’est à ce jour implanté dans neuf cantons (Grisons, Berne, Glaris, Thurgovie, Argovie,
St-Gall, Obwald, Zurich et le Valais). Des sections sont en voie de formation à Soleure, Lucerne, Schwyz et Bâle-Campagne. En Suisse romande, le parti projette de prendre racine à Fribourg et Neuchâtel.

Mots d’ordre. Les délégués ont délivré leurs mots d’ordre en vue des prochaines votations fédérales du 17 mai. A une écrasante majorité, ils ont appelé à voter «oui» au nouveau passeport biométrique. Par 45 voix contre 33, ils se sont prononcés en faveur du contre-projet à l’initiative sur les médecines complémentaires.

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