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Le prince héritier saoudien et Macron affichent leur proximité

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (à droite) et le président français Emmanuel Macron (au centre) devaient dîner ensemble mardi soir, avec comme invité de dernière minute le Premier ministre libanais Saad Hariri (à gauche). KEYSTONE/AP The official twitter page of Lebanese Prime Minister sda-ats

(Keystone-ATS) Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS) et le président français Emmanuel Macron ont affiché mardi leur proximité sur les différents dossiers qui agitent le Proche-Orient. Ils sont toutefois en désaccord sur la question essentielle du nucléaire iranien.

Guerre en Syrie, au Yémen, expansionnisme iranien… “nous avons eu le temps de discuter tous les sujets” a déclaré le Président français au côté du prince héritier. Mohammed ben Salmane est un acteur clé des nombreuses crises qui secouent la région.

Cette visite de trois jours, initialement axée sur la culture et l’économie – 18 milliards de dollars de protocoles d’accord ont été signés – a été dominée par les sujets diplomatiques. M. Macron a déclaré souhaiter être un partenaire stratégique de Ryad au Proche-Orient après “une décennie (qui) a mis entre parenthèse (la) relation bilatérale”.

Tête à tête au Louvre

Se montrant l’un envers l’autre très chaleureux, souriants, les deux hommes ont affiché une grande proximité mardi devant la presse. Ils avaient déjà dîné ensemble dimanche en tête à tête au Louvre et devaient encore dîner ensemble mardi soir, avec comme invité de dernière minute le Premier ministre Saad Hariri.

M. Macron a loué une “volonté commune de stabiliser la région” tandis que MBS a souligné les intérêts communs nombreux entre les deux pays.

Mais tout en affichant cette complicité, le jeune président français et l’encore plus jeune futur monarque saoudien ont acté une divergence de poids sur le futur de l’accord nucléaire iranien de 2015. La France veut le préserver alors que l’Arabie saoudite est sur la même ligne que Donald Trump qui est prêt à le remettre en cause.

Pression d’ONG pour le Yémen

Au Yémen, où l’Arabie saoudite mène une guerre contre les rebelles houthis soutenus par Téhéran, la France ne “tolèrera aucune activité qui menace l’Arabie saoudite”, a déclaré M. Macron en référence aux missiles houthis. Sous la pression d’ONG qui dénoncent les ventes d’armes françaises à Ryad, qui seraient ensuite utilisées contre les civils yéménites, le président français a souhaité que “que toute la clarté soit faite sur les inquiétudes”.

“Nous allons organiser d’ici à l’été une conférence humanitaire sur le Yémen à Paris pour faire la clarté sur ce qui est fait et qui permettra de prendre de nouvelles initiatives humanitaires au Yémen”, a déclaré M. Macron.

“Les ferments du changement”

Pour le président français, il est nécessaire d’aider le mouvement de modernisation de l’Arabie saoudite, pays autoritaire et conservateur, même si l’évolution se fait lentement, alors que plusieurs ONG dénoncent la situation des droits humains dans ce pays. “Les ferments du changement sont là”, selon le président français.

“J’entends les questions légitimes qui émanent de la société civile et des journalistes concernant votre pays sur les droits de l’homme”, a déclaré le président français. Mais, “s’il y a une chance que son projet (de modernisation) réussisse c’est la responsabilité de la France de l’accompagner”.

A l’issue de la réunion, les deux hommes ont retrouvé M. Hariri pour le dîner. Le Premier ministre libanais a tweeté une photo des trois dirigeants, Saad Hariri souriant et MBS posant la main sur l’épaule du président français.

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