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Le vibrant plaidoyer sud-africain de Sepp Blatter

En Afrique du Sud, Sepp Blatter jouera sa réélection à la tête de la FIFA. Keystone

A un peu plus d’un mois du coup d’envoi du Mondial de football en Afrique du Sud, Sepp Blatter a tenu à balayer les dernières critiques vendredi à Zurich. Le président de la FIFA a assuré que la compétition sera un succès et laissera un héritage positif au continent tout entier.

«S’il le fallait, nous serions prêts à donner le coup d’envoi de la Coupe du monde demain». C’est Jérôme Valcke, secrétaire général de la FIFA, qui l’a dit lors d’une conférence de presse vendredi au siège de l’instance faîtière du football mondial à Zurich. A 48 jours du match d’ouverture qui opposera l’Afrique du Sud au Mexique, les dirigeants de la FIFA font preuve d’un optimisme à toute épreuve.

«Je suis un homme positif et je peux vous assurer que cette Coupe du monde sera un succès», a ainsi affirmé Sepp Blatter. S’adressant aux journalistes, en particulier allemands et britanniques, le Haut-Valaisan a une nouvelle fois renvoyé les critiques à leurs expéditeurs: «Certains d’entre vous ne font pas confiance à l’Afrique du Sud. Si je n’avais pas plaidé pour l’instauration d’un tournus entre les continents au début de mon mandat en 1999, la Coupe du monde ne serait jamais revenue à l’Afrique».

Concernant l’épineuse question de la sécurité, ravivée suite à l’assassinat du leader d’extrême-droite Eugène Terre’Blanche, Sepp Blatter a déclaré: «Les médias se trompent sur cette question. Onze millions de touristes se rendent sans crainte chaque année en Afrique du Sud. Nous ne doutons pas de la capacité du gouvernement sud-africain à mettre en place un système de sécurité à la hauteur de ce grand événement».

Des stades bien remplis

Jérôme Valcke s’est félicité de l’enthousiasme suscité par la cinquième phase de vente des billets qui a débuté le 5 avril dernier. «200’000 billets sur les 500’000 encore à disposition [2,9 millions au total] ont été vendus en trois jours. Pour la première fois, nous sommes très confiants quant au remplissage des stades. Nous devrions arriver à un taux de 95% de billets vendus».

Hormis les tickets dévolus aux ouvriers qui ont œuvré dans la construction des stades, aucun billet ne sera bradé ou distribué afin de remplir les stades, contrairement à ce qui s’était fait lors de la Coupe des Confédérations l’été dernier, a assuré Jérôme Valcke.

Le secrétaire général de la FIFA a toutefois concédé que le système de vente, trop difficile d’accès pour une majorité de Sud-Africains, était à revoir: «C’était une phase d’apprentissage en vue du Mondial 2014 au Brésil. Nous devrons réexaminer notre politique, nous montrer plus souples et plus créatifs».

Estimé au départ à 450’000, le nombre de visiteurs étrangers a quant à lui été revu à la baisse, à 360’000. «N’oublions pas que lors des précédentes Coupe du monde, la majorité des voyages se faisait à l’intérieur d’un continent. Et ce chiffre n’inclut pas tous les visiteurs des pays limitrophes de l’Afrique du Sud», a indiqué Jérôme Valcke.

Un engagement personnel

Sepp Blatter s’est engagé personnellement pour la tenue de cette première Coupe du monde sur sol africain, dont un échec pourrait remettre en cause sa réélection pour un quatrième mandat à la tête de la FIFA en 2011. «Je suis un peu nerveux, comme un acteur avant de monter sur scène. Mais cette adrénaline me fait avancer», a-t-il déclaré.

Il s’est ensuite lancé dans un hommage à l’Afrique et au football africain: «Ces 50 dernières années, les joueurs africains ont toujours été une source d’enrichissement pour les clubs européens. On ne peut pas toujours prendre sans donner en retour.»

Sepp Blatter a dit espérer qu’une équipe africaine arrive en finale ou en demi-finale. Et que peut-on attendre du pays hôte?, a questionné un journaliste par vidéoconférence en direct de Johannesburg. «Pour aller plus loin dans une compétition, il faut marquer des buts», a répondu sur un ton sec le patron de la FIFA au lendemain du match nul (0-0) concédé par l’Afrique du Sud face à la Corée du Nord.

Un grand héritage

Du parcours des «Bafana Bafana», l’équipe nationale sud-africaine, dépend en partie la réussite de ce Mondial. Sepp Blatter estime que le «football est le seul sport qui peut réunir tous les Sud-Africains, quelle que soit leur couleur.» Encore bien plus que le rugby, a-t-il dit, faisant référence à la victoire des «Springboks» lors de la Coupe du monde de rugby disputée en 1995, peu après la chute du régime ségrégationniste de l’apartheid. «Nous espérons tous que Nelson Mandela pourra réaliser son rêve d’assister à l’ouverture de la Coupe du monde», a-t-il ajouté.

Sepp Blatter a ensuite cité les retombées positives qu’engendrera ce Mondial en Afrique du Sud au niveau des infrastructures – stades, routes, aéroports. Insistant sur le rôle de responsabilité sociale dévolu à la FIFA, il a également mentionné toutes les activités engagés sous le label «football for hope» et les efforts consentis dans la lutte contre la pauvreté, l’analphabétisme et les problèmes de santé. «Le football aura apporté des outils, des idées et de l’énergie pour lutter contre la pauvreté. C’est le grand héritage que nous voulons laisser au continent au-travers du football».

Samuel Jaberg, Zurich, swissinfo.ch

Exploitation. L’Organisation suisse d’entraide ouvrière (OSEO) a lancé la semaine dernière une pétition visant directement le patron de la FIFA et intitulée «Un carton jaune pour Sepp Blatter – Pas d’exploitation lors du Mondial de football».

Misère. L’OSEO estime que la majeure partie de la population sud-africaine reste en marge de cette Coupe du monde. Quartiers pauvres rasés, salaires de misère pour les ouvriers actifs dans la construction des stades, vendeurs chassés des rues et privés de revenus, expulsions forcées, atteintes à la liberté de la presse: les reproches de l’OSEO sont nombreux.

Pas de suivi. «Il y a eu des déclarations en faveur des ouvriers, mais elles n’ont pas été suivies d’effets. Monsieur Blatter a eu beaucoup d’occasions pour intervenir, notamment en ce qui concerne les conditions de travail et les salaires minimaux lors de la conclusion des contrats avec les entreprises qui ont construit les stades, mais il ne l’a pas fait», affirme Hans-Jürg Fehr, le président de l’OSEO.

Appel. «Ce carton jaune est un appel à Monsieur Blatter afin qu’il coopère mieux avec les syndicats lors de la prochaine Coupe du monde au Brésil. La FIFA peut améliorer sa performance et ainsi éviter le carton rouge», soutient Hans-Jürg Fehr.

Joseph (Sepp) Blatter est né le 10 mars 1936 à Viège, ville germanophone du canton du Valais. Diplômé en commerce et en économie politique, il est arrivé à la FIFA en 1975.

Le 8 juin 1998, Joseph S. Blatter a succédé á João Havelange (Brésil) – dont il a été le secrétaire général – comme huitième Président de la FIFA.

Le 29 mai 2002 à Séoul, les associations membres lui renouvellent leur confiance. Le Congrès 2003 de Doha avait exceptionnellement prolongé d’un an la durée du mandat présidentiel afin que l’élection ne coïncide pas avec la Coupe du Monde 2006 en Allemagne.

Le 31 mai 2007, Joseph S. Blatter se voit confier un mandat de président jusqu’en 2011 malgré de violentes attaques (notamment de son ancien secrétaire général Michel Zen Ruffinen et d’un journaliste anglais du nom d’Andrew Jennings) à son encontre l’accusant de corruption et de népotisme.

En lice pour un quatrième mandat en 2011, le Valaisan devra faire face à une contestation marquée. Sa réélection dépendra pour beaucoup de la réussite du Mondial sud-africain.

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