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Les étudiants descendent dans la rue à Zurich

Les étudiants lausannois avaient manifesté le 3 décembre déjà Keystone

Zurich pourrait doubler les taxes universitaires: le projet sera débattu en début de semaine au Parlement cantonal. Les associations d’étudiants craignent que la hausse ne fasse tache d’huile en Suisse et se mobilisent, comme samedi à Zurich.

On l’a à peine vu passer, fin novembre, la décision d’une commission du Grand conseil (Parlement) zurichois. Les occupations d’aulas et les critiques contre la réforme de Bologne battaient leur plein. Aujourd’hui, les étudiants craignent que la décision parlementaire n’ait de funestes conséquences.

Dans le cadre de la préparation du budget cantonal, la commission compétente a en effet décidé de doubler les taxes universitaires. Plus exactement, de réduire le budget alloué à l’université et aux HES (Hautes écoles spécialisées) de quelque 20 millions de francs et de leur demander de doubler les taxes, qui s’élèvent, pour l’alma mater, à 640 francs par semestre actuellement (sans les taxes de bibliothèque et autres) et à 680 pour les HES.

«Mais c’est le conseil d’université qui, en dernier lieu, fixe les taxes», précisait le recteur Andreas Fischer dans le journal en ligne de l’Université de Zurich. Il ajoutait aussi que la loi cantonale sur l’université prévoit que les taxes d’études doivent être comparables à celles des autres universités suisses.

Selon le recteur, une révision sera donc nécessaire, révision susceptible de référendum. Les étudiants ne veulent pas attendre cette échéance très aléatoire. Ils ont appelé à manifester ce samedi à Zurich.

Succès d’une pétition à l’EPFL

«La hausse des taxes revient régulièrement dans tous les projets de réforme, rappelle Ophélie Gilliéron, membre du comité exécutif de l’Union des étudiants-es de Suisse (UNES). Il y a quatre ans, le ministre Pascal Couchepin en avait déjà évoqué l’idée. Si Zurich accepte, les autres suivront.»

C’est aussi la crainte des étudiants des Ecoles polytechniques fédérales (EPF). Eux avaient pourtant réussi, par pétition, à faire abandonner un projet de hausse de taxes au printemps dernier.

«L’EPF de Zurich est sur le même campus que l’université, précise Samuel Cobi, délégué des étudiants EPF à l’UNES. Si la hausse est acceptée, il est à près sûr que l’augmentation sera à nouveau évoquée chez nous.»

Les étudiants font valoir que la démocratisation des études n’est déjà pas une réalité en Suisse. «Si on augmente les taxes, l’accès à l’université sera impossible pour certaines parties de la population», affirme Sophie Gilliéron.

Les étudiants affirment en outre que, devant les problèmes de financement, les étudiants chercheront à «accumuler rapidement des crédits ECTS de façon la plus rationnelle possible» et à négliger la formation de leur esprit critique et une «attention suffisante, possible seulement à long terme».

Crainte d’un exode

Les étudiants sont soutenus par le recteur de l’Université de Zurich, Andreas Fischer, qui s’oppose à la hausse des taxes, et par Walter Bircher, recteur de la HES pédagogique de Zurich.

Ce dernier craint que les hausses ne fassent fuir les étudiants potentiels. «Les contributions de la Confédération diminueraient en conséquence, péjorant les possibilités de formation dans le canton de Zurich», a-t-il expliqué au quotidien Tages-Anzeiger.

Pour Beat Walti, président des Libéraux-radicaux zurichois (PLR), le montant des taxes ne peut être le seul critère de choix d’université. Il précise que «l’augmentation est en effet douloureuse, mais qu’elle reste acceptable.»

Revoir les systèmes de bourses et de prêts

«La situation financière est catastrophique et il est justifié de demander une participation supplémentaire aux parents», poursuit le député. Il estime en outre qu’il faudra lancer une réforme plus globale du système de bourses et de prêts.

C’est aussi l’avis de la Conférence des recteurs des universités suisses, même si celle-ci ne s’est pas penchée formellement sur la question des hausses de taxes, précise le vice secrétaire général Raymond Werlen.

«On ne peut pas découpler la question du financement des études de celles des bourses et des prêts», déclare-t-il. Selon lui, l’éventuelle hausse pose aussi la question du financement public ou privé des études.

«Les taxes représentent en Suisse environ 2% du financement global des universités, en moyenne, précise le responsable. On est encore loin d’un financement privé.»

Ariane Gigon à Zurich, swissinfo.ch

L’université de Zurich, qui compte près de 25’000 étudiants, a un budget de 1,1 milliard de francs, dont 560 millions proviennent du canton.

Dans le cadre de la discussion sur le budget, le Grand conseil a décidé d’économiser sur les fonds alloués à l’Université et aux HES, et de doubler les taxes d’études.

Les socialistes, les Verts, le PDC et les Verts libéraux s’opposent à la hausse des taxes universitaires.

Le canton de Zurich est en outre lanterne rouge en matière de bourses: 0,34% de la population en bénéficie, contre 0,7% en moyenne nationale.

Le débat sur le budget cantonal a lieu lundi et mardi au Grand conseil zurichois.

Les étudiants protestent dans la rue ce samedi après-midi à Zurich.

2009/2010
en francs, par année

Genève 1000
Neuchâtel 1030
Lausanne 1160
Fribourg 1224
EPF Lausanne 1266
EPF Zurich 1288
Berne 1310
Zurich 1378
Bâle 1400
Lucerne 1570
St-Gall 2040
Tessin 4000

En Suisse, les taxes universitaires représentent en moyenne 2% du financement des universités, selon la Conférence des recteurs des universités suisses.

Cette proportion est beaucoup plus élevée en Angleterre, mais beaucoup plus faible en Allemagne (où l’université est gratuite, dans certains Länder) ou en Autriche.

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