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Les «vérités» de Hani Ramadan

L'affaire occupe les colonnes de la presse, par exemple du Matin. Le Matin

L'enseignant genevois suspendu va faire recours contre la décision du Conseil d'Etat genevois.

Pour Claude Torracinta, ancien président de la Ligue contre le racisme (LICRA), les thèses de l’enseignant caricaturent l’Islam.

Paru il y a un mois dans le quotidien Le Monde, l’article intitulé «La charia incomprise», signé Hani Ramadan, directeur du Centre Islamique de Genève, n’est pas passé inaperçu en Suisse. La semaine dernière, Martine Brunschwig-Graf confiait à swissinfo qu’elle avait demandé au Département de l’instruction publique de se pencher sur le cas Hani Ramadan.

Professeur de français au Cycle d’orientation de la Golette à Meyrin, l’auteur de «Aspects du monothéisme musulman» est interdit d’enseignement depuis vendredi pour avoir violé le «devoir de fidélité et l’obligation de réserve» du fonctionnaire vis-à-vis des institutions.

Hani Ramadan est en déplacement dans l’île de la Réunion, département français de l’océan indien, où vit une importante communauté musulmane, notamment d’origine comorienne. Il n’a pas annulé son voyage, prévu de longue date. «Je prendrai toute voie légale pour faire valoir mes droits», a-t-il simplement déclaré à swissinfo par téléphone.

Rechercher la transparence

Face aux réactions parfois violentes provoquées par sa prise de position dans Le Monde, favorable à la lapidation en cas d’adultère et à l’amputation des voleurs, Hani Ramadan joue la carte de l’honnêteté. «Il est regrettable d’observer que la franchise peut parfois coûter cher», constate-t-il.

«Je ne crois pas à un ‘vivre ensemble’ qui reposerait sur le non-dit. L’hypocrisie n’est bonne pour personne. Nous devons rechercher la transparence», ajoute le directeur du Centre islamique de Genève. En d’autres termes, mieux vaut exprimer des positions dures que les dissimuler aux autres.

Cette franchise ne convainc guère Claude Torracinta, journaliste et ancien président de la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA). «En défendant la Charia comme il le fait, Hani Ramadan caricature l’Islam, il en donne une image terriblement négative», souligne-t-il.

Combattre les idées par les idées

Résultat: «on constate une montée des tensions anti-islamiques en Suisse. Or, la majorité des quelque 400 000 musulmans de notre pays sont des gens modérés, voire des non-pratiquants», note encore Claude Torracinta.

L’ancien président de la LICRA a également avancé que s’il avait des enfants dans la classe de Hani Ramadan, il les en retirerait. Approuve-t-il pour autant sa suspension? Pas vraiment. «Il faut se méfier de toute interdiction professionnelle. Mieux vaut combattre les idées par les idées», pense le journaliste.

Pour Hani Ramadan, ce partage entre musulmans «modérés» et «fondamentalistes» est une fausse image véhiculée par les Occidentaux. «Il existe actuellement dans tout le monde musulman un retour aux sources. Nous sommes très attachés au Coran», affirme le directeur du Centre islamique de Genève.

Est-ce à dire que tous les musulmans soutiennent la Charia? Certainement pas. A plusieurs reprises, le Centre islamique de Lausanne a affirmé que les personnes qui prennent des positions d’appel au meurtre et qui ont partie liée avec des mouvements extrémistes, ne devraient pas pouvoir s’exprimer.

swissinfo/Ian Hamel à Genève

Plus de 400’000 musulmans vivent en Suisse.
Ils sont originaires de plus de 50 pays.
L’Islam est la 3e religion de Suisse, derrière le catholicisme et le protestantisme.

Hani Ramadan dirige depuis 1995 le Centre islamique de Genève, créé par son père Saïd en 1961. Hani Ramadan est le petit-fils de Hassan al-Banna, fondateur des «Frères Musulmans» en Egypte. Ce mouvement avait pour objectif de lutter contre la constitution laïque égyptienne de 1922 et d’instaurer une société islamique.

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