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Les barres chocolatées de la discorde

Croates et Serbes s'écharpent pour des chocolats (archives) KEYSTONE/GAETAN BALLY sda-ats

(Keystone-ATS) Quelques barres de chocolat serbe offertes à des écoliers croates suscitent depuis plusieurs jours les réactions courroucées de hauts responsables des deux pays. Sur les réseaux sociaux, des parents crient au scandale.

“Racisme”, “Scandale”, excuses publiques de la présidente croate Kolinda Grabar Kitarovic contrite d’avoir proposé mardi dernier des barres fabriquées chez le voisin à des enfants de Dubrovnik à qui elle rendait visite à l’occasion de la célébration de la bataille de libération de cette ville assiégée par les forces serbes durant la guerre (1991-95).

Ces chocolats ont été produits tout près de la Croatie, à moins de 100 kilomètres, mais en territoire serbe, à Subotica.

Face à la bronca qui monte, Kolinda Grabar Kitarovic, membre de l’aile nationaliste du parti de droite au pouvoir (HDZ) en Croatie, a choisi de s’excuser publiquement mercredi: “Je suis extrêmement déçue, car personnellement je soutiens la campagne ‘Achetons croate’. Il s’avère que les paquets contenaient des produits qui n’ont pas été fabriqués en Croatie. Cela ne se reproduira plus. Nous nous excuserons auprès des parents et nous enverrons des produits croates”, a-t-elle ajouté auprès des médias de son pays.

Bruxelles sollicité

Mais cette contrition n’a eu pour résultat que de déclencher l’ire de plusieurs ministres serbes. “Un exemple de racisme incompréhensible”, s’est indigné le ministre du travail Aleksandar Vulin. Il a appelé l’Union européenne à réagir. “De quelle normalisation des relations parlons-nous si un simple chocolat peu provoquer l’intolérance ethnique ?”, s’est interrogé son collègue du ministère du commerce Rasim Ljajic, également cité dans la presse.

Le patron de la minorité serbe en Croatie, Milorad Pupovac, s’est indigné d’un incident “honteux”: “Nous avons tellement de problèmes et voilà que nous jouons aux héros à propos d’un chocolat et que nous propageons la haine”, a-t-il dit, s’en prenant à Kolinda Grabar Kitarovic.

Les relations entre Zagreb et Belgrade n’ont jamais été aussi mauvaises depuis la fin des guerres des Balkans en 1995. Usant volontiers d’épithètes comme “tchetniks” ou “oustachis”, médias et responsables des deux camps se renvoient régulièrement leur passé et les crimes qu’ils reprochent à leurs voisins pendant la Deuxième Guerre mondiale comme lors des guerres des années 1990.

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