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Les blogs évoluent, la participation reste

L'Internet continue à être un outil de communication importante. La libération de la parole est significative via les blogs. Keystone

L'une des applications majeures de l'Internet – le blog – connaît de fortes variations qui dépendent de l'univers culturel de ses utilisateurs, selon des participants de Lift 07.

Centrée sur l’impact humain des nouvelles technologies, la réunion genevoise évoque les nouvelles formes de participation qui se développent sur Internet et les risques de surcharge numérique.

«Les blogs ne sont pas en train de disparaître, mais ils se diluent dans l’Internet. Tous les sites web ont intégré les options du blog comme le commentaire.» Co-fondateur de Lift, Laurent Haug rappelle en effet que les applications évoluent très vite sur la toile. Une manière de relativiser l’implosion annoncée de la blogosphère par une récente étude américaine.

Stefana Broadbent nuance également le reflux du phénomène blog: «Le journal personnel en ligne suscite bien une certaine lassitude. Mais il y a toujours un nombre de plus en plus élevé de personnes qui ont une forme ou une autre de présence sur Internet, que se soit en mettant en ligne ses photos, en présentant sa production artisanale, son groupe de musique ou son club sportif sur un site web.»

Différences entre Romands et Alémaniques

La responsable du ‘User adoption lab’ de l’opérateur Swisscom remarque également une légère différence entre la Suisse romande et la Suisse alémanique dans l’utilisation du web, les germanophones étant plus réticents à s’exprimer sur la toile.

Cette distinction correspond aux lignes de démarcation observées en Europe. «Le blog a très bien pris dans les pays latins, contrairement aux pays du nord de l’Europe, à commencer par l’Allemagne», remarque Laurent Haug.

L’usage du blog et des nouvelles technologies est donc conditionné par l’univers culturel de ses usagers.

«Les Français sont les premiers blogueurs politico-économique d’Europe, souligne Thierry Maillet. En Corée du sud, par contre, les journalistes citoyens (2 millions de personnes sur 40 millions) abordent surtout des thèmes de société, tandis qu’en Amérique du sud, les blogs font la part belle aux divertissements.»

Et l’auteur de «Génération participation» de rappeler: «Nous vivons un changement de paradigme et les blogs sont l’expression la plus claire de ce changement. Ce qui n’empêche pas un certain essoufflement du phénomène, car tout le monde n’a pas forcément quelque chose à dire.»

Le souffle de la liberté

«Mais la libération de la parole engendrée par ce phénomène est exceptionnelle, martèle le chercheur français. Cela conduit actuellement les entreprises et les administrations à intégrer ces nouveaux outils de communication que sont les blogs et les wiki.»

Un point de vue que partage Laurent Haug: «Grâce à Internet, j’ai l’impression de vivre dans une société beaucoup plus démocratique. Plus personne ne peut narguer le monde depuis son piédestal.»

Stefana Broadbent signale une autre tendance lourde qui se manifeste au travers du web. «Ce qu’on observe, c’est l’entrée massive de la vie privée dans l’univers professionnel et non l’inverse. Via les emails, les SMS ou les messageries instantanées, les gens restent en contact avec leurs proches», assure la chercheuse de Swisscom.

Et de rappeler: «Sur Internet, on voit moins de personnes qui cherchent des informations sur le monde que des informations liées à leur sphère personnelle, que se soit des informations locales ou celles qui touchent leurs centres d’intérêt.»

Reste à savoir si cette communication sans entrave menace de surcharger ses usagers, un thème abordé par Lift. «Ce qui est sûr, c’est que les internautes sont connectés en permanence ou presque à leur groupe d’amis et leur vie privée. Le sentiment de surcharge dépend en fait de la capacité de chacun à gérer plusieurs tâches à la fois», estime Stefana Broadbent.

Le risque de l’immédiateté

Thierry Maillet, lui, pointe un autre risque: «L’immédiateté engendrée par les nouvelles technologies de l’information et de la communication menace la pensée réflexive. Elle engendre de grands risques de réaction épidermiques et violentes. Il faut donc apprendre à ne pas réagir tout de suite.»

Le chercheur français estime par contre que la participation accrue des citoyens grâce au web facilitera un développement durable de nos sociétés face aux défis du dérèglement climatique.

Inventeur du concept de «consommacteur», Thierry Maillet estime en effet que nous sommes en train de quitter l’ère de la surconsommation pour entrer dans le temps de l’utilisation responsable des produits et la participation des acheteurs à la conception de ces produits.

Dans le monde virtuel par contre, l’abondance sera toujours de mise. Ce qui fait dire à Thierry Maillet: «Aujourd’hui, il est plus facile de se passer de sa voiture une journée que de l’Internet et de la téléphonie mobile.»

swissinfo, Frédéric Burnand à Genève

Lift est une réunion internationale qui tente d’évaluer l’impact des nouvelles technologies sur nos vies.

Elle se tient à Genève. Pour sa 2ème édition, du 7 au 9 février, Lift a attiré 550 participants issus de 30 pays, soit 200 de plus que l’année dernière.

Son objectif général est de réunir et de connecter les personnes actives dans le domaine des nouvelles technologies.

Cette année, la conférence porte sur les technologies et terminaux mobiles, les objets communicants, l’interaction homme machine, sans oublier le fossé numérique et la surcharge technologique qui entrave la productivité.

L’année prochaine, Lift veut centrer ses réflexions sur l’Afrique.

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