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Les contacts à haut risque de Tariq Ramadan

Le professeur Tariq Ramadan, photographié à Genève. Keystone Archive

Selon la police espagnole, le professeur Tariq Ramadan aurait eu des contacts avec un responsable d’Al-Qaida.

Mais en Suisse, l’auteur du livre «Les musulmans d’Occident et l’avenir de l’islam» n’est pas dans la ligne de mire de la lutte antiterroriste.

Existe-t-il deux Tariq Ramadan? Le premier, enseignant d’islamologie à l’université de Fribourg, professerait un islam modéré, et signerait des ouvrages remarquables avec Alain Gresh, directeur de la rédaction du «Monde diplomatique», et avec le chercheur Jacques Neirynck, député démocrate-chrétien suisse.

L’autre, plus secret, serait proche des islamistes les plus actifs, voire de terroristes. Pour l’avoir accusé d’user du double langage dans un dossier consacré aux réseaux islamistes à Lyon, le magazine «Lyon Mag» a été condamné pour diffamation en mai 2003.

Cette fois, l’attaque vient de Madrid. Deux documents émanant de la direction générale de la police, signale qu’Ahmed Brahim, 57 ans, de nationalité algérienne, arrêté en avril 2002 et soupçonné d’appartenir à Al-Qaida, aurait des «contacts habituels» avec Tariq Ramadan.

Un dirigeant d’Al-Qaida

Cette mise en cause n’est pas innocente. Ahmed Brahim passe pour un financier du réseau terroriste animé par Oussama Ben Laden. Dès octobre 2001, à la demande des Etats-Unis, la Cellule de renseignement financier (CRF) du Luxembourg a bloqué 2 millions d’euros sur ses comptes.

Malgré plusieurs messages laissés sur son téléphone portable, Tariq Ramadan n’a pas souhaité répondre. Lundi après-midi 14 juillet, la boîte vocale de cet enseignant était même saturée.

Que pensent les services de renseignement suisses de cette affaire? Ils considèrent que sans preuve formelle, ce penseur musulman ne peut pas être inquiété.

«Le fait d’entretenir des contacts avec un membre important d’Al-Qaida en 1999 et 2000 ne prouve pas que vous soyez un terroriste», souligne un spécialiste de la lutte antiterroriste.

Un penseur islamiste

La police suisse n’a donc pas le droit de faire écouter le Centre islamique de Genève, fondé par le père de Tariq Ramadan et dirigé par son frère aîné, Hani Ramadan.

De la même façon, si le Luxembourg se vante d’avoir bloqué les avoirs de «toutes les personnes et entités proposées par les autorités américaines» après le 11 septembre 2001, les banquiers suisses, en revanche, se sont montrés beaucoup plus circonspects.

En clair, la législation suisse affirme défendre davantage que ses voisins européens les droits des individus. Et jusqu’à preuve du contraire, Tariq Ramadan est un penseur islamiste et pas un dangereux terroriste.

swissinfo, Ian Hamel

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