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Les députés brésiliens excluent Eduardo Cunha

Par 450 voix pour, 10 voix contre, et 9 abstentions la chambre basse du Congrès brésilien a retiré son immunité parlementaire à Eduardo Cunha, poursuivi pour corruption par la Cour suprême. L'homme est désormais menacé d'arrestation. KEYSTONE/EPA EFE/FERNANDO BIZERRA JR. sda-ats

(Keystone-ATS) La chambre basse du Congrès brésilien a voté lundi l’exclusion de son ancien président Eduardo Cunha pour avoir nié l’existence de comptes bancaires lui appartenant en Suisse. Elle lui a en outre infligé huit années d’inéligibilité.

“Je déclare la perte du mandat du député Eduardo Cunha pour conduite incompatible avec le mandat parlementaire”, a annoncé l’assemblée dans un jugement rendu dans l’enceinte après le vote.

Par 450 voix pour, 10 voix contre, et 9 abstentions les députés ont retiré son immunité parlementaire à Eduardo Cunha, poursuivi pour corruption par la Cour suprême. Il est désormais menacé d’arrestation.

Ce député évangélique ultra-conservateur de 58 ans a menacé d’entraîner d’autres responsables politiques dans sa chute, ce qui pourrait affaiblir le nouveau gouvernement.

Représailles

Il est accusé d’avoir “menti” à ses pairs en niant avoir été titulaire de comptes bancaires secrets à l’étranger, devant une commission d’enquête parlementaire sur le scandale de corruption autour de la compagnie pétrolière publique Petrobras.

L’enquête judiciaire a par la suite permis de découvrir qu’il était titulaire d’au moins un compte bancaire secret en Suisse. Et environ cinq millions de dollars d’origine suspecte y ont transité.

Ce Machiavel brésilien aux cheveux poivre et sel et aux costumes italiens impeccables avait déclenché en décembre 2015 la procédure de destitution contre Dilma Rousseff. Procédure menée en représailles au vote des députés de son Parti des travailleurs (PT, gauche) pour son propre renvoi devant la Commission d’éthique du parlement.

Ce personnage central de la crise politique brésilienne, ennemi juré de l’ex-dirigeante de gauche, avait été suspendu le 5 mai de ses fonctions de président de l’Assemblée par le Tribunal suprême fédéral (STF).

Personnage extrêmement influent ayant fédéré autour de lui les secteurs les plus conservateurs du Parlement, Eduardo Cunha a incarné l’aile dure du Parti du Mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre-droit) de l’actuel président Michel Temer. Ce dernier a succédé le 31 août à Dilma Rousseff, destituée de ses fonctions pour maquillage des comptes publics.

Orchestration

M. Cunha a usé pendant 11 mois d’incessants subterfuges pour freiner la procédure qui pourrait lui faire perdre son mandat. Dimanche, 300 députés (sur un total de 513) avaient indiqué au quotidien O Globo qu’ils voteraient pour la révocation du mandat de M. Cunha. Le minimum requis était de 257.

M. Cunha a été abandonné par un grand nombre de ses anciens soutiens.

Dilma Rousseff accuse M. Cunha et son ancien vice-président Michel Temer d’avoir orchestré un “coup d’Etat” parlementaire à son encontre et continue de clamer son innocence.

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