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Les essais sur les animaux ne doivent pas être interdits

L'initiative "Oui a l'interdiction de l'expérimentation animale et humaine" va trop loin, selon les sénateurs. KEYSTONE/LEANDRE DUGGAN sda-ats

(Keystone-ATS) Le Parlement ne veut pas interdire les expérimentations animales en Suisse. Après le National, le Conseil des Etats s’est tacitement opposé lundi à une initiative populaire l’exigeant.

Lancée en 2017 par des citoyens saint-gallois, l’initiative propose de remplacer la pratique actuelle par des méthodes alternatives plus éthiques. Elle prévoit aussi d’interdire le commerce, l’importation et l’exportation de produits faisant directement ou indirectement l’objet d’expérimentations sur des animaux.

Sa mise en œuvre aurait des conséquences négatives sur la santé, sur l’économie, ainsi que sur le pôle de recherche suisse, a déclaré Hannes Germann (UDC/SH) au nom de la commission.

Pas de vaccins

Sans essais sur les animaux, les vaccins contre la grippe ou contre le coronavirus développés à l’étranger n’auraient pas été autorisés en Suisse, a-t-il poursuivi.

Au-delà de la crise du Covid-19, c’est toute la recherche suisse qui serait isolée. Les essais sur les humains seraient aussi interdits, ce qui poserait de gros problèmes pour les études cliniques en Suisse. L’initiative signerait la fin de recherches dans de multiples domaines comme le cancer ou la neurologie. Il faudrait aussi compter avec la fuite des cerveaux.

Avec ce texte, le pays devrait délocaliser ses essais à l’étranger sans y avoir accès alors que la Suisse dispose d’une des bases légales les plus exigeantes dans le domaine, a abondé le ministre de la santé Alain Berset.

Pas de contre-projet

Tous les partis sont d’avis que l’initiative va trop loin. Les Verts ont toutefois regretté qu’aucun contre-projet ne soit sur la table et souligné la nécessité de développer la recherche sans animaux. “La Suisse doit innover en trouvant des méthodes alternatives”, a déclaré Maya Graf (Verts/BL).

Le gouvernement investit déjà dans cet objectif, a rappelé Alain Berset. Depuis 2018, un centre de compétence a été créé avec les hautes écoles et l’industrie pharmaceutique pour promouvoir les méthodes de substitution à l’expérimentation animale selon les principes 3R (Replace, Reduce, Refine).

De plus, le nombre d’expérimentations animales baisse régulièrement en Suisse. Elles s’élevaient encore à deux millions en 1983, mais plus qu’à 586’000 en 2018.

Soutien de 80 organisations

Les sénateurs se sont également prononcés contre deux pétitions déposées par des associations de défense animale visant le même objectif que l’initiative populaire.

Le Conseil national a rejeté ce printemps l’initiative et n’a pas voulu lui opposer un contre-projet. Le bien-être animal est important, mais l’initiative a été jugée trop radicale.

L’initiative “Oui à l’interdiction de l’expérimentation animale et humaine – Oui aux approches de recherche qui favorisent la sécurité et le progrès” est soutenue par quelque 80 organisations et entreprises. La Protection suisse des Animaux (PSA) n’en fait pas partie. Parmi les personnalités qui l’appuient figurent des membres du PS et des Verts et des partisans de la cause animale.

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