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Les Jeux de la Francophonie en quête de visibilité

Reuters

Du 27 septembre au 6 octobre se déroule au Liban la 6e édition des Jeux de la Francophonie. Près de 3000 sportifs et artistes de plus de 40 pays, dont une vingtaine en provenance de la Suisse, seront réunis pour cet événement qui tente de sortir de l'anonymat.

Des conteurs, des judokas, des écrivains et des footballeurs réunis durant 10 jours à Beyrouth dans un étonnant patchwork multiculturel: après le Niger en 2005, c’est au tour du Liban d’organiser l’édition 2009 des Jeux de la Francophonie.

Créés en 1987 à Québec lors du deuxième Sommet de la Francophonie, les Jeux réunissent durant l’année qui suit les olympiades d’été des sportifs, mais aussi des artistes, en provenance de pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Au-delà de la compétition, les différentes épreuves et concours ont pour but notable de promouvoir le dialogue, les échanges culturels et le rapprochement entre jeunes francophones de tous horizons.

Petite délégation suisse

Cette année, la Confédération enverra une délégation de 22 personnes au Liban. «La Suisse est un membre important de l’OIF, il va de soi que nous tenons à participer à ces Jeux», affirme Patrick Pardo, responsable du Service de la Francophonie au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

La Suisse sera représentée dans plusieurs sports (athlétisme, judo, beachvolley, tennis de table) mais aussi dans deux «disciplines culturelles», la littérature, avec l’auteur genevois Michaël Perruchoud, et la chanson, par l’entremise du Franco-Suisse Nicolas Fraissinet.

Contrairement aux jeux du Commonwealth, leur pendant anglo-saxon, dont la première édition date de 1930, les Jeux de la Francophonie n’ont jamais réussi à conquérir le cœur du grand public. Conséquence: les sportifs ou les artistes de premier plan montrent souvent peu d’intérêt à faire le déplacement.

Améliorer la visibilité

«Il y a de nombreuses discussions au sein de l’OIF pour tenter de rendre ces Jeux plus visibles, explique Patrick Pardo. Le rôle incombe d’une part à la Francophonie en tant qu’institution, mais aussi aux pays participants, qui doivent améliorer leur communication envers le grand public afin de promouvoir les valeurs véhiculées par ces Jeux.»

Le représentant du DFAE est cependant conscient qu’il sera difficile d’inverser la tendance tant que les fédérations sportives et les comités culturels nationaux n’auront pas placé ces Jeux plus haut dans la hiérarchie des événements internationaux d’importance.

A l’heure actuelle, les fédérations sportives utilisent avant tout ces Jeux pour offrir à de jeunes athlètes peu connus la possibilité de faire leurs premiers pas au niveau international.

Un tremplin pour jeunes talents

Ainsi, pour la Fédération suisse d’athlétisme, ces Jeux «doivent servir de tremplin pour la carrière internationale d’un jeune athlète qui n’a encore juste pas le niveau de performance suffisant pour prétendre à une sélection pour un Championnat d’Europe ou du Monde».

Exception à la règle, Julien Fivaz, 30 ans, spécialiste confirmé du saut en longueur. «Comme je n’ai pas pu me rendre aux Mondiaux de Berlin et à d’autres compétitions internationales en raison de blessures à répétition, j’ai décidé de participer aux Jeux de la Francophonie.»

En désespoir de cause, donc? «Non, le niveau n’est pas si mauvais que ça. C’est toujours intéressant pour le palmarès de pouvoir remporter une médaille dans une compétition internationale. Et puis, l’ambiance est beaucoup plus décontractée que lors d’autres grands rendez-vous. C’est aussi l’occasion de découvrir d’autres cultures, notamment à travers les soirées musicales et les spectacles.»

Des Jeux en Suisse?

Organisés alternativement dans un pays du Sud et du Nord, les Jeux de la Francophonie 2009 auraient très bien pu se dérouler sur territoire suisse. Le Valais s’était d’ailleurs montré intéressé, mais avait dû renoncer en raison d’un manque de soutien de la Confédération.

Pourtant, faute de pouvoir prétendre à l’organisation de Jeux olympiques, comme l’a démontré l’échec de la candidature de Sion 2006, les Jeux de la Francophonie pourraient représenter une bonne alternative pour un petit pays comme la Suisse.

«Avant de vouloir organiser ces Jeux, il faut d’abord qu’ils trouvent une place plus importante dans les objectifs nationaux en matière de sport. Il s’agit davantage d’une question de volonté politique que de moyens financiers», estime Patrick Pardo.

Pascal Couchepin en ambassadeur

La perspective de Jeux de la Francophonie se déroulant sur territoire suisse semble donc encore lointaine. En matière de sport et de francophonie, la Suisse n’est toutefois pas en reste. Le conseiller fédéral démissionnaire Pascal Couchepin a en effet été désigné «Grand Témoin de la Francophonie» en vue des prochains Jeux olympiques d’hiver qui auront lieu à Vancouver en février 2010.

«Un poste de haute visibilité qui a pour mandat de faire valoir l’utilisation du français aux Jeux olympiques», explique Patrick Pardo. «Le français est une langue officielle du mouvement olympique et l’OIF a pour habitude de confier ce mandat à des personnalités politiques de renom».

Samuel Jaberg, swissinfo.ch

Liban. Du 27 septembre au 6 octobre se déroulent à Beyrouth, au Liban, les 6e Jeux de la Francophonie. Organisée tous les quatre ans depuis 1989, la manifestation réunit près de 3000 athlètes et artistes de plus de 40 pays qui s’affrontent dans des compétitions sportives et des concours culturels.

Alternance. Les Jeux ont lieu en alternance dans un pays du Nord et du Sud. Ils sont placés sous l’égide du Comité International des Jeux de la Francophonie (CIJF), un organe émanant de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Des noms prestigieux. Les Jeux de la Francophonie ont souvent offert une première tribune internationale à de jeunes talents qui ont ensuite brillé sur la scène mondiale. Parmi les plus connus, on peut citer Hicham El Guerrouj (Maroc / athlétisme), Marie José Pérec (athlétisme), David Douillet (judo) ou encore Mayra Curado Andrade (chanson).

Athlétisme: Monica Augustin-Vogel, Sibylle Dürrenmatt, Gaëlle Fumeaux Gaëllle, Lara Kronaue, Beatrice Lundmark, Stéphanie Vaucher, Petra Pechstein, Catherine Manigley, Julien Fivaz

Judo: Larissa Csatari, Yann Mages, Rraphaël De Moliner, Damien Haldi, Patrick Moser

Tennis de table: Nicolas Mohler, Rachel Moret

Beachvolleyball: Andreas Sutter, Roman Sutter, Muriel Graessli, Romana Kayser

Littérature: Michaël Perruchoud

Chant: Nicolas Fraissinet

Fondée sur le partage du français, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) compte 56 États et gouvernements membres et 14 observateurs, totalisant une population de plus de 800 millions de personnes.

Membre de l’OIF depuis 1989, la Suisse participe à l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), l’Association internationale des Maires francophones (AIMF), TV5 Monde, l’Université Senghor d’Alexandrie.

La Suisse est aussi représentée au sein de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (AUF), de la Conférence des ministres de la Jeunesse et des sports des pays francophones (CONFEJES) et de celle des ministres de l’éducation des pays francophones.

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