Des perspectives suisses en 10 langues

Les parcs naturels ne sont plus une priorité

Le seul Parc national de Suisse a été créé en 1914 en Engadine. RTS

L’état des finances fédérales a eu raison des projets de parcs naturels. Le gouvernement a décidé mercredi de supprimer la question de son programme de législature 2004-2007.

En juillet dernier, il avait pourtant annoncé qu’il allait réviser la loi sur la protection de la nature et du paysage (LPN).

Avec cette révision de la LPN, il était question de soutenir la création, au cours des dix prochaines années, d’un à deux nouveaux parcs nationaux, de six à dix parcs naturels régionaux ainsi que de trois à cinq parcs naturels périurbains.

Le point central de la révision de la loi portait sur le financement des projets, auxquels il était prévu que la Confédération accorde 10 millions de francs par an. Une somme qui aurait été apportée par l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage.

Ce qui aurait eu pour conséquence de contraindre l’OFEFP à épargner dans d’autres domaines, comme la forêt. Une démarche qui n’a pas convaincu le Conseil fédéral (gouvernement), selon le patron de Pro Natura.

Le ministre de l’Environnement, lui, a regretté expressément devant la presse le rejet de ce projet, pourtant soutenu par tous les cantons. Mais Moritz Leuenberger a déclaré devoir assumer la décision du Conseil fédéral comme le veut le principe de collégialité.

La révision de la loi devrait donc être reportée à la prochaine législature, soit 2008-2011.

Déception de Pro Natura

La réaction de Pro Natura est claire: «Nous sommes très très déçus», déclare Otto Sieber, secrétaire central de l’organisation.

«C’était un projet tellement bien préparé sur le plan juridique, mais aussi sur le plan pratique, avec trois douzaines de projets dans tout le pays», explique-t-il.

Mais Otto Sieber n’entend pas baisser les bras et veut essayer de faire changer d’avis le Conseil fédéral.

Une initiative populaire pourrait être lancée. Mais le secrétaire central de Pro Natura admet que cette voie serait longue et n’aboutirait probablement pas avant la législature suivante.

Il serait aussi possible que les régions aillent quand même de l’avant sans la Confédération. Mais ce serait une solution onéreuse, reconnaît Otto Sieber. De plus, tous les cantons ne pourraient pas se le permettre.

Autre possibilité envisagée: le lobbying parlementaire. Car, dit-il, c’est le Parlement qui peut obliger le gouvernement à agir autrement. D’autant que le projet de révision de la loi avait obtenu un large soutien lors de la procédure de consultation.

Opposition de l’UDC

Outre les cantons, les organisations écologistes et la gauche étaient aussi largement favorables à ces projets de parcs naturels.

Le Parti radical-démocratique (PRD/droite) et le Parti démocrate-chrétien (PDC/centre-droit) n’y opposaient que quelques bémols, ces derniers craignant en particulier une spirale des dépenses.

Seule l’Union démocratique du centre (UDC/droite dure) y était totalement opposée. Elle estimait que la loi sur la protection de la nature et du paysage ne devait pas être étendue et qu’il n’était pas nécessaire de créer de nouveaux types de parcs.

Trois catégories de parcs

Trois catégories de parcs devaient être inscrites dans la loi. Les parcs nationaux devaient comprendre une zone centrale, dans laquelle la nature aurait été laissée à elle-même et où l’accès au public aurait été limité, et une zone périphérique exploitable, notamment par la recherche scientifique.

Le «parc naturel régional», selon la nouvelle terminologie prévue, aurait dû couvrir une surface de 100 km² au moins, dont une majeure partie constituée d’espace rural.

Il aurait eu pour but de conserver et mettre en valeur la qualité de la nature, du paysage et de la culture, de renforcer l’économie axée sur le développement durable et de favoriser la qualité de vie de la population.

Les parcs naturels périurbains, créés à proximité des agglomérations et accessibles en transports publics, auraient dû permettre à la population d’avoir un contact avec la nature. Leur surface aurait été nettement inférieure à celle des deux autres catégories.

Actuellement, il n’y a qu’un seul Parc national. Il a été créé en 1914 en Engadine. La création d’un second Parc national était en gestation. Pro Natura aurait souhaité qu’il ouvre en 2009. Ce projet a maintenant sérieusement du plomb dans l’aile.

swissinfo et les agences

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision