Des perspectives suisses en 10 langues

Les sénateurs brésiliens décident de juger Dilma Rousseff

Dilma Rousseff nie avoir enfreint le droit et affirme être victime d'une conspiration organisée par l'opposition de droite (archives). KEYSTONE/AP/ERALDO PERES sda-ats

(Keystone-ATS) Les sénateurs brésiliens se sont prononcés mercredi en faveur de la tenue d’un procès en destitution contre la présidente Dilma Rousseff, suspendue depuis mai dernier pour maquillage des comptes publics. Les sénateurs devraient rendre leur verdict à la fin du mois.

Après 20 heures de débats tendus, les 81 membres de la chambre haute du Parlement ont voté à l’aube par 59 voix contre 21 l’ouverture d’un procès en destitution. La séance, dirigée par le président du Tribunal suprême Ricardo Lewandowski, était l’avant-dernière étape d’un marathon politique entamé il y a plusieurs mois à Brasilia.

Le procès de Mme Rousseff devrait s’ouvrir le 25 août, quatre jours après la fin des Jeux Olympiques de Rio, et durer cinq jours. Il se tiendra devant le Sénat, de nouveau présidé pour l’occasion par Ricardo Lewandowski.

Le vote final se fera à la majorité des deux tiers, soit 54 voix. En cas de destitution définitive, la présidente sera remplacée jusqu’à la fin de son mandat, en 2018, par l’actuel président par intérim – et ancien vice-président de Mme Rousseff – Michel Temer (PMDB, centre droit).

Dilma Rousseff serait alors le deuxième chef de l’Etat brésilien à être écarté du pouvoir, après Fernando Collor en 1992. M. Collor avait démissionné trois mois après l’ouverture d’une procédure de destitution pour corruption, au moment où le Sénat s’apprêtait à le reconnaître coupable.

“Conspiration de la droite”

Un rapport, publié la semaine dernière, a conclu que la présidente s’était rendue coupable de violation de la Constitution en manipulant les comptes publics en vue de favoriser sa réélection en 2014. Ce document a manifestement renforcé la détermination des sénateurs à juger la présidente.

En mai, sa suspension temporaire n’avait été votée “que” par 55 voix contre 22. Dilma Rousseff nie avoir enfreint le droit et affirme être victime d’une conspiration organisée par l’opposition de droite, dont Michel Temer est le chef de file.

“Les dés sont pipés”

La destitution de Mme Rousseff mettrait fin à plus de 13 ans au pouvoir pour le Parti des Travailleurs (PT, gauche), entamés avec l’élection de Luiz Inácio Lula da Silva en 2003. L’ex-président a lui-même été inculpé fin juillet pour tentative d’entrave à la justice dans le cadre de l’enquête sur le scandale de corruption lié au groupe pétrolier Petrobras.

“Les dés sont pipés. Il n’y aura pas de procès, juste un verdict écrit à l’avance”, a dénoncé mardi le sénateur du PT Jorge Viana pendant le débat au Sénat. La procédure en destitution est orchestrée par une élite qui s’oppose au progrès social, a affirmé Jorge Viana.

Les partisans de Dilma Rousseff dénoncent aussi le fait que la cheffe de l’Etat soit jugée par le Sénat, dont de nombreux élus sont soupçonnés par la justice d’avoir reçu des pots-de-vin dans le cadre du scandale Petrobras.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision