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Les sociétés suisses “n’ont plus de raison” de bouder l’Argentine

(Keystone-ATS) Le succès du président argentin Mauricio Macri aux récentes législatives doit inciter les entreprises suisses à venir, selon le président de la Chambre de commerce Suisse-Argentine (CCSA). Si la réglementation est encore trop élevée, l’intérêt augmente depuis 2 ans.

Et plusieurs acteurs ne s’inquiètent pas trop d’un éventuel accord UE-Mercosur. Avec l’arrivée début 2016 du président au pouvoir, “nous nous sommes ouverts au monde”, dit dans un entretien exclusif accordé à l’Agence Télégraphique Suisse (ats) le président de la CCSA Rodolfo Dietl. “Avant, c’était une totale pagaille pour importer.”

Lors de la venue de la présidente de la Confédération Doris Leuthard en avril dernier à la tête d’une délégation économique, la situation politique était encore suspendue aux législatives. Désormais, “les entreprises suisses n’ont plus de raison” de ne pas s’établir en Argentine, assène M. Dietl qui dispose de la double nationalité.

Pour autant, le président de la CCSA demande aussi aux autorités des deux pays d’investir dans les conditions qui permettront ces transactions de s’étendre. En Argentine, “beaucoup reste à faire. Nous devons réduire les coûts du travail”, affirme M. Dietl. Il s’attend à une longue discussion sur le projet de loi de M. Macri.

Deuxième marché sud-américain

L’amélioration ne semble pas se refléter encore sur les chiffres. En 2016, les exportations argentines avaient reculé de près de 10% à 1,1 milliard de dollars (environ un milliard de francs). Et les importations avaient chuté de 25% pour atteindre un peu plus de 500 millions.

Mais avant, quasiment aucune entreprise suisse ne sollicitait la CCSA pour des consultations. En 2016, elles étaient une cinquantaine et le même nombre depuis janvier dernier, dit la directrice Cecilia Dibarbora. Les études de marché ont quasiment triplé, de 6 l’année dernière à 15 au total cette année.

L’Argentine constitue le troisième marché latino-américain pour la Suisse, le deuxième en Amérique du Sud. Mais l’écart avec le Brésil est trop important à combler. L’objectif est “d’être un bon numéro trois”, dit M. Dietl.

Pas d’inondation bovine

Symbole de cette embellie, le consultant et entrepreneur argentino-suisse Diego Zbar a décidé de rentrer au moment de l’élection de M. Macri après 20 ans en Suisse romande. Revenu depuis un an, il travaille sur une fusion-acquisition pour une entreprise argentine au nom du groupe bâlois BridgeLink. Il conseille également quatre entreprises suisses de l’alimentaire ou des nouvelles technologies.

Il a également lancé sa propre société. D’un côté, il finalise des contacts avancés avec une importante start-up romande des fintech. Et de l’autre, il importe un complément alimentaire américain pour les bovins.

Diego Zbar tient à rassurer les agriculteurs suisses sur la perspective d’un accord de libre-échange entre l’Association européenne de libre-échange (AELE), dont fait partie la Suisse, et le marché commun du sud de l’Amérique du Sud (Mercosur).

Selon lui, la viande argentine ne va elle pas inonder les magasins suisses. “Le marché helvétique est assez petit. Il exige une qualité énorme. Ces conditions ne sont pas toujours possibles” pour l’Argentine.

Comme le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, M. Zbar estime qu’un accord entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur demanderait une réaction rapide de l’AELE. Mais il est confiant, en raison de “la capacité à faire des affaires” de la population suisse.

Or, agriculture ou pharma

Selon M. Dietl, les négociations techniques entre UE et Mercosur pourraient prendre encore des mois. “Il sera plus facile et plus rapide d’obtenir un accord que l’UE”, est-il convaincu. L’agriculture “a toujours été un problème” dans les discussions avec l’Argentine qui est compétitive.

“La capacité de production agricole va continuer d’être le moteur du pays”, selon M. Zbar. Mais la transition énergétique va également être importante. “Nous devons décider si nous voulons être le Venezuela ou la Norvège”.

D’ici à deux ans, l’Argentine, qui souhaite être considérée comme un pays industrialisé, devrait pouvoir augmenter à 8 millions le nombre de consommateurs réguliers dans un pays de près de 45 millions d’habitants, selon lui.

La quasi-totalité des exportations argentines vers la Suisse portent sur l’or. Sur le plan des investissements suisses, un peu plus d’un tiers va vers l’agriculture, un peu moins d’un quart est lié à la pharma ou à des matériaux et 7% dans l’énergie pétrolière.

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