Les Suisses “résistent” aux antibiotiques
Selon une étude du Fonds national de la recherche scientifique (FNS), personne en Europe ne consomme aussi peu d'antibiotiques que les Suisses.
Il existe toutefois de grosses différences entre les cantons. Pour preuve, les médecins genevois prescrivent presque trois fois plus d’antibiotiques que leurs confrères appenzellois.
Pour la première fois, une étude systématique s’intéresse à la consommation d’antibiotiques en Suisse en dehors du milieu hospitalier.
Les résultats montrent que les médecins suisses prescrivent ces médicaments avec plus de retenue que leurs collègues des pays voisins. Ainsi, même les cantons comptabilisant les ventes les plus élevées restent encore bien en dessous de la moyenne européenne.
Des prescriptions inutiles
Les antibiotiques combattent les infections bactériennes, rappelle le Fonds national de la recherche scientifique (FNS).
Inefficaces contre les maladies virales comme la grippe ou le refroidissement, ils sont pourtant encore souvent prescrits dans ces situations. Ce qui, soit dit en passant, contribue à augmenter la résistance bactérienne aux antibiotiques et occasionne des coûts inutiles.
Selon les chercheurs, les principales différences entre les cantons mettent clairement en évidence cette consommation inutile.
Les Romands en tête
Ainsi, les médecins de Genève prescrivent trois fois plus d’antibiotiques que ceux d’Appenzell.
Il s’avère par ailleurs que la consommation semble plutôt diminuer chez les patients au bénéfice d’une bonne formation et de revenus élevés.
De plus, les Romands et les Tessinois absorbent davantage d’antibiotiques que les Alémaniques.
Pour la Romandie, il pourrair s’agir d’une question de culture, la France voisine étant un des pays au monde où l’on consomme le plus de médicaments.
De même, les personnes de plus de 65 ans consomment moins d’antibiotiques que les jeunes. Les auteurs de l’étude supposent que cette classe d’âge est moins exposée aux affections du fait qu’elle n’a plus de contacts professionnels.
L’usage des antibiotiques dans les homes et établissements médico-sociaux n’a toutefois pas été mesuré, l’étude ne tenant compte que de la consommation en médecine ambulatoire.
Le rôle du médecin
Un autre facteur très important est la densité des médecins: plus une région est dotée en cabinets médicaux, plus on y consomme d’antibiotiques. La densité des pharmacies dans une région n’a en revanche pas d’influence.
Par contre, le bas prix des médicaments, un fort pourcentage d’étrangers et la fréquence des infections sont aussi des facteurs stimulant la consommation d’antibiotiques. Les chercheurs étudient encore l’impact de la vente directe d’antibiotiques par les médecins qui est admise dans certains cantons. Les médecins pourraient y trouver un intérêt économique.
Une question encore ouverte est celle de la relation entre la consommation d’antibiotiques et l’apparition de bactéries résistantes. Il sera bientôt possible d’y répondre grâce à un autre volet de ce projet de ce Programme national de recherche 49.
swissinfo et les agences
– De plus en plus de bactéries développent une résistance aux antibiotiques. Le risque existe, au niveau planétaire, de se retrouver face à un nombre croissant d’infections impossibles à traiter.
– Le Programme national de recherche 49 est consacré à cette question de la résistance aux antibiotiques.
– Doté de 12 millions de francs, il doit permettre de dresser un état des lieux du problème en Suisse, aussi bien pour les humains que pour les animaux et les denrées alimentaires.
– L’objectif de ce programme du Fonds national de la recherche scientifique (FNS) est de développer un système de surveillance national.
– Mais les chercheurs étudient également les conséquences sociales, légales, éthiques et économiques de la résistance aux antibiotiques.
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