Des perspectives suisses en 10 langues

Les Suisses ne veulent pas limiter la durée de vie de l’atome

Mission accomplie pour la conseillère fédérale Doris Leuthard: les Suisses n'ont pas suivi les Verts. La sortie du nucléaire reste au programme, mais elle se fera moins rapidement. KEYSTONE/THOMAS HODEL sda-ats

(Keystone-ATS) Les centrales nucléaires resteront branchées tant qu’elles peuvent fonctionner. L’initiative des Verts qui voulait tourner le bouton en 2029 a été rejetée dimanche par 54,2% des votants, à la grande satisfaction de Doris Leuthard. La participation avoisine les 45%.

L’initiative populaire voulait fermer les centrales au bout de 45 ans et remplacer l’atome par du courant vert. Beznau I, mise en service en 1969, aurait dû arrêter l’année prochaine. Idem pour les centrales de Beznau II et de Mühleberg, construites en 1972. Gösgen aurait dû être débranchée en 2024 et Leibstadt en 2029, soit dans treize ans.

Un résultat clair

Cette perspective a été repoussée par 1,3 million de personnes, alors qu’environ 1 million a glissé un “oui” dans l’urne. Un résultat clair, contrairement à ce que prévoyaient les instituts de sondage, a remarqué la conseillère fédérale Doris Leuthard.

Les plus farouches adversaires du texte se trouvent dans les cantons de Schwyz (68,1%) et d’Appenzell Rhodes-Intérieures (65,8%). L’initiative compte le plus de soutien dans les cantons de Bâle-Ville (60,5%) et de Genève (58,9%), talonnés par ceux du Jura (57,5%), Neuchâtel (56,8%), Vaud (54,6%) et Bâle-Campagne (50,4%). Les Valaisans (53,3%), Fribourgeois (51,5%) et Tessinois (53,7%) ont glissé un petit “non” dans l’urne.

Le refus de l’initiative s’élève à 60,5% dans le canton de Soleure, où se trouve la centrale de Gösgen et à 63% dans celui d’Argovie, qui abrite les centrales de Beznau et celle de Leibstadt. Le canton de Berne, où se situe la centrale de Mühleberg, rejette le texte à 56,2%.

Les initiants n’ont pas réussi à convaincre qu’il fallait mettre un terme rapide à une énergie nucléaire qu’ils jugent dépassée et dangereuse. En plus des risques, le nucléaire serait un “fiasco financier”. Avec les bas prix de l’électricité, il ne serait plus rentable.

Stratégie énergétique renforcée

Les Suisses se sont rangés à l’avis de la droite et du Conseil fédéral. Les Suisses n’ont pas voulu prendre le risque de subir des coupures de courant ou de devoir rembourser les propriétaires des centrales, a lancé la conseillère fédérale PDC.

Durant la campagne, Axpo a articulé le chiffre de 4 milliards de francs de dédommagements, Alpiq évoquant des pertes de 2,5 milliards.

La population veut quitter le nucléaire au profit des énergies renouvelables, mais veut laisser le temps nécessaire à leur développement, a commenté la ministre de l’énergie. “La stratégie énergétique nous donne les instruments pour ce tournant.” Elle sort renforcée de ce vote.

Le paquet de mesures pose les jalons d’un retrait par étapes en visant une réduction de la consommation d’électricité, un accroissement de la part de courant vert et une réduction des émissions de CO2. Adoptée en septembre par le Parlement, la réforme est remise en cause par l’UDC, qui a lancé un référendum.

La participation aux votations fédérales avoisine les 44%, dans la moyenne des derniers scrutins: 43% en septembre et 46% en juin. Mais elle tranche avec les 63% de février dernier. Les Suisses s’étaient prononcés sur le renvoi des criminels étrangers et d’autres sujets comme le tunnel routier du Gothard ou la pénalisation fiscale des couples mariés.

De leur côté, les communes proches des centrales nucléaires ont rejeté l’initiative des Verts bien plus nettement que la moyenne. Les taux de rejet dépassent les 70%, frôlant même les 90% à Leibstadt (AG).

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision