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Les varans ont conquis des îles du Pacifique sans l’aide des hommes

Andreas Schmitz, charge de recherche au Museum d'histoire naturelle de la ville de pose avec l'une des espèces de varans qui peuplent certaines îles micronésiennes. KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) Les varans qui peuplent certaines îles micronésiennes n’ont pas été introduits par les hommes. Ces gros lézards vivaient sur ces terres perdues en plein océan Pacifique bien avant que les humains ne les colonisent.

Cette conclusion est tirée d’une étude internationale à laquelle a participé le Muséum d’histoire naturelle de la Ville de Genève. Elle va à l’encontre de ce que la grande majorité des scientifiques pensait jusqu’à présent. Les zoologistes considéraient les varans qui occupent ces territoires comme des espèces invasives.

Les hommes auraient amené les redoutables prédateurs dans leurs bagages pour notamment lutter contre les rats, porteurs de maladies. Si cette explication est plausible pour les varans qui vivent dans certains endroits, comme sur l’île de Japtan, elle ne peut être généralisée à l’ensemble de la Micronésie.

Les données récoltées suggèrent clairement que les lézards ont atteint les Palaos et les îles Mariannes au cours du Pléistocène supérieur, donc bien avant l’arrivée des hommes, relève Andreas Schmitz, spécialiste en herpétologie (reptiles et batraciens) au Muséum de Genève et co-auteur de l’étude sur les varans.

L’étude internationale se fonde sur la morphologie et l’ADN d’un lot de 51 spécimens de varans conservés dans des collections scientifiques de musées d’histoire naturelle du monde entier. Elle montre que certaines îles du Pacifique abritent des espèces de varans nouvelles qui méritent d’être protégées, selon les chercheurs.

Un animal insatiable

Les varans sont en effet peu appréciés des populations locales. Ils sont voraces et s’attaquent aux poules et aux crabes dont se nourrissent les gens. Considérés comme nuisibles, les reptiles font l’objet de politiques d’éradication. Des centaines de bêtes ont déjà été abattues ces dernières années, déplore M.Schmitz.

Le chercheur espère que le fait de montrer aux populations locales que les varans qui cohabitent avec elles sont des espèces endogènes aidera à les protéger. Les grenouilles, à Genève, font beaucoup de bruit lors de la période d’accouplement. Ce n’est toutefois pas une raison pour les exterminer, souligne M.Schmitz.

Reste une énigme que la science n’a pas encore percée. Comment les varans ont pu atteindre ces îles lointaines et isolées si les hommes n’y sont pour rien? Une des explications est que les reptiles seraient arrivés sur des radeaux végétaux, portés par de puissants courants marins.

D’autres espèces de lézards, et même parfois des grenouilles, ont pris possession de nouvelles terres grâce à ces radeaux de fortune, souligne M.Schmitz. Le chercheur rappelle enfin que les varans qui ont fait l’objet de l’étude sont bien plus petits que leurs terribles cousins de Komodo. Ils ne mesurent pas plus de 1,5 mètre.

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