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Les Vert’libéraux, histoire d’une décennie

Même si les Vert'libéraux ont une influence limitée au Parlement, le parti sait parfaitement jouer de son rôle charnière (archives). KEYSTONE/GIAN EHRENZELLER sda-ats

(Keystone-ATS) Les Vert’libéraux fêtent leurs dix ans mercredi. Un anniversaire qui coïncide avec le départ de leur fondateur Martin Bäumle, mais qui ne devrait pas marquer un tournant. Son successeur, Jürg Grossen, ne compte pas réinventer la roue. La bonne stratégie pour survivre?

Né d’une alliance entre l’économie et l’écologie à Zurich en 2007, le parti est le fruit d’une scission avec les Verts, jugés trop à gauche. Après avoir connu des moments de gloire, comme lors des élections fédérales de 2011, où elle figure parmi les vainqueurs, la formation dégringole.

Quatre ans après, l’impact de la catastrophe de Fukushima s’est dissipé: l’environnement et la sortie du nucléaire n’ont pas constitué des thèmes de campagne en 2015. Les Vert’libéraux (PVL) perdent cinq de leurs douze sièges au National, ainsi que leurs deux conseillers aux Etats.

Autre défaite historique: en mars de la même année, leur première initiative visant à remplacer la TVA par une taxe sur l’énergie est balayée en votation par 92% des voix.

Mauvais pari?

Aujourd’hui, le parti dispose de son propre groupe parlementaire, de 19 sections cantonales, et il est établi dans 17 parlements cantonaux. Son poids est toutefois très modeste en Suisse romande, les Vert’libéraux ayant surtout effectué une percée outre-Sarine.

La conseillère nationale vaudoise Isabelle Chevalley est la seule élue romande sous la coupole fédérale. Mais en mai dernier, lorsqu’elle tente d’entrer au Conseil d’Etat vaudois au second tour en faisant liste commune avec l’UDC, elle suscite un tollé.

Cette alliance “contre nature”, d’après la gauche, est une première en Suisse. La direction du parti y voit une opportunité unique de remporter un siège au gouvernement.

Rôle charnière

Une démarche qui illustre le pragmatisme dont fait régulièrement preuve le PVL. Si le parti rejoint les Verts sur les questions environnementales, il vote souvent avec la droite sur les questions économiques et financières.

La formation ne suit toutefois par le camp bourgeois sur les sujets militaires: elle s’était notamment opposée à l’achat des avions Gripen.

Sur les questions de société, le PVL milite en faveur du mariage pour tous, et préfère une femme à un Tessinois pour succéder à Didier Burkhalter au Conseil fédéral. Enfin, il soutient un accord-cadre avec l’UE.

Au Parlement, les Vert’libéraux ont une influence limitée, mais le parti sait parfaitement jouer de son rôle charnière. Lors de la session parlementaire de printemps, il a fait durer le suspense avant de se rallier à la réforme de la prévoyance vieillesse 2020, lui assurant un succès sur le fil en se posant comme la voix de la raison.

Le PVL avait à l’inverse fâché la gauche sur l’imposition des bonus en 2012. Invoquant des raisons tactiques, il avait changé d’avis juste avant les votations finales et contribué à couler le contre-projet direct à l’initiative Minder contre les salaires abusifs, qui voulait imposer les bonus de plus de 3 millions de francs.

Meilleure communication

Le parti se trouve maintenant à la croisée des chemins. Les politologues n’ont cessé de le répéter: s’il veut survivre, il devra faire des choix et se profiler sur de nouveaux thèmes pour éviter de faire naufrage, à l’instar d’autres petites formations avant lui.

Même si le conseiller national Jürg Grossen (BE) ne devrait pas révolutionner les choses ou modifier le fond du programme du parti, les Vert’libéraux semblent vouloir changer de tactique. Ils s’expriment davantage sur l’immigration, la politique européenne ou encore la retraite, et veulent être plus présents dans les médias.

La stratégie sera-t-elle payante? Le parti aura-t-il survécu dans dix ans? Pour l’heure, après s’être battu contre vents et marées, il est toujours là.

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