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Liban: l’ex-général Michel Aoun assuré d’accéder à la présidence

Des partisans de Michel Aoun brandissent son portrait lors d'une manifestation à Beyrouth (archives). KEYSTONE/EPA/NABIL MOUNZER sda-ats

(Keystone-ATS) L’ex-général Michel Aoun est assuré de devenir le nouveau président libanais. Il a reçu jeudi l’appui de son adversaire politique, l’ancien Premier ministre sunnite Saad Hariri. L’annonce est vitale puisque le Liban n’a plus de président depuis mai 2014.

“Cette décision s’explique par la nécessité de protéger le Liban, l’Etat et le peuple mais elle dépend d’un accord”, a déclaré Saad Hariri lors d’une conférence de presse. L’ancien premier minstre, qui bénéficie du soutien de l’Arabie saoudite, espère mettre ainsi fin à l’impasse politique dans laquelle se trouver le Liban.

Les institutions politiques sont paralysées en raison notamment des antagonismes suscités par la guerre en Syrie voisine, entre partisans du régime de Bachar al-Assad, dont le puissant mouvement chiite Hezbollah, et les détracteurs du pouvoir de Damas. Les rivalités interchrétiennes minent également le processus d’élection d’un président.

Sous les applaudissements de l’auditoire, Saad Hariri a expliqué s’être mis d’accord avec M. Aoun “pour préserver le système politique, renforcer l’Etat, relancer l’économie, prendre nos distances avec la crise syrienne”.

“Nous voulons protéger notre pays de cette crise”, a-t-il insisté. Il s’est dit “optimiste qu’après l’élection du président de la République, nous allons pouvoir joindre nos mains à nouveau, pour des accomplissements qui profiteront aux citoyens et aux citoyennes, pour renforcer notre sécurité intérieure et notre union nationale”.

45 votes en vain

Michel Aoun devrait être élu le 31 octobre lors de la 46e réunion du Parlement organisée pour élire un président. Le vote a jusqu’ici échoué car la majorité des députés, notamment ceux favorables à Michel Aoun et ses alliés chiites du Hezbollah, avaient boycotté les séances précédentes.

Au Liban, le président est élu par le Parlement, qui compte 128 députés répartis à parts égales entre chrétiens et musulmans. Conformément au pacte national de 1943, le président est un chrétien maronite, le Premier ministre est musulman sunnite et le président du Parlement chiite.

Pour être élu, Michel Aoun a besoin de la majorité absolue des députés, ce qu’il est sûr d’obtenir grâce notamment aux voix de Saad Hariri, du Hezbollah et des Forces Libanaises. Parmi ses adversaires figure notamment le président du Parlement, Nabih Berri, chef de file du mouvement chiite Amal, proche lui aussi du Hezbollah.

Saad Hariri espère retrouver les fonctions de chef du gouvernement si le général Aoun est élu à la tête de l’Etat.

Un octogénaire charismatique

Agé de 81 ans, Michel Aoun, chrétien maronite issu d’un milieu modeste, a embrassé la carrière militaire. Petit, rondouillard, il est adulé comme chef charismatique par ses partisans et haï par ses adversaires.

Il fut l’un des plus farouches opposants au régime syrien et a même affronté son armée qui l’a chassé du pouvoir en 1990, avant de faire quinze ans plus tard volte-face et d’adoucir sa position vis-à-vis de Damas.

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