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Macron souhaite la création de centres d’enregistrement en Libye

Cinq centres d'enregistrement ("hotspot") existent en Grèce. Ces centres d'aiguillage ou de "tri" créés par l'Union européenne aux frontières extérieures de l'Espace Schengen permettent un premier enregistrement des migrants (archives). KEYSTONE/EPA ANA-MPA/ORESTIS PANAGIOTOU sda-ats

(Keystone-ATS) La France souhaite créer des “hotspots”, des centres d’examen des situations des candidats à l’asile, dès cet été en Libye, a déclaré jeudi Emmanuel Macron. Le projet ne pourra se réaliser que si les conditions de sécurité le permettent.

“L’idée est d’ouvrir des hotspots en Libye afin d’éviter aux gens de prendre des risques fous alors qu’ils ne sont pas tous éligibles à l’asile”, a dit le chef de l’Etat en marge d’une visite d’un centre d’hébergement de réfugiés à Orléans (Loiret).

“Les gens, on va aller les chercher”, a-t-il poursuivi. “Je compte le faire dès cet été (…) on va essayer de le faire avec l’Europe mais nous, la France, on le fera”, a-t-il ajouté.

“Aujourd’hui, le défi de l’Europe, c’est de tout faire pour se protéger et savoir accueillir celles et ceux que nous devons accueillir parce que leur vie est en danger, parce que ce sont des combattants de la liberté”, a déclaré le chef de l’Etat.

Accueil digne

“Je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, des hommes, des femmes, dans les rues, dans les bois”, a-t-il ajouté. “C’est une question d’humanité et d’efficacité. Je veux partout des hébergements d’urgence”. M. Macron s’est une nouvelle fois engagé à réduire les délais de traitement des demandes d’asile.

Cette décision s’inscrit dans “la volonté du président de la République d’avoir un accueil qui soit digne pour ceux qui relèvent du droit d’asile”, souligne-t-on dans l’entourage du chef de l’Etat. “A ce stade les conditions de sécurité ne sont pas réunies”, précise-t-on.

Depuis la chute de Mouammar Kadhafi, en 2011, la Libye est plongée dans le chaos. Le pays est devenu une plaque tournante des réseaux de passeurs et de trafiquants. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 100’000 migrants et réfugiés sont arrivés depuis janvier en Europe, dont plus de 85’000 ont débarqué en Italie en traversant la Méditerranée depuis les côtes libyennes.

Au-delà de la Libye, d’autres pays africains pourraient être concernés. “Nous créerons les voies et moyens de traiter les demandes d’asile sur le sol africain (…) pour éviter que des familles entières ne prennent des risques, parfois perdent la vie”, a souligné le président français.

Haftar accuse son rival

Mardi, le président français avait obtenu un accord entre les deux hommes forts de Libye, Khalifa Haftar et Fayez al Sarraj. Toutefois, l’homme fort de l’Est libyen, M. Haftar, a accusé son rival, chef du gouvernement d’entente nationale (GNA), de “fanfaronner” et de n’avoir “aucune autorité sur Tripoli”, dans un entretien à France 24 au lendemain de cet accord.

“Il ne possède pas la ville. Tripoli est la capitale de tous les Libyens, elle n’appartient à personne, il n’a aucune autorité sur Tripoli”, a lancé Khalifa Haftar dans cet entretien diffusé mercredi soir.

M. Sarraj, chef d’un gouvernement reconnu par la communauté internationale, “est un ingénieur. Il doit parler dans le cadre de ses compétences et loin des fanfaronnades inutiles. Il ne possède que le verbe”, a asséné le maréchal Haftar, homme fort de l’Est du pays, à la tête d’une autoproclamée armée nationale libyenne.

Ces paroles jettent une ombre sur l’accord arraché mardi en région parisienne aux deux rivaux par Emmanuel Macron, qui a fait du dossier libyen une de ses priorités. La France n’a cependant pas l’intention de prendre un hypothétique leadership en Libye, a affirmé jeudi à Rome la secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Nathalie Loiseau, après la réunion des deux frères ennemis.

MM. Sarraj et Haftar ont “agréé” – mais pas signé – une déclaration en dix points dans lesquelles ils s’engagent notamment à un cessez-le-feu et à organiser des élections le plus rapidement possible. Cette déclaration de principes reste toutefois très vague et n’engage pas la myriade de milices plus ou moins alliées avec les deux rivaux libyens.

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