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«Le clown est le dernier punk»

Si les Suisses sont réputés pour une chose, c’est plus leur précision ou leur horlogerie que leur humour. Mais quand il s’agit de faire rire, le pays a aussi ses propres traditions, et Martin Zimmermann repousse les limites de la comédie helvétique traditionnelle – comme on peut le voir dans deux spectacles qu’il présente actuellement à Zurich.

Martin ZimmermannLien externe ne s’inscrit pas seulement dans l’honorable lignée des clowns suisses, dont Grock (1880-1959), Dimitri (1935-2016) et Gardi Hutter (né en 1953, et encore très actif) sont les noms les plus connus. Cet interprète, metteur en scène, chorégraphe et scénographe zurichois mélange aussi le drame, la tragédie, l’ironie, la danse et les acrobaties pour transmettre son message dans un langage universel, qui touche les publics de Tokyo à New York. On dit que des célébrités comme Jean Paul Gaultier, Isabelle Huppert ou Jane Birkin font partie de ses fans.

Martin Zimmermann est né en 1970 et a grandi dans une petite ville proche de Zurich, dans une famille de fromagers. Dès l’enfance, il aime imiter les gestes de ceux qui l’entourent, surtout ceux de sa mère. Mais comme il le dit, il lui faudra «20 ans pour devenir un clown». Il apprend d’abord la décoration d’intérieur. Un métier qui lui servira d’ailleurs, puisqu’il conçoit lui-même les décors de ses spectacles.

L’artiste a reçu swissinfo.ch dans son studio, en pleine préparation des spectacles qu’il donne à Zurich, intitulés «Eins Zwei Drei» et «Hallo». L’entretien a principalement porté sur son processus créatif, qui n’a rien de conventionnel.

Avec des modèles comme Charlie Chaplin, Buster Keaton, Marcel Marceau, et Federico Fellini («même s’il réalisait des films, derrière la caméra, je le considère comme un clown»), Zimmermann s’intéresse à la place du clown au 21e siècle. Même s’il est issu de cette tradition, il se place dans un nouveau contexte à chaque spectacle.

«La tradition [du clown] n’a pas changé du tout, mais sa mise en place a changé. C’est pourquoi j’essaye de placer mes personnages dans des environnements modernes, comme le musée futuriste conçu pour ‘Eins Zwei Drei’».

Créativité thérapeutique

Le principal partenaire créatif de Zimmermann est un psychologue, avec qui il commence par discuter de grands thèmes concernant la société, les gens, les sentiments, etc. Il en fait ensuite des sketches, qu’il traduit en langage corporel.

«Je ne suis pas à l’aise avec les mots, avoue-t-il, et je n’apprécie pas particulièrement le monologue comique, qui est devenu très populaire, peut-être parce qu’il marche bien à la télévision». Le clown dispose d’une palette très large, «et ce n’est pas un personnage, le clown est une silhouette avec laquelle on reflète la société». Pour Martin Zimmermann, le clown est «le dernier punk», on l’aime et on le déteste, il nous dérange et il nous pousse hors de notre zone de confort.

(Traduction de l’anglais: Marc-André Miserez)

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