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L’acteur Michel Robin disparaît à 90 ans, emporté par le Covid

L'affiche du film "Les Petites fugues", dans lequel Michel Robin incarnait un vieux valet de ferme, qui découvre le monde sur son vélomoteur. sda-ats

(Keystone-ATS) Le comédien français Michel Robin, inoubliable dans “Les Petites Fuges” d’Yves Yersin, est décédé à l’âge de 90 ans des suites du Covid-19. Cet immense acteur a souvent joué des rôles secondaires au cinéma et à la TV avec certains des plus grands cinéastes français.

“Cette époque nous éprouve cruellement et nous la haïrons de nous priver soudainement des plus fragiles et des meilleurs d’entre nous”, a réagi Eric Ruf, administrateur général de la Comédie française. Il a rappelé la “tendresse” et “l’humour dévastateur” du comédien décédé mercredi.

La liste des cinéastes français pour lesquels Michel Robin a joué est impressionnante. Et Frédéric Maire, directeur de la Cinémathèque suisse, énumère à Keystone-ATS les noms de Costa-Gavras, Claude Chabrol, Jean-Pierre Mocky, Alain Resnais, Francis Veber (dans La Chèvre) ou Jean-Pierre Jeunet (dans Amélie Poulain).

Une grande figure du cinéma suisse

Mais curieusement, deux de ses plus grands rôles en ont fait l’une des plus grandes figures du cinéma suisse, souligne-t-il. D’abord son rôle de Rémy Placet, l’employé de commerce falot de “L’invitation” de Claude Goretta (1972), qui grâce à l’héritage de sa mère devient très riche et invite ses collègues dans la villa cossue qu’il a achetée – et qui va provoquer bien des jalousies.

Goretta fera aussi appel à lui pour des rôles mineurs dans “Pas si méchant que ça” (1974) et “La mort de Mario Ricci” (1983). Et ensuite, le rôle de Pipe, le valet de ferme bien vaudois des “Petites fugues” de Yves Yersin, en 1979.

Selon ce que disait Yves Yersin, explique Frédéric Maire, Michel Robin n’avait pas particulièrement étudié la vie et le travail des paysans. Mais dès qu’il a enfilé son costume, saisi sa fourche et qu’il est monté sur le tas de fumier, il a grommelé, et il est devenu Pipe, immédiatement. “Sa faculté de se transformer, de se couler dans l’identité d’un rôle, était troublante.”

Le comédien au crâne dégarni a d’ailleurs obtenu le Grand prix d’interprétation du festival de Locarno en 1979 pour sa prestation dans “Les Petites Fugues”. Dix ans plus tard, il a remporté le Molière du meilleur second rôle pour “La traversée de l’hiver” de Yasmina Reza.

“Michel a toujours joué les vieux”

Il a souvent incarné des vieillards à la douceur inquiète, notamment dans “Le fabuleux destin d’Amélie Poulain” et dans “Un long dimanche de fiançailles”.

“Michel a toujours joué les vieux, très tôt dans sa carrière. Il concédait il y a peu qu’il avait enfin l’âge du rôle et que cela le contrariait”, se rappelle M. Ruf. “Je ne comprends pas pourquoi on me distribue toujours à contre-emploi dans ces rôles de vieux larbins alors que je suis fait pour jouer le Cid!”, plaisantait-il en 2003 dans Le Monde.

Elève du cours Dullin, l’acteur, né le 13 novembre 1930, à Reims passe six ans dans la troupe de Roger Planchon au Théâtre National Populaire à Villeurbanne (1958-1964). Le comédien à l’énorme carrière théâtrale, de la fin des années 50 jusqu’en 2014, entre à la Comédie-Française en 1997 et y reste jusqu’en 2010.

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