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Migrants: accord entre Merkel et son ministre de l’Intérieur en Allemagne

Après avoir négocié un compromis en matière de politique migratoire, la chancelière allemande Angela Merkel (CDU) et son ministre de l'Intérieur Horst Seehofer (CSU) doivent désormais convaincre le troisième partenaire de leur coalition gouvernementale: le SPD (archives). KEYSTONE/AP Files/MICHAEL SOHN sda-ats

(Keystone-ATS) La chancelière allemande Angela Merkel (CDU) et son ministre de l’Intérieur (CSU), en conflit sur la politique migratoire, ont annoncé lundi soir avoir conclu un compromis. Le SPD, troisième partenaire de la coalition salue l’accord, mais a encore des questions.

“Après des journées difficiles et des tractations rudes aujourd’hui je pense que nous avons trouvé un bon compromis”, a indiqué à la presse la chancelière à l’issue d’une ultime tentative de conciliation avec son ministre. Horst Seehofer exigeait une plus grande fermeté aux frontières face aux demandeurs d’asile déjà enregistrés dans d’autres pays de l’UE.

“Après des négociations intensives (…) nous sommes tombés d’accord” sur des mesures pour réduire l’immigration illégale, a affirmé de son côté le ministre, qui préside le parti bavarois très conservateur CSU. Les pourparlers à Berlin entre pontes des deux partis conservateurs avaient débuté peu avant 18h00, avec près d’une heure de retard.

Dans la foulée de ce compromis, le troisième partenaire de la coalition gouvernementale, le parti social-démocrate SPD, a salué l’accord et le retour à un débat de fond. Il note toutefois que de nombreuses questions doivent encore être abordées. Une nouvelle rencontre a donc été agendée mardi soir.

Centres de transit

“Nous avons un accord clair sur la façon d’empêcher à l’avenir l’immigration illégale aux frontières entre l’Allemagne et l’Autriche”, s’est félicité M. Seehofer, mettant fin au bras de fer qui l’oppose depuis plusieurs semaines à la chancelière sur la politique migratoire.

“Cet accord très solide, qui correspond à mes idées, me permet de continuer à diriger le ministère fédéral de l’Intérieur”, a-t-il ajouté. La veille il avait offert sa démission, faute de pouvoir à ses yeux trouver un compromis avec la chancelière. Il s’était finalement ravisé et avait proposé une dernière tentative de négociation.

Le compromis trouvé prévoit qu’à l’avenir les demandeurs d’asile arrivant en Allemagne, mais déjà enregistrés dans d’autres pays de l’UE, soient conduits dans des “centres de transit” directement à la frontière, et non plus répartis dans des foyers dans l’ensemble du pays. Une fois leurs dossiers examinés, ils seront depuis ces centres – où ils seront tenus de rester – renvoyés dans les pays de l’UE d’où ils viennent. Mais ces retours devront être organisés dans le cadre d’accords administratifs conclus avec les pays concernés.

A l’origine le ministre de l’Intérieur avait demandé le refoulement à la frontière de tous les migrants enregistrés dans un autre pays. Mais Mme Merkel a refusé au nom de la cohésion européenne et pour éviter “un effet domino” sur le continent.

Victoire apparente

En apparence, Mme Merkel a obtenu une victoire en sauvant son gouvernement et se maintenant au pouvoir. La fronde lancée contre elle par le parti bavarois CSU la visait aussi elle personnellement, de nombreux médias y voyant une tentative de “putsch” de son aile droite.

Mais sur le fond, elle a dû céder beaucoup de terrain en acceptant de fortes restrictions à l’immigration. Le compromis trouvé avec M. Seehofer sur la politique migratoire marque la fin de politique migratoire généreuse inaugurée en 2015 par la chancelière. L’un des proches du ministre de l’Intérieur, Markus Blume, a d’ailleurs parlé d’un “tournant de la politique d’asile” allemande.

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