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Nef s’en va, Schmid reste

Keystone

Après avoir entendu le conseiller fédéral et le chef démissionnaire de l'armée, les deux commissions parlementaires (CPS) de la politique de sécurité sont satisfaites de la proposition de Roland Nef de quitter ses fonctions mais n'ont pas demandé la tête de Samuel Schmid.

Lors de la séance extraordinaire de vendredi, il n’y a pas eu de demande de retrait de M. Schmid au sein de la commission de politique de sécurité (CPS) des Etats (sénat).

Son président Hans Altherr (radical, droite) a par ailleurs estimé que ce n’est pas son travail de faire la lumière sur les reproches contre Roland Nef, en rappelant qu’il avait fait du bon travail comme chef de l’armée.

Moins clémente, la CPS du Conseil national (chambre du peuple) n’est pas satisfaite des explications du ministre de la Défense, et surtout des lacunes qui ont entouré la nomination de Roland Nef.

Mais la proposition, soutenue par l’Union démocratique du centre (UDC, droite nationaliste) et les Verts, de réclamer la démission du conseiller fédéral a été rejetée par 12 voix contre 8 et 4 abstentions.

Enquêtes tous azimuts

Le Parlement va pour sa part continuer de suivre l’affaire. Par 23 voix contre 1, la CPS du National a demandé à celle de gestion de faire la lumière sur la nomination de Roland Nef. Elle lui réclame aussi une enquête générale sur le Département fédéral de la défense, en passant notamment à la loupe l’état de l’armée et la sélection des cadres.

Les commissions des deux Chambres n’ont pas discuté de la problématique des indemnités à verser. «Nous ne nous mêlons pas des discussions menées entre le Conseil fédéral et le chef de l’armée» sur le départ, a dit Hans Altherr.

Partis unanimes

Les principaux partis politiques sont unanimes: Roland Nef n’avait pas d’autre choix que de démissionner. Ce départ est une «conséquence logique d’un comportement inadmissible pour un chef de l’armée», selon les termes du président du Parti démocrate-chrétien (PDC) Christophe Darbellay.

Mais l’UDC, ainsi que les Verts, continuent d’exiger la démission de Samuel Schmid.

La Société suisse des officiers (SSO) juge également que Roland Nef n’aurait plus pu travailler dans des conditions normales. Son départ accélère la procédure de succession. Elle «invite fermement le Conseil fédéral à appliquer un processus de sélection à la hauteur des exigences» de ce poste.

Modalités de contrôle

Les partis politiques attendent également du gouvernement qu’il trouve rapidement un nouveau chef de l’armée à la hauteur de la tâche. Une personne qui a des capacités de commandement et surtout qui continue le travail actuel de modernisation de l’armée, pour le PS. Un chef qui devra «assurer la crédibilité de l’armée», pour le PRD.

De son côté, Samuel Schmid a promis de passer au crible les modalités de contrôle de ses hauts cadres. Reste à déterminer si la faille est réglementaire ou humaine. Pour l’instant, le chef suppléant de l’armée, le divisionnaire André Blattmann, assume ad intérim la conduite de l’armée et du domaine Défense.

Enfin, au cours d’une conférence téléphonique, le Conseil fédéral a pris acte venredi de l’offre de Roland Nef. Il traitera cette question au cours de sa séance de rentrée le 20 août prochain. Il réglera par la même occasion les modalités de son départ.

swissinfo et les agences

Le 8 juin 2007, sur proposition du ministre Samuel Schmid, le gouvernement nomme Roland Nef chef de l’armée.

Le commandant de corps fait l’objet d’une enquête pénale, sur plainte pour harcèlement sexuel de son ex-compagne en septembre 2006. L’enquête a été classée à l’automne 2007 après un accord à l’amiable.

Mis au courant, Samuel Schmid n’a rien dit à ses collègues, Roland Nef lui ayant assuré que l’affaire serait réglée avant son entrée en fonctions, le 1er janvier 2008.

Le 17 juillet 2008, Nef confirme des informations diffusées par les médias selon lesquelles il a versé une indemnité à son ex-amie. Le lendemain, Samuel Schmid lui réaffirme son soutien.

Le 20 juillet, la «SonntagsZeitung» publie des extraits de procès verbaux de la police zurichoise.

Le 21 juillet, Samuel Schmid suspend Roland Nef jusqu’au 20 août, date de la prochaine séance du gouvernement.

Le 25, le chef de l’armée propose de cessser ses relations de travail sur un commun accord. Le gouvernement doit fixer ses indemnités.

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