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Olé, l’Espagne décroche son premier titre mondial

Andres Iniesta, auteur du but décisif en prolongation, est le nouveau héros espagnol. Keystone

Victorieuse 1-0 des Pays-Bas grâce à un but d’Iniesta en prolongation, l’Espagne est sacrée pour la première fois championne du monde de football. La sélection néerlandaise échoue pour la troisième fois en finale de la compétition.

L’Espagne est devenue dimanche à Johannesburg la huitième nation à inscrire son nom au palmarès de la Coupe du monde de football, la première disputée sur sol africain. Et pour la première fois en quatre-vingts ans d’existence de la compétition, une nation européenne l’emporte en dehors du Vieux-Continent. Est-ce l’optique pour chacune des deux équipes de marquer l’histoire du football qui a rendu cette finale de Coupe du monde si peu attrayante et crispée?

Bien sûr, Robben – deux fois -, Villa ou Cesc Fabregas ont eu l’occasion d’inscrire leur nom dans la légende. Avant qu’Iniesta ne s’en charge à la 116e minute de la prolongation. Mais tout au long de la rencontre, malgré ces quelques occasions nettes, jamais les deux formations n’ont réussi à se départir de la pression, à développer un football attrayant et à enflammer la belle brochette de sommités mondiales présentes au stade Soccer City de Johannesburg.

On pourra certes décerner un beau bouquet de fleurs à Iker Casillas et à Marten Stekelenburg, qui ont à plus d’une reprise maintenu leur équipe à flot. Mais les autres acteurs de la rencontre ont davantage brillé par leur combativité et leur âpreté dans les duels – la palme revenant aux Néerlandais – qu’à leur capacité à créer du génie balle au pied.

Efficace et disciplinée à défaut d’être brillante dans ce Mondial, la sélection néerlandaise a passé davantage de temps à briser le jeu espagnol qu’à construire le sien. Pourtant, des chances de conclure, elle en a eu. Robben se souviendra longtemps de son duel perdu face à Casillas à la 60e minute.

L’Espagne a quant à elle évolué dans son registre habituel, monopolisant le ballon, tout en peinant à faire la différence dans les trente derniers mètres. Mais patiente, comme durant toute cette Coupe du monde, elle a finalement atteint la libération à moins de cinq minutes de l’échéance des tirs au but.

L’Espagne débute bien

Tout avait bien commencé pour le futur champion du monde. Il y a d’abord eu, sur un coup-franc d’Iniesta, la tête rageuse de Sergio Ramos (5e), qui a tenté d’imiter Carles Puyol, auteur du but décisif en demi-finale. Puis une infiltration (11e) dans la surface de réparation du même Ramos, dont la frappe a été détournée par Heitinga en corner. Et sur le coup de coin, Villa a tenté une reprise audacieuse qui a atterri dans le petit filet de Stekelenburg.

Après un quart d’heure de jeu, les Oranje sont enfin entrés dans le match en se créant leur première chance de but sur un coup-franc de Sneijder (18e). Mais c’est surtout par leur volonté de briser le jeu espagnol que les Néerlandais se sont manifestés.

Davantage présents physiquement, les Oranje cassent le rythme des Espagnols. Les débats se durcissent encore un peu plus passée la 20e minute de jeu. Van Bommel – tacle par derrière – et De Jong – coup de pied façon karaté dans la poitrine – voient ainsi se faire présenter un carton jaune par l’arbitre anglais Howard Webb, plutôt clément en la circonstance.

Les Pays-Bas au corps à corps

Hormis une frappe de Robben dans le temps additionnel, la première mi-temps se termine sans grands coups d’éclat. Et la deuxième période débute exactement sous les mêmes auspices. L’Espagne se montre à nouveau la plus entreprenante. A la 48e, Puyol s’élève plus haut que tout le monde, détourne de la tête, mais Iniesta rate la reprise.

A la 59e, Heitinga, sur un long coup-franc de Sneijder, place une tête qui passe non loin du montant gauche de Casillas. Une petite mise en bouche pour les Oranje, qui se décident enfin à sortir du bois. Deux minutes plus tard, lancé dans la profondeur par Sneijder, Robben se retrouve tout seul face à Casillas, qui détourne le tir de l’attaquant néerlandais du bout des crampons. «San Iker» réalise l’arrêt du Mondial.

Bientôt ce sera un à un dans les énormes opportunités manquées. A la 70e, sur un centre de Jesus Navas, Villa, en embuscade au deuxième poteau, a le but au bout du soulier, mais Heitinga réussit à empêcher «Jabulani» de franchir la ligne.

L’Espagne presse, mais à la 84e, Robben dispose d’une nouvelle occasion de faire exploser de joie la marée orange. Casillas sort parfaitement dans les pieds de l’attaquant batave. Ce sera la dernière occasion franche avant la fin du temps réglementaire.

Iniesta, ce héros

Pour la sixième fois de l’histoire, une finale se jouera donc dans les prolongations. D’entrée, l’Espagne se montre à nouveau la plus entreprenante et se crée plusieurs occasions. Cesc Fabregas, seul face à Stekelenburg (95e), Iniesta en manque de vivacité face à Van Bronckhorst (98e), Navas qui voit son tir dévié par Van Bronckhorst (101e), ou encore l’accélération de Fabregas dont le tir passe à côté (104e): on sent la «Furia roja» de plus en plus proche d’inscrire le but du k-o.

A la 109e, ce qui devait arriver arrive. A force de multiplier les fautes, les Pays-Bas voient rouge. C’est Heitinga qui doit quitter le terrain pour avoir accroché Iniesta à vingt-cinq mètres de son but.

Ce même homme, Andres Iniesta, devient le héros du peuple ibère à la 116e. Servi parfaitement par Fabregas, le milieu du FC Barcelone prend tout son temps avant de tromper Stekelenburg d’un tir croisé imparable. Cinq minutes plus tard, l’Espagne est championne du monde, dans un épanchement de bonheur collectif de circonstance.

Une défense de fer

Ce titre est amplement mérité pour l’Espagne. En l’emportant à chaque fois un but à zéro lors des matches à élimination directe, la «Furia roja» a prouvé qu’en plus d’être brillante, elle savait également défendre à merveille. Selon un indice de la FIFA mêlant efficacité sur chaque passe, tacle et geste technique, les meilleurs joueurs du tournoi sont dans l’ordre: Sergio Ramos, Puyol, Piqué et Capdevila, soit les quatre défenseurs de la sélection espagnole.

Durant toute la compétition, l’Espagne n’a ainsi encaissé que deux buts. Le premier, face à l’équipe de Suisse, contre le cours du jeu et au terme d’une partie de billard. Le second, face au Chili, sur une frappe détournée. Et quand ses défenseurs étaient pris à défaut, l’Espagne a pu compter sur son capitaine Iker Casillas, auteur d’arrêts décisifs lors de pratiquement chaque match éliminatoire. Comme l’a bien résumé dans un joli jeu de mots l’AFP, l’Espagne, c’est «toque» fort et défense d’entrer.

Autre vertu que l’Espagne a dû mettre en œuvre durant ce Mondial: la patience. Car hormis face au Chili, la «furia foja» s’est à chaque fois heurté à des équipes qui n’avaient qu’une obstination en tête: le bétonnage défensif. Mais avec abnégation, en baladant leurs adversaires à gauche et à droite, sans jamais céder sur leurs principes de jeu, Iniesta, Xavi & Cie ont finalement toujours fini par trouver l’ouverture.

Dimanche, l’Espagne a décroché le premier titre de champion du monde de son histoire et rejoint ainsi le cercle fermé des équipes – en compagnie de l’Allemagne et de la France – qui ont remporté consécutivement un Eurofoot et une Coupe du monde. Les Pays-Bas, eux, trébuchent pour la troisième fois après 1974 et 1978 en finale de la plus prestigieuse compétition de football. Rendez-vous dans quatre ans au Brésil pour une revanche?

Samuel Jaberg, swissinfo.ch

PAYS-BAS – ESPAGNE 0-1 ap (0-0 0-0)
116e Iniesta 0-1.

Soccer City: 84 490 spectateurs. Arbitre: Webb (Ang).

Pays-Bas: Stekelenburg; van der Wiel, Heitinga, Mathijsen, van Bronckhorst (105e Braafheid); Van Bommel, de Jong (99e van der Vaart); Robben, Sneijder, Kuyt (71e Elia); van Persie.

Espagne: Casillas; Ramos, Piqué, Puyol, Capdevila; Busquets, Xabi Alonso (87e Fabregas); Pedro (60e Navas), Xavi, Iniesta; Villa (106e Torres).

Notes: 109e expulsion de Heitinga (2e avertissement); avertissements: 15e van Persie. 17e Puyol. 22e Van Bommel. 23e Ramos. 28e de Jong. 54e van Bronckhorst. 57e Heitinga. 67e Capdevila. 84e Robben. 111

1930: Uruguay
1934: Italie
1938: Italie
1950: Uruguay
1954: Allemagne (RFA)
1958: Brésil
1962: Brésil
1966: Angleterre
1970: Brésil
1974: Allemagne (RFA)
1978: Argentine
1982: Italie
1986: Argentine
1990: Allemagne (RFA)
1994: Brésil
1998: France
2002: Brésil
2006: Italie
2010: Espagne

En prélude à cette 19e finale de l’histoire, l’Afrique du Sud a célébré une dernière fois avec fierté la tenue de ce premier Mondial sur sol africain. Moment fort de la cérémonie de clôture, la présence de Nelson Mandela, héros de la lutte anti-apartheid âgé de bientôt 92 ans.

Devant une foule scandant «Madiba, Madiba», son nom tribal, le premier président noir d’Afrique du Sud a fait un petit tour de terrain à l’arrière d’une voiturette, tout sourire, en saluant la foule présente.

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